décembre 28, 2025

Top 300 Albums 2025 – Partie 3: de 100 à 01

Vous êtes encore là ? Bravo à vous et merci pour votre fidélité, une fidélité récompensée par la liste des 100 meilleurs de ces 300 meilleurs albums de l’année, une liste extrêmement solide comme vous le verrez. Je vous souhaite de bien digérer de ce réveillon à rallonge, ainsi qu’une merveilleuse année 2026. Sur le plan musical, cette dernière s’annonce à nouveau très riche avec déjà plusieurs sorties très attendues. On se retrouve dans quelques mois.

#100 Alice CooperThe Revenge of Alice Cooper (Ear Music) (USA)

Pour la première fois depuis Muscle of Love, Alice Cooper retrouve sa formation d’origine au presque complet (presque car Glen Buxton est décédé). On retrouve les sonorités des 70s avec un hard rock classieux à la production léchée et aux compositions de très bonne tenue. 50 ans après, le Alice Cooper band canal historique n’a pas pris une ride et continue de faire des merveilles.

#99 Pogo Car Crash ControlNegative Skills (Panenka Music) (France)

Sous cette pochette aussi belle que fascinante se cache le nouvel album de Pogo Car Crash Control, groupe qui a su particulièrement bien fusionner le punk, le grunge et le noise rock. Ce nouvel album ne déroge pas à la règle même si on a quelques pistes plus calmes. Franchement nihiliste dans les paroles en anglais et en français, Negative Skills est également, sur le plan musical, l’album le plus abouti et le plus varié d’un groupe qui, sortie après sortie, s’impose comme un nouveau cador de la scène française, statut franchement mérité.

#98 PanzerballettÜbercode Œuvre (Autoproduction) (Allemagne)

Panzerballett est un collectif de prog/jazz-metal ayant notamment dans ses rangs un ancien batteur d’Obscura. Pour son huitième album, le groupe reprend des pièces de musique classique à sa sauce avec des rythmes parfois décalés, du flirt avec le free jazz, des parties de batterie et de basse de très haut niveau et une impression de presque cacophonie maîtrisée. Pas un album pour tout le monde mais très bon quand même.

#97 AvatariumBetween You, God, The Devil and The Dead (AFM Records) (Suède)

Depuis sa formation en 2012, Avatarium nous gratifie en moyenne tous les deux ans d’un album au nom hyper chiadé, et c’est encore le cas avec ce sixième album. On ne change pas une recette qui gagne et à nouveau, Avatarium nous gratifie de riffs sabbatho-candlemassiens, de solis rock, d’une jolie saturation et surtout de la magnifique voix de Jennie-Ann Smith, toute en élégance, en chaleur et en puissance. Avatarium ne sort pas vraiment de sa zone de confort mais nous offre encore un bijou de doom metal/rock d’une classe internationale.

#96 Fallen LilliesCran (Autoproduction) (France)

Après un No Master For Lilly très convaincant et plusieurs prestations scéniques fort solides, (notamment au Hellfest et au Xtreme Fest où j’ai eu la chance de les voir), Fallen Lillies revient avec un deuxième album, cette fois produit par Fred Duquesne de Mass Hysteria et de Watcha. On est toujours, musicalement, dans un registre hard furieusement rock n’roll biberonné à Motörhead et Crucified Barbara. Cran inaugure une nouveauté pour le groupe : le chant d’Hélène uniquement dans la langue de Molière. Et ça va à merveille au quatuor qui peut faire entendre plus vite et plus fort son message au public francophone, un message féministe et humaniste fort et intelligent sur le body shaming, le consentement, la politique ou le droit à la fin de vie. Sans concession et cohérent, entre hard rock et punk, solide dans les compositions, la technique comme les paroles, Cran fait plus que confirmer les espoirs placés en ce quatuor, c’est un album qui peut toiser du regard les classiques français du genre.

#95 Primitive ManObservance (Relapse Records) (USA)

Imaginez-vous. Vous vous levez à 5h du matin dans un appartement qui pue la pisse de chat et où le chat vieillissant et les cafards sont votre seule compagnie. Il fait 10 degrés et il flotte dru, et vous faites une heure et demi de route merdique pour aller au taf, une route plein d’ornières et une voiture pas étanche avec un pare-brise pété. Au taf, vous vous emmerdez, le seul WC disponible est en face de votre directeur tyrannique, vous avez la chiasse, il n’y a plus de PQ. Bref, votre vie, c’est pas hyper funky. Et bien ça, puissance 5, c’est la chanson la plus joyeuse de ce quatrième album de Primitive Man. 7 titres, 68 minutes, 4 morceaux qui dépassent les 10 minutes et une ambiance générale qui fait passer le film Thanatomorphose pour une romcom légère et Possum pour un film du Muppet Show. 68 minutes entre drone-doom, sludge, crust et un chant lorgnant vers Napalm Death. On se fait peler la tronche à la ponceuse, c’est hyper plombant, gloomy à souhait, glauque, mais ça fonctionne à merveille.

#94 AkiaveLInVictus (Verycords) (France)

Mais qui peut stopper AkiaveL? En 7 ans, les azuréens sortent leur 4ème album après une trilogie d’excellente facture et un changement de crémerie pour Verycords. Dernier album avec Butch au bûcheronnage de baguettes, InVictus propose une ambiance toujours aussi délicieusement malsaine, des riffs de boucher de Chris ou encore les vocalises exceptionnelles d’une Auré devenue en peu de temps la papesse des growleuses françaises voire européennes. Une Auré qui growle, éructe, chante, susurre toujours avec une aisance qui n’a d’égale que son savoir-faire et son charisme. Groupe qui se bonifie à chaque sortie et qui arrive à maintenir un certain niveau d’exigence, AkiaveL nous sort une nouvelle bombinette death destinée à passer les ruches à cérumen au lance-flammes.

#93 Cradle of FilthThe Screaming of the Valkyries (Napalm Records) (Angleterre)

Cradle of Filth livre un 16ème album, 4 ans après l’excellent Existence is Futile. On retrouve ce qui fait le sel des Cradle of Filth, à savoir des compositions superbes, une production léchée, des musiciens chevronnés (avec cette fois, l’ex-Æther Realm Donny Burbage venu remplacer Rich Shaw en seconde guitare), un duo de voix entre Dani Filth et son timbre particulier et une chanteuse-claviériste. Ce dernier poste est ici campé par Zoe Marie Federoff, élève de Floor Jansen à la voix éthérée de toute beauté (et dont ce sera hélas le dernier album avec Cradle). Bref, tous les ingrédients d’un très bon Cradle of Filth sont réunis avec, comme toujours, cette ambiance particulière et ce côté théâtral qui font de Cradle un groupe unique. Il manquerait juste un petit grain de folie, The Screaming of the Valkyries étant un brin prévisible.

#92 This Gift is a CurseHeir (Season of Mist) (Suède)

Six ans après leur précédente ogive, This Gift is Curse largue une nouvelle bombe atomique avec leur hardcore chaotique et bourrin doublé d’un black metal des plus véhéments. This Gift is a Curse propose de nouveau une musique qui se déguste avec des grandes rasades de plomb fondu et qui donne la sensation de croquer ses propres dents. Pour les amateurs de grosses gueulantes couplées de tabassages ultra-violents et de riffs à assommer un buffle, Heir est un nouveau bijou du genre.

#91 JordEmellan träden (Hammerheart Records) (Suède)

Depuis que j’ai connu Jord en 2022 avec le deuxième album Måne, le tout-seul band devenu trio ne m’a pas déçu. Et c’est toujours le cas avec ce quatrième album. Jord fait toujours dans ce blackgaze tout en finesse et en émotion pure en continuant de nous transporter à chaque fois à coups de mélodies mélancoliques et habitées.

#90 Kardashev Alunea (Metal Blade Records) (USA)

Ils avaient impressionné avec Limited Rite, Kardashev revient trois ans après pour un troisième album. Encore une fois, le deathgaze du groupe fonctionne à merveille entre death progressif, élans deathcore et plans contemplatifs. Kardashev a bien peaufiné sa recette et ce mélange donne une dimension toute particulière en jouant un contraste d’émotions à fleur de peau.

#89 Wytch HazelV : Lamentations (Bad Omens Records) (Angleterre)

Dans le paysage revival heavy, Wytch Hazel choisit de dénoter un peu. Ici, pas de nostalgie des 80s et de l’insouciance, Wytch Hazel préfère renouer avec l’aspect mystique des années 70. On y retrouve une musique immersive où les guitares sèches ont un peu plus d’importance. L’ambiance est plus à la spiritualité, mais aussi des thématiques comme le christianisme ou la chevalerie (ce qui étonnerait les pignoufs qui ont toujours limité le metal au satanisme).

#88 KalaveraztekahNikan Axkan (Concreto Records) (Mexique)

On dit qu’il faut pas juger un livre à sa couverture. Ici, la pochette vous donne un aperçu des thématiques abordées par Kalaveraztekah, groupe mexicain qui propose du pinche folk death tournant autour de la cosmogonie aztèque, de la culture meso-américaine et du folklore mexicain. Et musicalement, ça colle parfaitement aux thématiques avec ce gros death progressif qui valorise des instruments folkloriques avec des petites parenthèses suspendues rappelant les belles heures de Sepultura. Même si le nom du groupe n’aidera pas à une certaine célébrité, c’est dommage tant Nikan Axkan propose de belles choses.

#87 The Laissez FairsCryptic Numbers (RUM BAR Records) (USA)

Deux ans après l’excellent Singing in Your Head, The Laissez Fairs reviennent avec un huitième album. On est toujours bloqué dans une faille entre 60’s et 70’s avec des mods psychédéliques, les morceaux semblent toujours composés sous buvard magique mais c’est à la fois frais, vintage, parfaitement maîtrisé et hyper immersif. On sent que les mecs sont de vrais amoureux du rock d’une certaine époque, c’est très créatif et même jouissif.

#86 HexvesselNocturne (Prophecy Productions) (Finlande)

Deux ans après Polar Veil, Hexvessel nous offre sa suite directe. La pochette de Nocturne est dans le même registre en plus lugubre, et surtout Hexvessel semble continuer sa mue après un album précédent qui flirtait avec le black metal. Nocturne ne fait pas que flirter mais copule carrément, entre les blast beats, les riffs froids et agressifs et les vocalises d’un Matt McNerney totalement habité et à l’aise dans son exercice. Balade dans les forêts finlandaises by night et à poil, Nocturne est l’œuvre totalement maîtrisée et assumée d’un groupe qui n’a pas envie de se cantonner à un seul style musical.

#85 PërlArchitecture du Vertige (Terre Ferme / Klonosphere) (France)

Superbe découverte que Përl qui sort son quatrième album. Ici le post-metal, comme chez Maudits, se fait protéiforme, notamment via le chant d’Aline Boussaroque. La dame chante, growle, hurle et même rappe et chaque registre lui va à merveille. Chaque titre est un voyage en première classe, chaque voyage est une merveille d’introspection. Musicalement, c’est superbe, riche, passionnant et foisonnant d’idées (sans compter une magnifique cover de Sólstafir, c’est entre post-rock, post-metal et post-black metal, en dans les scènes post-, c’est un immanquable.

#84 King WitchIII (Listenable Records) (Écosse)

Ça faisait un bout de temps que King Witch n’était pas venu flatter nos esgourdes avec leur heavy/doom de classe mondiale. 5 ans après le très bon Body of Light, King Witch revient avec un album au moins aussi bon. Des riffs écrasants mais jouissifs, de superbes solis mais surtout la voix puissante et chaleureuse de Laura Donnelly qui donne une profondeur et une élégance supplémentaires à l’ensemble. King Witch a beau ne pas être un gros groupe, j’attends chacune de ses sorties avec enthousiasme et encore une fois, je suis pas déçu.

#83 NoctambulistNoctambulist II : De Droom (The Hands Melt) (Pays-Bas)

Sous cette photo faisant penser à l’émission de Valérie Damidot se cache le deuxième album de Noctambulist et successeur de Elegieën. Le quintette de Tilburg revient avec un nouvel opus, toujours dans ce registre post-black dépressif, mélancolique et contemplatif, avec une alternance black furieux, hurlé et incandescent/post-black ambient calme et reposant. Une dichotomie qui marche ici à merveille grâce à la polyvalence des musiciens, au chant passablement habité de Sam C.A. et J.D. Kaye et à une ambiance superbement travaillée. L’attente en valait largement la peine.

#82 Curbside A Lifetime to Outgrow (Thousand Islands Records) (Canada)

12 ans après leur premier album, les montréalais Curbside sont de retour. Amateurs de skate-punk rapide, batteur hommes-poulpes, de mélodies immédiates, d’hymnes en puissance, cet album est fait pour vous. On peut comparer Curbside à Frenzal Rhomb pour l’efficacité des morceaux, on peut aussi dire que les mecs ont du Belvedere (voire, pourquoi pas, du NOFX) dans les bras, sans trembler des genoux.

#81 Viagra BoysViagr Aboys (Shrimptech Enterprises) (Suède)

Quatrième album en dix ans pour Viagra Boys, le groupe montant de la scène post-punk. A l’image de sa pochette pour laquelle on se demande ce que la graphiste a pris comme produit, Viagr Aboys est un album plutôt singulier, parfois barré et proposant des morceaux hyper énergiques et galvanisants, bien garage par moments. Malgré une ou deux pistes dispensables, c’est une bouffée d’air frais.

#80 Killing DaisiesEchoes of Tomorrow (Thousand Islands Records) (Canada)

Bercé par le skate-punk des 90s et le côté bien riffu du punk moderne, le quintette québécois Killing Daisies livre son premier album. Et quel album! Dès les premières notes, tout y est. Les riffs sont bien pesants, la basse fait un énorme taf, la batterie tabasse comme il faut et la voix chaleureuse de Nadia Guillemette emporte le tout. Le résultat est une enfilade de tubes en puissance avec en plus le featuring de Mike LeDonne de Chaser pour un adoubement en bonne et due forme. Dès son premier album, Killing Daisies tient la dragée haute aux cadors du genre et s’impose comme un des groupes qu’on regrettera de ne pas voir sur scène cet été en France.

#79 Winona FighterMy Apologies to the Chef (Rise Records) (USA)

Winona Fighter n’est pas qu’un groupe à nom cool (un plateau Jodie Faster, Winona Fighter et Nicolas Cage Fighter pourrait être très drôle), c’est un trio emmené par Chloé Grace Kinnon et qui mêle rock alternatif 90s, punk mélodique, et punk classique. Avec 14 titres pour 35 minutes, My Apologies to the Chef est un premier album qui rentre dans les canons du genre, mais un premier album de très haute tenue avec des mélodies hyper efficaces et entêtantes, un album riche et varié, tour à tour mélodique, énervé, abrasif, drôle et engagé où Miss Kinon offre une palette vocale intéressante, autant à l’aise dans le chant punk/rock classique que dans le scream et déborde d’une énergie communicative.

#78 The Fall of Mother EarthFragments of Dawn (Autoproduction) (France)

Troisième album pour le tout-seul band breton The Fall of Mother Earth qui possède comme points communs avec All We Leave Behind de faire du doom death, d’être indépendant, d’être français et d’avoir un nom cool. Nonobstant, le projet du rennais Matthieu B. est à des milliers de kilomètres de ce que propose le trio de death-doomeux grenoblois. Ici, c’est superbement produit et exécuté, pour de l’indé, c’est bluffant et le growl est bien puissant et chaleureux. Depuis sa création, The Fall of Mother Earth a fait un sacré bout de chemin et sort ici un album de très bonne qualité.

#77 Alien WeaponryTe Rā (Napalm Records) (Nouvelle-Zélande)

Groupe de jeunes prodiges propulsé comme fer de lance de la scène néo-zélandaise avant même le premier album qui a mis tout le monde d’accord, Alien Weaponry offre un successeur à l’excellent Tangaroa. Pour son troisième effort, Alien Weaponry a affiné son propos avec un groove metal plus simple et plus direct. Le bassiste Türanga Porowini Morgan-Edmonds semble bien intégré au line-up. Le chant en anglais a été amélioré mais comme toujours, ce sont les morceaux chantés en Te Reo Maori qui sont les plus mémorables tant la langue de leurs ancêtres semble les transcender. Les frères De Jong continuent d’impressionner par la maturité de leur jeu et de leur chant. Si la première partie de Te Rā s’avère très sympathique, c’est plus sa seconde partie qui défonce et aligne les morceaux de bravoure parmi lesquels un superbe featuring de Randy Blythe. Avec Te Rā, Alien Weaponry sort un album qui plaira à une audience internationale plus large tout en restant le fier porte-parole d’une culture maori et des cultures « indigènes » en lutte face à un fascisme grandissant qui voudrait les invisibiliser.

#76 EnthronedAshspawn (Season of Mist) (Belgique)

Je n’avais écouté qu’un album de black metal belge jusque-là (Raüm). L’erreur est réparée et pas avec n’importe quel groupe puisque Enthroned est presque aussi vieux que certains géants de la scène scandinave. 13ème album pour le groupe au line-up tellement instable qu’il n’y a plus aucun musicien de la formation originelle. Ça n’empêche pas Archspawn de débarquer en bulldozer et tout dévaster sur son passage. Il y a du Behemoth dans ce black metal d’une noirceur absolue et hyper violent. Enthroned débarque à trois membres et retourne tout à coup d’orchestrations démoniaques et d’envie de fracasser son prochain à grands coups d’encensoir dans la tronche.

#75 AephanemerUtopie (Napalm Records) (France)

En 10 ans, Aephanemer s’est fait un petit nom au-delà de la Toulousie, signé un deal chez Napalm et sorti 4 albums, toujours en mettant très haut le curseur de la qualité. Le petit dernier se sera fait attendre, le temps d’un petit resserrement de line-up, et, vu le résultat, de bien caler les parties musicales. Car le death symphonique d’Aephanemer est encore monté d’un cran avec des orchestrations spectaculaires, des compositions racées mais aussi une évolution dans le chant, cette fois-ci exclusivement en français, sans un seul passage en chant clair et tendant plus vers le black metal. Avec Utopie, album dont la pièce finale (Utopie) se découpe en deux morceaux (d’une durée totale de près de 18 minutes), Aephanemer signe un album ambitieux, son plus impressionnant à ce jour.

#74 VolbeatGod of Angels Trust (Vertigo / Universal Music Group) (Danemark)

Quatre ans après l’excellent Servant of the Mind, Volbeat revient avec un 10ème album. C’est toujours aussi riche et généreux, le mélange heavy metal/rockabilly fonctionne toujours à merveille et donne beaucoup de prestance à l’ensemble, on sent que quel que soit le registre, les mecs s’éclatent et peuvent à peu près tout jouer avec la même aisance, ça peut paraître simple mais, en réussissant à la fois à être technique et instinctif toujours avec une production de bonne tenue, Volbeat bluffe par le boulot abattu.

#73 In The Woods…Otra (Prophecy Records) (Norvège)

Vétéran de la scène black norvégienne, In The Woods a délaissé le pagan black de ses débuts pour un mélange black progressif/gothic. Sur Otra, on retrouve quelques éléments de la grammaire black disséminés çà et là, avec aussi des plages plus posées, des alternances chant clair/growl et des ambiances plus prenantes. Otra est un album riche par la variété de ses compositions et parfaitement maîtrisé.

#72 RevocationNew Gods, New Masters (Metal Blade Records) (USA)

On a beau se préparer à quelque chose qui enterre une grosse partie du genre, chaque sortie de Revocation impressionne par la qualité de la production, la précision chirurgicale d’exécution ou encore la beauté des compositions. Avec des invités comme les délicats Travis Ryan (Cattle Decapitation), Jonny Davy (Job For a Cowboy) et Luc Lemay (Gorguts), on sait qu’on va pas rire. Mais le plus impressionnant reste les riffs à l’architecture complexe exécutés avec une précision chirurgicale, les plans de basse bien lourds et la batterie aux patterns finement ciselés. Comme à son habitude, Revocation réussit à concilier la technique, l’esthétique, la mélodie tout en évitant l’esbrouffe à la manière d’un architecte qui proposerait des projets audacieux et d’une beauté folle tout en gardant une certaine sobriété, et c’est rare.

#71 Dead PioneersPo$t American (Hassle Records) (USA)

Dans l’Amérique fasciste de Trump et son parti reich-publiKKKain, l’existence de groupes comme Dead Pioneers fait office d’acte de résistance salutaire. Emmené par le chanteur et artiste Gregg Deal originaire de la tribu Pyramid Lake Paiute, Dead Pioneers mêle punk bien riffu aux riffs saturés et spoken word à la Gil Scott Heron ou The Last Poets. Politiquement hyper engagés, les textes nous rappellent la grande heure de Rage Against The Machine. Troisième album du quintette, Po$t America est un énorme taquet à la gueule d’un Oncle Sam devenu de plus en plus flippant.

#70 Dropkick MurphysFor the People (Play It Again Sam) (USA)

Après deux albums acoustiques dédiés à Woody Gurthrie, les Dropkick Murphys reviennent aux affaires, toujours sans Al Barr à temps plein (ce dernier n’est présent que sur un featuring). For the People est un album ancré dans son époque, un album pour la classe ouvrière américaine, celle qui n’a pas voté Trump comme celle qui a été trahie par ce fasciste orange. Remontée, la troupe de Ken Casey ne fait d’ailleurs pas un album 100% celtic punk, le street punk des débuts faisant un petit retour sur certains titres. For the People est un album équilibré entre les deux époques du groupe et que les bostoniens nous fassent vibrer la fibre irlandaise ou se montrent plus rugueux, For the People est riche en tubes immédiats, voire en hymnes.

#69 KargMarodeur (AOP Records) (Autriche)

C’est un maronnier pour Michael Kogler alias JJ de Harakiri For the Sky (à ne pas confondre avec JJG de Harakiri Pour Mes Oreilles). Quand sort un nouvel album de Harakiri For the Sky, la même année ou quelques mois après, sort un nouvel album de Karg, son groupe d’origine. Et c’est ainsi qu’après l’excellent Scorched Earth sort Marodeur, le neuvième album de Karg, encore une fois entièrement chanté dans la langue de Goethe. Encore une fois, le choix des invités est intéressant avec Marko Kolac (Svntarer) et Perchta qui nous offrent de superbes vocalises ou encore Klara Bachmair de Firtan qui gratifie de magnifiques lignes de violon. Porté par le chant habité de Kogler et des compositions plutôt solides, Marauder est un album inspiré, toujours aussi peu joyeux (en même temps, vu le CV de Kogler, ça va pas faire tourner des serviettes dans les mariages) et aussi viscéral.

#68 Æl-FierlenAll Is Far Away  (Autoproduction) (Angleterre)

4 titres pour 33 minutes, entre le EP et le LP, le premier album d’Æl-Fierlen s’annonce copieux, il est finalement pantagruélique. 4 titres, 4 ambiances entre folk pagan, shoegaze, blackgaze et même un morceau qui plonge l’auditeur en plein chaos du black metal scandinave des 90s avec tremolo pickings ultra agressifs, batterie blastée à fond et growl venu du fond des âges (un bijou ce morceau).

Prenant le soin de ne pas se contenter de singer ses influences mais de les assimiler à leur sauce avec un souci de cohérence, Æl-Fierlen nous offre avec All is Far Away un voyage musical où on est ballotté suivant les humeurs de la mer.

#67 The Inspector CluzoLess Is More (Fuck The Bass Player) (France)

Less Is More est un principe en architecture popularisé par Ludwig Mies Van Der Rohe, c’est surtout le 10ème album de The Inspector Cluzo, l’un des tous meilleurs groupes de rock français, toutes époques confondues. Les rockfarmers landais continuent à œuvrer dans leur rock garage hyper groovy, énergique à souhait, blindé de riffs incendiaires, blasté à fond et porté par un chanteur à la tessiture hors norme. Du rock mais aussi une première incursion dans le reggae (sans basse) et avec même une reprise des Crosby, Still, Nash and Young validée par Neil Young himself. Avant une tournée aux USA avec Clutch, The Inspector Cluzo revient au sommet du rock hexagonal, comme une évidence.

#66 Matt Jencik & MidwifeNever Die (Relapse Records) (USA)

Le guitariste et bassiste Matt Jencik (ici au chant, à la guitare, à la basse, au synthé, et à la boite à rythme) venu du drone doom et la chanteuse Midwife (ici également à la guitare slide et à la boîte à rythme) ont joint leurs forces pour un album entre shoegaze, post-rock, dream pop et ambient. Parfait pour l’automne (ou l’automne pendant les vacances d’été), Never Die se savoure en buvant une boisson chaude, lové dans un plaid. C’est hyper planant avec des voix fantomatiques et des nappes de guitares sublimes à la Mazzy Star. Impossible de ne pas se laisser porter et de partir au loin.

#65 BleedBleed (20 Buck Spin) (USA)

Le visuel et le logo sont clairement ancrés dans les 90s et à l’écoute de ce premier album de Bleed, on a envie de ressortir son cargo ou son baggy et sa vieille planche de skate. Une batterie à la Dave Chavarri d’Ill Niño, des scratches à la Sid Wilson, des riffs à la Stephen Carpenter ou une façon de poser la voix à la Chino, Bleed aime sincèrement le nu-metal des années 95-2000, auquel il couple du shoegaze de l’époque. Le résultat est bluffant, bardé de tubes en puissance et de bombinettes immédiates et il est difficile de ne pas se plonger dedans, le tout avec une démarche sincère, respectueuse de ses influences et ne se contentant pas de singer bêtement les groupes cultes de l’époque, mais s’imprégnant de ces influences pour se créer une identité propre. Avec ce premier album, Bleed marque de sérieux points.

#64 Animal TristeJericho (Le Magnifique) (France)

Trois ans après l’excellent Night of the Loving Dead, Animal Triste se fait de nouveau remarquer avec un troisième album dont la pochette sublime annoncerait plus un album de black metal. Jericho flirte entre indie et rock alternatif avec des volutes de synthé bien senties. Ne cherchant pas à se faire trop convenu, Jericho est un album qui sait surprendre. Particulièrement élégant dans ses compositions, Jericho jouit aussi à nouveau de l’apport de Peter Hayes de Black Rebel Motorcycle Club, ainsi que du légendaire Alain Johannes et de l’actrice Marina Hands. En découle un album classieux et fascinant, passionnant de bout en bout.

#63 Split ChainMotionblur (Epitaph) (Angleterre)

Bristol, année 2025. Après des recherches poussées en labo, on a retrouvé une quantité énorme de cellules deftoniennes dans l’ADN de Split Chain. En cherchant davantage, on a retrouvé des Chino Moreno et des Stephen Carpenter microscopiques dans les gènes des membres du groupe de Bristol. Avec Motionblur, première galette de Split Chain, on se retrouve à la croisée entre Around the Fur et White Pony. Riffs denses dignes de Carpenter, voix trainante et sensuelle (même si c’est pas le même timbre) à la Moreno, architecture des morceaux, équilibre entre nu-metal et shoegaze, Split Chain a sûrement pris Deftones en LV1 au collège et au lycée. Pour autant, les anglais ne font pas dans le copycat ou le tribute band. Oui, Deftones a été une influence marquée pour des groupes comme Coilguns, Loathe ou Vestige, comme Metallica ou Iron Maiden l’ont été pour d’autres groupes et oui, ici c’est clairement marqué mais Split Chain déboule avec une démarche sincère et une musique superbe et magnifiquement maîtrisée pour faire un album digne de ses influences.

#62 Slow Crush Thirst (Pure Noise Records) (Belgique)

Formation venue de Belgique, Slow Crush sort son troisième album. Évoluant entre shoegaze et dream pop, Slow Crush couple un mur de son aux riffs denses et un chant éthéré de toute beauté. Quand on aime le genre, Thirst est une bombe en puissance, un monument d’émotion brute.

#61 You, InfiniteYou, Infinite (Pelagic Records) (USA)

Deux ex-membres fondateurs de This Will Destroy You, rejoints par trois ex-musiciens live de ce dernier groupe, ont lancé You, Infinite dont voici le premier album. You, Infinite, c’est du post-rock instrumental nourri au mur de son de Mogwai. Neuf titres-fleuves se succèdent avec des riffs tout en délicatesse, des breaks lumineux et un aspect progressif non négligeable. You, Infinite nous happe immédiatement dans son univers et nous donne envie d’y rester. Pour un premier album, You, Infinite frappe très fort.

#60 Grandma’s AshesBruxism (Verycords) (France)

Grandma’s Ashes avait fait forte impression dès son premier EP en 2021 et confirmé avec le premier album en 2023. Et bien devinez quoi ? Les Parisiennes gardent aussi haut le curseur de la qualité sur ce deuxième album, mêlant toujours un rock alternatif des 90s bien riffu aux touches stoner et grunge, et des élans doom metal bien plombés. Les riffs mammouthesques de guitare te collent au sol, la batterie te tape dessus pendant que le chant te transporte, et quand le chant clair devient cri guttural habité, Grandma’s Ashes t’achève. Avec Bruxism, Grandma’s Ashes commence une jolie collection de sorties très solides.

#59 Concrete AgeAwaken the Gods (Autoproduction) (Angleterre)

L’exil en Angleterre a semble-t-il boosté Concrete Age puisque depuis 2023, le combo sort pas moins d’un album par an. Et à chaque fois sans sacrifier à la qualité. Musicalement, on reste sur ce mélange savamment dosé entre un death rentre-dedans et des musiques balkaniques et orientales hyper dansantes et pêchues. Encore une fois, le mélange opère à merveille, on a toujours cette envie folle de danser et le groupe semble même se lâcher, osant des reprises improbables comme celle du tube du chanteur pop turc Tarkan (très largement meilleure que l’original qui plus est).

#58 Gaahls WyrdBraiding the Stories (Season of Mist) (Norvège)

Fondé il y a 10 ans autour de la figure totémique Gaahl (Trelldom, ex-Gorgoroth, ex-God Seed, ex-Wardruna) indissociable du black metal norvégien, Gaahls Wyrd s’est montré plutôt prolifique avec un live, un EP et deux albums dont ce nouvel effort. Gaahls Wyrd continue de tracer son sillon en sortant du carcan black metal dans lequel on serait tenté de le cantonner. Ici, on varie dans les registres entre black, dark metal et même heavy, on se retrouve avec des morceaux atmosphériques et d’autres beaucoup plus secs et rapides et à chaque fois, c’est toujours très juste et bien emmené, Gaahl continuant d’impressionner par la richesse de ses gammes. Pour son deuxième album, Gaahls Wyrd continue de maintenir le curseur haut au niveau de la qualité d’ensemble.

#57 BlackbraidBlackbraid III (Wolf Mountain Productions) (USA)

Les albums se suivent à intervalles réguliers pour Blackbraid et à chaque fois, le curseur de la qualité monte d’un cran. C’est encore le cas avec ce troisième opus du tout-seul band de Sgah’gahsowáh, Natif d’une tribu des monts Adirondack. Entre interludes planants mêlant riffs stratosphériques et musique traditionnelle, et morceaux de black metal pur et dur, énervé et implacable, Blackbraid nous fait encore la démonstration d’un black metal immersif, ambitieux et viscéral.

#56 DrudkhГра тіней (Shadow Play) (Season of Mist Underground Activists) (Ukraine)

Dans le contexte international que nous connaissons où un imposteur incompétent obèse raciste et fasciste et un dictateur psychopathe ont décidé du sort de l’Ukraine, Drudkh sort un nouvel album où les fantômes des opprimés errent et où la sincérité et la sobriété sont de mise. Dès son intro qui glace le sang, Drudkh communique la souffrance de son peuple tout en essayant de s’accorder un semblant de respiration et offre un nouvel album viscéral.

#55 The Great Old OnesKadath (Season of Mist) (France)

La même année que Gō Tanabe sort sa nouvelle adaptation, le groupe français The Great Old Ones, dont l’œuvre est entièrement tournée autour de Lovecraft, sort un successeur à Cosmicism.  Succession de titres fleuves magnifiquement mis en musique, Kadath s’impose comme une œuvre phare du groupe et malgré les changements à la basse et à la guitare, les nouveaux membres se mettant au service d’une œuvre exigeante à l’image de celle du maître de l’horreur. Les compositions sont ici, complexes, foisonnant d’idées, passionnantes, torturées et d’une noirceur abyssale.

#54 Allegaeon The Ossuary Lens (Metal Blade Records) (USA)

Incontournable de la scène death mélodique/technique, Allegaeon continue d’impressionner en alliant mélodies imparables et soignées, et technique ébouriffante à coups de plans vertigineux, de riffs démentiels, de batterie véloce et complexe et de lignes de basse entêtantes. Chaque chanson est de l’orfèvrerie de luxe, du boulot de chirurgien au service d’un death metal spectaculaire.

#53 SinsaenumIn Devastation (earMUSIC) (France/USA/Hongrie)

Sinsaenum revient 7 ans après Repulsion of Humanity. Entre temps, le co-fondateur Joey Jordison s’est éteint. Son ombre plane d’ailleurs sur ce troisième opus. Le groupe lui rend hommage avec le poignant Last Goodbye. Pour le remplacer, c’est le drum tech de Dragonforce, qui a bossé pour Jordison, At The Gates et Cradle of Filth. Et le gars n’a pas le pied-bot, en démontre l’abattage énorme qu’il propose. In Devastation est encore une fois à la hauteur du casting 5 étoiles de Sinsaenum. La paire Buriez/Leclercq propose des riffs vertigineux, Heimoth balance une basse bien lourde, Zatorsky a une palette vocale toujours aussi intéressante, quand la voix d’Attila Csihar nous entraîne dans des ambiances toujours aussi ténébreuses. Surtout, les compositions sont de très haute tenue avec des atmosphères sombres et pesantes. In Devastation ne cherche rien d’autre que le KO chez l’auditeur. On pouvait se douter que la réunion de mecs venus de Seth, Loudblast, Dååth, Kreator, Mayhem, Sunn O))), ça ne fasse pas dans la joie et l’allégresse mais force est de constater que Sinsaenum a puisé dans son deuil pour proposer un album à faire pâlir un croque-mort.

#52 TestamentPara Bellum (Nuclear Blast) (USA)

Cinq ans après Titans of Creation, les piliers du thrash Testament reviennent avec un 13 ème album. Seul changement, le poste de batteur occupé cette fois par Chris Dovas, et le petit nouveau, loin d’être un manche, bucheronne bien. Plus ambitieux que l’album précédent, Para Bellum impressionne à la fois par la qualité de l’ensemble (Testament n’est certes pas un groupe de jeunes premiers et nous a gratifié de superbes sorties, ça reste toujours bluffant) et la variété des registres avec même un titre à l’orchestration maousse avec guitare sèche et violon. Les compositions sont comme souvent magistrales, avec toujours le magnifique travail de la paire Peterson/Skolnick à la six-cordes, et Chuck Billy a toujours la fougue malgré ses 63 ans. On pourra tiquer sur le clip fait à l’IA (sûrement une volonté du label) en décalage avec une chanson qui la dénonce, Para Bellum c’est du très solide, un album intelligent et inspiré où, des paroles aux compositions, tout est de très bonne tenue.

#51 PsykupThe Joke of Tomorrow (Verycords) (France)

Comment définir la musique des Toulousains Psykup? Personne ne le peut, d’où la dénomination d’autruche-core (parce que pourquoi pas ?), une appellation qui leur va à merveille car l’autruche est un animal qui te cueille par surprise pour te coller un coup de bec. Et Psykup, c’est pareil. Les mecs montrent encore une fois des trésors d’imagination et d’invention, des intros barrées pour enchaîner avec des riffs tortueux, des compositions alambiquées et un chant bien hargneux qui switche en un claquement de doigts avec en plus pléthore de références (Julien Cassarino étant un cinéphile compulsif, ça peut aider). Encore une fois, c’est hyper solide, et on a droit à un magnifique final à la Alice In Chains Mr Cassarino semble convoquer Layne Staley et Jerry Cantrell (difficile de ne pas avoir la chair de poule ou plutôt d’autruche à l’écoute du morceau). Encore une fois, Psykup signe une sortie magistrale, comme une évidence.

#50 Morcheeba Escape the Chaos (100% Records / Fly Agaric Records) (Angleterre)

Quatre ans déjà se sont écoulés depuis le très bon Blackest Blue et Morcheeba revient nous envoûter avec toujours ce trip-hop efficace et enivrant porté par des beats tout en douceur et le chant au-delà du sublime de Skye Edwards (l’une des plus belles voix, tous styles confondus). Pour fuir le chaos, se mettre au vert ou se lover dans un hamac ou siroter un truc bien frais, cette nouvelle galette est une compagne idéale, on a envie de se laisser porter, flotter .

#49 The Great SeaNoble Art of Desolation (AOP Records) (Allemagne)

Ce qu’il y a de bien avec AOP Records, c’est que, en plus de leur roster riche en bons groupes et jolies découvertes, le label tease pas mal sur leurs nouvelles sorties et on se prend à avoir une jolie attente pour des tout jeunes groupes, ce qui nous emmène au premier album de The Great Sea, duo allemand composé d’un mec qui a une expérience spécialisée dans le black metal et de Janosch Rathmer, ancien batteur de Misery Speaks et officiant dans le groupe de post-rock progressif Long Distance Calling. Cette dernière expérience de groupe apporte un petit plus à The Great Sea, notamment dans la finesse du jeu de Rathmer. The Great Sea nous offre un petit bijou de black mélodique où les riffs incendiaires et les grosses voix blackeuses se marient à merveille avec des plages plus calmes et un jeu de batterie soyeux, chirugical et très riche. Avec ce premier coup d’essai, The Great Sea offre un vrai coup de maître.

#48 Jo QuailNotan (Aderstone Records) (Angleterre)

Septième album pour Jo Quail, violoncelliste virtuose qui mêle post-rock instrumental et classique contemporain en explorant toutes les facettes de son instrument. La musique de Jo Quail peut être cinématographique, immersive, incendiaire, glaciale, aride et élégante ou tout ça à la fois. Les adjectifs ne manquent pas et on en ressort transporté.

#47 Blood AbscissionII (Debemur Morti Productions)

Formé en 2023 et offrant un black metal à la fois planant et sans concession, Blood Abscission avait tout pour plaire à Debemur Morti. Chez Blood Absission, seule compte la musique. Combien sont-ils ou elles ? One-man band ? One-woman band ? Groupe de mecs ? de meufs ? Mixte ? Sont-ce des humains ou des extra-terrestres ? Viennent-ils de Tombouctou ? De Newark ? De la Creuse ? De Saturne ou de Villetaneuse ? Rien, absolument rien n’a filtré. Et la musique ? Un black metal atmosphérique, froid, implacable et prenant aux tripes. En somme, un album qu’on se prend en pleine gueule comme souvent chez Debemur.

#46 Bruit ≤The Age of Ephemerality (Pelagic Records) (France)

Dans un monde où les mots n’ont plus aucun sens, où les zadistes sont considérés comme des terroristes, où ceux qui dénoncent un génocide sont traités d’antisémites, où les opposants politiques sont vus comme des émeutiers, où Pascal Praud se dit journaliste, où la Macronie se voit comme rempart contre l’extrême-droite, où les partisans de la loi Duplomb s’estiment dans le camp du bien, ne reste que le bruit de la colère. Une colère juste, salvatrice au cœur du nouvel album de Bruit ≤, formation toulousaine évoluant entre post-rock, musique bruitiste expérimentale et ambient. Par moments un brin aride et peu accessible, The Age of Ephemeral est un hurlement à la face d’un monde dystopique et orwélien où les élites chient à la gueule du peuple qui avait voté en 2024 pour de la justice sociale et se retrouve sous Franco. [NDLR : si vous écoutez la playlist en même temps que vous lisez le top, il n’y a pas de morceau de Bruit ≤ car on ne le trouve pas sur Deezer. Désolé pour la gêne occasionnée]

#45 AgricultureThe Spiritual Sound (The Flenser) (USA)

Derrière son étrange blaze, Agriculture, c’est un jeune groupe qui, en quatre ans s’est fait un nom et qui sort son deuxième album. La musique que propose Agriculture, c’est un post-black metal frais et original, entre plages d’un black classique et des moments plus contemplatifs en chant clair. Riche et varié, The Spiritual Sound n’est pas simple mais montre parfaitement la vitalité et la créativité de la nouvelle scène post-black américaine.

#44 IgorrrAmen (Metal Blade) (France)

Un album d’Igorrr, c’est toujours une attente particulière. Surtout ce cinquième album avec un nouveau line-up après le départ de Laurent Lunoir dont les convictions antivax ont été incompatibles avec les obligations sanitaires en tournée, et de Laure Le Prumenec dont les cordes vocales étaient trop malmenées et qui a préféré partir pour de nouveaux projets. Au micro débarquent donc l’ex-Svart Crown JB Le Bail pour le chant harsh et Marthe Alexandre pour le lyrique. Amen est plus sombre dans les thèmes avec d’avantage d’inclinaisons dans le metal extrême tout en gardant le côté foutraque et expérimental d’Igorrr qui colle à merveille avec la personnalité du projet de Gauthier Serre. Amen, une fois de plus, n’est pas l’album le plus accessible de l’année mais encore une fois, c’est riche, foisonnant d’idées et carrèment inclassable, en sommes, c’est du Igorrr pur et dur.

#43 BorgneRenaître de ses Fanges (Les Acteurs de l’Ombre Productions) (Suisse)

La Suisse n’a pas la scène black pléthorique de la Norvège, mais elle a livré des groupes cultissimes comme les précurseurs Celtic Frost ou encore Samaël. On pourrait également citer Borgne qui en est à son 11ème album en 27 ans. Borgne est un duo qui a la puissance de feu d’une légion entière. Montant toujours crescendo dans la qualité de ses albums, Borgne nous livre un nouveau bijou de black indus, plus maitrisé encore que sur les albums précédents avec aucune longueur electro inutile. Ici, le côté indus sert surtout à cultiver l’aspect froid, glacial même, et martial des compos. Batterie ultra blastée, riffs agressifs et surtout textes intelligemment écrits, profonds et angoissants, Borgne s’impose à nouveau comme le cador qu’il devrait être et nous livre une nouvelle claque.

#42 KatatoniaNightmare as Extensions of the Waking State (Napalm Records) (Suède)

Depuis l’excellent Sky Void of Stars, l’ambiance a plutôt été agitée en coulisses chez Katatonia avec le départ plutôt inattendu de l’historique Anders Nyström (laissant Jonas Renkse seul capitaine à bord) et de Roger Öjersson, et l’arrivée de Nico Elgstrand (ex-Entombed, ex-Entombed AD) et de Sebastien Svalland (ex-In Mourning). Pour autant sur ce nouvel album, ne cherchez pas la révolution, on retrouve tantôt les grosses guitares, tantôt les nappes electro, on a même un morceau avec un chant à la limite de l’incantation, mais on reste globalement dans du prog’ atmosphérique et contemplatif où la voix de Renkse fait encore des merveilles.

#41 Håndgemeng Satanic Panic Attack (Ripple Music) (Norvège)

Avec sa pochette à faire hurler les trve (des corpsepaintés à poil, c’est rarement leur truc), Håndgemeng annonce déjà une grosse dose de second degré. Avec son deuxième album mélangeant le heavy traditionnel, le doom, des élans de batterie blackisant, des guitares bien fuzzy du stoner ou encore des riffs sublimes et entêtants, Satanic Panic Attack propose un subtil mélange de genres pour un album à la fois original mais aussi riche, foisonnant d’idées et techniquement irréprochable.

#40 MawizaÜl (Season of Mist) (Chili)

La pochette laisserait penser à un album de gangsta rap latino mais il n’en est rien. On est devant le deuxième album de Mawiza, groupe de groove metal qui, non seulement est chilien mais a la particularité de chanter en mapuche. Frappes tribales, mélodies prenantes, chant immédiat et lignes de guitare hyper chiadées bardées de riffs originaux et tous plus beaux les uns que les autres, les qualités de ce nouvel album sont nombreuses. Adoubé par Joe Duplantier, salué par la critique à juste titre, Mawiza frappe très fort. Avec ses multiples qualités intrinsèques, Ül marque indéniablement l’année 2025. De très haut niveau tout en restant accessible, c’est un album fort et généreux. Sauf si je me trompe, quand on fera le bilan de l’année, dans les différentes listes, il sera surprenant s’il manque Ül dans un coin.

#39 Blindfolded and Led to the WoodsThe Hardest Thing About Being God Is That No One Believes Me (Prosthetic Records) (Nouvelle-Zélande)

Cinquième album pour la formation néo-zélandaise Blindfolded and Led To the Woods et son avant-garde death metal. The Hardest Thing About Being God…, en plus de son nom à rallonge, se distingue dans la discographie du groupe par son côté PRESQUE plus accessible. Là où les néo-Z avaient l’habitude de compositions hyper alambiquées, là on est sur du un peu alambiqué (oui, faut pas déconner non plus, le groupe ne va pas encore faire tourner des serviettes dans les mariages), avec des morceaux toujours aussi suffocants (pour une grande partie), toujours aussi riches et variés, mais moins tortueux. Blindfolded reste dans la noirceur absolue mais se permet des élans plus légers dont ce final avec un chant féminin clair lumineux du plus bel effet. Le combo de Christchurch aurait-il trouvé un certain équilibre?

#38 …And OceansThe Regeneration Itinerary (Season of Mist) (Finlande)

Après un sommet de black metal symphonique, …And Oceans débarque où on ne l’attend pas avec un septième album qui explore de nouveaux horizons. Avec 30 ans d’existence au compteur, on aurait pu croire que …And Oceans se reposerait sur ses lauriers car ils n’ont pas grand-chose à prouver. Que nenni comme disent les jeunes d’aujourd’hui, les Finlandais ont envie de continuer à expérimenter. On trouve toujours ce black metal monumental avec une production épique et des ambiances immersives mais ça glisse par moments des séquences trance digne des soirées techos des années 2000 (lâ on se pose la question de si le disque n’a pas vrillé…et non). Ça peut sembler déconcertant (et ça l’est) mais c’est un pari osé pour un disque aussi audacieux qu’ambitieux, superbement exécuté et emballé.

#37 Vintersorg Vattenkrafternas Spel (Hammerheart Records) (Suède)

Près de 30 ans d’existence et pour fêter ça, Vintersorg sort son premier album depuis 2017. Dès les premières notes, Vintersorg impressionne par sa puissance de feu et balance des morceaux qui auraient pu être des bandes originales de films. Épique, immersive, superbement exécutée, riche tant par ses orchestrations que par la palette vocale du chanteur, chaque chanson impressionne autant qu’elle émerveille. Avec ce onzième opus, Vinterqorg s’offre un nouvel album à la mesure du talent du trio.

#36 BelenosEgor (Northern Silence Productions) (France)

Trente ans d’existence, ça se fête, et Belenos ne se fout pas de nous avec un dixième album clôturant une trilogie débutée en 2016 avec Kornôg. Traitant du feu d’un point de vue stellaire, Egor est presque entièrement chanté en breton. Egor est un album tout en puissance avec une section rythmique qui dévaste tout, des ambiances sombres, des riffs dantesques, un contraste saisissant entre des choeurs païens donnant un aspect cérémonieux et des vocaux hurlés par une âme damnée. Egor est profond, fascinant, violent, atmosphérique par moments et épique, c’est du black metal dans ce qu’il a de plus riche et de plus beau.

#35 Harakiri For The SkyScorched Earth (AOP Records) (Autriche)

Quatre ans après Mære, le duo Harakiri For the Sky sort son sixième album. Toujours aussi peu porté sur la gaudriole, Harakiri For the Sky livre un petit bijou de post-black metal à la production particulièrement léchée, aux compositions particulièrement soignée et jouissant de l’apport, en seconde voix, de Jorge Cisternas de Sunvher ainsi que de feats comme Tim Yatras (Austere), P.G. de Groza mais surtout de Serena Cherry de Svalbard pour un duo de grande classe. Les Autrichiens (qui nous gratifient au passage d’une superbe cover de Radiohead) signent probablement là leur meilleur album.

#34 CivicChrome Dipped (ATO Records) (Australie)

Il y a deux ans, ils nous offraient une monstrueuse déflagration avec Taken By Force, les aussies électriques (scie électrique…. mouarrrrrffffff) de Civic reviennent avec un album tout aussi passionnant. Continuant de creuser dans ce garage rock venu de l’époque où le genre augurait du punk à venir (période MC5 et Stooges donc), Chrome Dipped balance plusieurs tubes en puissance d’un proto-punk studieux, léché aux influences parfaitement digérées sans jamais faire dans le copycat. Affûté comme un boomerang, blindé de riffs sur-bandants et de mélodies à coller un priapisme à un centriste impuissant, Chrome Dipped est une nouvelle ogive qui pourra trôner fièrement dans une collection aux côtés des classiques du genre.

#33 WispIf Not Winter (Interscope Records / Music Soup) (USA)

Wisp est un one-woman band où la chanteuse-toutiste Natalie Lu officie dans un registre shoegaze/dreampop avec des compositions épurées portées par sa voix évanescente. Difficile de trouver des qualificatifs à ce premier album tant la musique de Wisp se vit et se vit même intensément. Avec ses riffs ouatés, son chant éthéré, son infinie délicatesse, If Not Winter se conjugue au plus-que-parfait.

#32 Damage DoneStranger Skies (Klonosphere) (France)

En 2019, Nicolas Foucaud de Los Disidentes Del Sucio Motel sortait le magnifique projet, Sapiens, en compagnie de cadors de la scène alternative française. On a trouvé les dignes héritiers avec les Nantais de Damage Done qui proposent avec leur premier album un bijou de rock acoustique intimiste qui invoque l’esprit des MTV Unplugged. Stranger Skies est un album profond et d’une sensibilité à fleur de peau qui prend aux tripes dès le premier accord.

#31 Brieg GuervenoUn Noz A Vo (ZRP) (France)

Après un magnifique Vel Ma Vin, le chanteur breton et bretonnant Brieg Guerveno, véritable voyageur musical, passe d’un folk minimaliste à une musique éthérée entre dream pop, downtempo et trip hop. A l’image de la voix chaleureuse de Brieg Guerveno et de son chant qui sert de superbe écrin à sa langue maternelle, les nappes electro planantes achèvent de faire d’Un Noz a Vo un compagnon idéal pour la méditation. Encore une fois avec Brieg Guerveno, on part loin, au-delà du Finistère.

#30 EllereveUmbra (Eisenwald) (Allemagne)

Dans la série « les mecs qui balancent les sorties de Metalorgie sont à côté de la plaque », nouvel épisode avec ce nouvel album d’Ellereve, one-woman band que ce site continue d’ignorer allègrement (au profit sûrement d’un album de rap/trap hors sujet), comme c’était le cas pour Wegferend, entre autres. Et pourtant, Ellereve est signé chez Eisenwald, label allemand orienté black et ce nouvel album compte des invités comme JJ (Harakiri for the Sky, Karg) et Heretoir. Tant pis pour cette page, les gars ratent une nouvelle merveille d’Ellereve, album où Elisa Giulia Teschner s’est entourée d’un trio qui s’accorde impeccablement à sa démarche. On retrouve avec gourmandise cette alliance entre des rythmiques plombées entre doom et post-metal, ces riffs de mammouth, ce dark folk viscéral et la voix magnifique de la chanteuse, une voix qui, une fois de plus, nous transporte très loin et nous ferait décrocher la larme. Avec cette nouvelle perle, Ellereve s’inscrit dans les groupes définitivement incontournables de son genre.

#29 -ii-Apostles of the Flesh (Autoproduction) (France)

Deuxième album pour -ii-, groupe venu de Nancy et proposant un mélange entre dark folk, dark pop et indus. On trouve un chant à la croisée entre Ava Inferi, Wegferend ou encore Solventis et des ambiances musicales variées allant jusqu’au trip hop ou des touches des débuts d’Émilie Simon. Musicalement c’est riche, les registres vocaux d’Hélène Ruzic sont variés, allant jusqu’au spoken word sur le seul titre chanté en français d’une sensualité ténébreuse. C’est élégant, délicat, généreux et surtout c’est beau.

#28 1914Viribus Unitis (Napalm Records) (Ukraine)

Qu’il est bon de retrouver 1914. 4 ans se sont écoulés depuis Where Fear and Weapon Meet. Entre-temps, les Russes ont envahi l’Ukraine et les deux pays sont partis dans une guerre semblant sans fin, et 1914, groupe ukrainien tournant autour de la première guerre mondiale s’est retrouvé pris dans le même cauchemar que celui dans lequel il forge sa musique (le groupe s’est fait régulièrement écho de la situation sur les réseaux sociaux). Viribus Unitis ne change pas radicalement sa recette avec un blackened death sludgy immersif et d’une noirceur crépusculaire nous plongeant dans les 4 années d’horreur dont plusieurs dirigeants sembleraient vouloir nous faire un remake. Magistralement produit, parfaitement exécuté, Viribus Unitis jouit en plus d’un superbe final en 3 parties invitant des chanteurs comme Jérôme Reuter de Rome ou Aaron Stainthorpe le désormais ex (et c’est franchement triste) frontman de My Dying Bride.

#27 RomeCivitas Solis (Trisol) (Luxembourg)

Véritable stakhanoviste, Jérôme Reuter a sorti avec son projet Rome au moins un album et/ou un EP par an depuis 20 ans. En 2025, il a sorti pas moins de 7 LP (!!!) dont des anthologies et 4 albums. Après la suite de ses Dublin Sessions, il sort Civitas Solis, dans l’esprit de Hegemonikon et de Gates of Europe. Mêlant dark folk et une new wave presque martiale et implacable, Rome fait à nouveau très fort avec un album sensible et immersif, prenant de bout à bout et inspiré. Rome confirme encore une fois son statut de trésor national luxembourgeois.

#26 ASkySoBlackTouch Heaven (New Morality Zine) (USA)

« Va ranger ta chambre! – Non, t’es pas ma mère! – Je sais, je suis ton père! – C’est pas une raison pour me dire de ranger ma chambre! – Bordel, y a sûrement un cadavre, va ranger ta chambre! » On ne saura jamais la suite de la conversation au moment où la photo pour l’artwork a été prise mais l’essentiel est ailleurs : ASkySoBlack risque fort d’être une des plus belles révélations musicales de l’année. Pour son premier album, le quatuor a fait fort. Un rock alternatif racé et élégant, antithèse du shoegaze qui est fortement influencé par Chino Moreno. Riffs par moments à la Stephen Carpenter, batterie au toucher soyeux, précis et fin et puis il y a la voix de Jordan Shteif, une voix trainante, caresse pour les tympans, une voix à la Chino Moreno qui colle des eargasms à la pelle, similaire jusque dans les beuglantes. Seul bémol, c’est un brin court : 30 minutes c’est pas assez quand on a un album aussi savoureux. Bon, peut être que ce n’est pas plus mal parce que la chambre a pu être rangée.

#25 Shedfromthebody Whisper and Wane (autoproduction) (Finlande)

Sous cette pochette, qui pourrait faire penser à une photo de moi en train de démêler des fils de casques, se cache le cinquième album de Shedfromthebody, chanteuse-toutiste-productrice qui évolue entre doom metal couplé à du shoegaze (ou doomgaze) et post-metal. On retrouve un esprit de groupes comme Lethian Dreams avec des guitares massives et prenantes mêlées à une voix d’une douceur cristalline, presque fantomatique. Whisper and Wane est un véritable nectar pour les oreilles, un album d’une beauté terrassante, qui transporte dans un monde de voluptés. Magnifique de bout en bout, prenant, envoûtant, immersif, les adjectifs manquent face à ce qui pourrait se définir comme tout simplement de la beauté à l’état pur.

#24 ShedfromthebodyEverything Out There Has Teeth (Autoproduction) (Finlande)

A peine quelques mois après le magnifique Whisper and Wane, Shedfromthebody récidive déjà avec cet album dont la pochette semble être des chevaux qui regardent à l’intérieur d’une maison la jeune fille qui est emmêlée dans les fils de son casque de la pochette de l’album précédent. On retrouve la même recette, à savoir un doomgaze tour à tour plombé et aérien où la chanteuse-toutiste nous gratifie de son superbe chant éthéré. Coup sur coup, Shedfromthebody nous colle deux branlées pour le prix d’une cette année. C’est d’une beauté folle et on décolle dès la première note sans avoir envie d’atterrir.

#23 Suede – Antidepressants (BMG) (Angleterre)

Au risque d’en choquer plus d’un, Suede n’a pas été le groupe de rock britannique que j’ai le mieux connu des années 90, bien que j’aie du respect pour la stature du groupe, à l’instar de formations comme Pulp. Cinquième album depuis la reformation de Suede, Antidepressants est un album pas porté sur la gaudriole avec des élans post-punk/new wave et des intonations à la The Cure, pas pour me déplaire d’ailleurs. A l’image de sa pochette, Antidepressants est un album qui prend aux tripes, porté par un Brett Anderson habité et des musiciens inspirés et inspirants, un véritable tsunami émotionnel qui emporte tout sur son passage.

#22 MessaThe Spin (Metal Blade Records) (Italie)

En 10 ans, Messa a su se tailler une jolie réputation grâce à des albums salués par la critique et les fans, et ce n’est pas The Spin qui va faire un écueil dans la trajectoire du groupe, loin de là. Avec son doom-rock de bonne tenue, ses riffs de mammouth de la paire de gratteux, sa batterie massive et la magnifique voix de Sara, chaque chanson transperce l’âme de celui qui l’écoute. Empilant des morceaux de très belle factures, The Spin se pose comme un incontournable du genre.

#21 MütterleinAmidst The Flames, May Our Organs Resound (Debemur Morti Productions) (France)

Marion Leclercq frappe pour la troisième fois avec son projet Mütterlein, droit dans la philosophie de chez Debemur Morti, à savoir une musique exigeante, intransigeante, pas franchement faite pour le grand public et empreinte d’une noirceur à faire bander un aveugle. Comme pour son effort précédent, Mütterlein propose de nouveau une musique difficilement classable, frappée des sceaux du darkwave, d’une musique indus des plus glaciales avec des vocalises à la lisière du black metal, passablement habitées et douloureuses. Encore une fois, c’est une véritable expérience aux confins de la folie la plus viscérale que nous propose Dame Leclercq, un album qui nous plonge dans des paysages intérieurs inhospitaliers, un Enfer personnel où les âmes sont meurtries et les corps marqués au fer rouge.

#20 Paradise LostAscension (Nuclear Blast Records) (Angleterre)

Cinq ans se sont écoulés depuis l’excellent Obsidian. Paradise Lost revient après le plus long gap entre deux albums (sauf si je compte la ressortie d’Icon en 2023 pour les 30 ans de l’album). Depuis 2020, on ne peut pas dire que Nick Holmes et Greg McKintosh aient chômé, le premier ayant sorti un album avec Bloodbath, le deuxième de même avec Strigoi et les deux réunis pour le side-project Host, hommage à l’époque synth-pop/new wave de Paradise Lost. Des vacances qui ont fait du bien quand on voit le niveau affiché sur Ascension. A l’instar d’Obsidian, Ascension fait le lien avec des albums comme The Plague Within mais aussi In Requiem tant au niveau du chant que des compositions. On a donc du doom death massif avec growl surpuissant mais aussi des atmosphères plus gothic à chant clair avec à chaque fois un Holmes très en verve mais aussi McKintosh de haute tenue tant dans les solis très mckintoshiens que la qualité des compositions. D’ailleurs, à part au poste de batteur (cette fois, c’est Guido Zima qui s’y colle), le groupe est plutôt solide dans son line-up et la complémentarité dans le jeu s’en ressent. Avec 37 ans au compteur et 17 albums dans les pattes, Paradise Lost n’a rien à prouver et, loin des turbulences qu’a connues le groupe quand il s’est trop écarté de sa musique originelle, Paradise Lost peut couler des jours paisibles, le cul bien vissé sur le trône d’un genre un peu hybride dont il est le roi naturel.

#19 RomeThe Hierophant / The Tower (Trisol) (Luxembourg)

Bourreau de travail, Jérôme Reuter a décidé de boucler l’année 2025 en sortant plusieurs skeuds d’un coup dont deux albums : The Hierophant et The Tower. Le premier tourne autour du mysticisme et de la spiritualité, le deuxième propose un voyage musical dans les différentes facettes du folk avec des influences comme Nick Cave, Johnny Cash voire Me and That Man. Dans le pur esprit du EP Defiance, Rome nous sort deux bijoux acoustiques, véhicules d’un dark folk viscéral qui prend aux tripes et musclent les glandes lacrymales.

#18 Rivers of NihilRivers of Nihil (Metal Blade Records) (USA)

 Quand j’ai écouté l’album, on ne savait pas si Gojira allait sortir un album cette année mais si c’était le cas, il y aurait eu sûrement débat entre nos frenchies, le dernier Fallujah et ce cinquième album de Rivers of Nihil. Autant le dire d’entrée, Rivers of Nihil est sublime. Je pourrais mentionner l’alternance chant clair/growl du plus bel effet, les riffs élégants, la basse classieuse, la batterie subtile, la production aux petits oignons mais ce sont les magnifiques élans de saxophone alto ou les incursions de banjo qui ont parachevé le chef d’œuvre, un saxo envoûtant qui donne encore plus de profondeur au propos. Alors que les pennsylvaniens jouissent déjà d’une belle réputation, cet album éponyme les fait complètement changer de dimension.

#17 FallujahXenotaph (Nuclear Blast Records) (USA)

Tartasse cosmique avec ce magnifique sixième album de Fallujah. Le quatuor nous régale dès les premiers instants de Xenotaph avec une production léchée et musclée. L’alternance chant clair/growl fait mouche, la paire de gratteux (dont la nouvelle recrue Sam Mooradian) nous gratifie de riffs sublimes, la basse est impeccable, la batterie à la fois rapide, technique et subtile. Difficile de parler de Xenotaph sans empiler les superlatifs tant ce nouvel opus est généreux et riche en moments où on bave en se prenant à dire « oh bordel que c’est bon ». Dans les must du death progressif de l’année.

#16 Rotting Christ35 Years of Evil Existence, Live in Lycabettus (Season of Mist) (Grèce)

35 ans de carrière et le statut non seulement de pilier de la scène grecque mais aussi celui d’une des formations de black metal les plus respectées de la scène européenne hors Scandinavie, ça vous pose un groupe. Le 25 avril, Rotting Christ a fêté ça dignement avec un concert dans un théâtre antique situé sur le mont Lycabette à Athènes. Au menu, deux heures de concert et des titres tirés du dernier album mais aussi de la discographie des hellènes. Deux heures de communion avec un public tout acquis à sa cause. Rotting Christ ne se fout pas de la gueule des fans et balance un live monstrueux et bénéficiant d’une captation léchée et d’une set-list solide.

#15 Moonspell + Orquestra Sinfonietta de Lisboa Opus Diabolicum : The Orchestral Live Show (Napalm Records) (Portugal)

Quand Moonspell sort un live, ce n’est pas pour se foutre de la gueule du monde. Trois ans après un concert enregistré dans une grotte 80 mètres sous la surface, cette fois, ils font un live symphonique avec l’Orchestre Symphonique de Lisbonne. Au menu, l’album 1755 revisité et des titres phares de leur discographie interprétés par Moonspell et pas moins de 45 musiciens. Le résultat, double galette d’une durée de près de 100 minutes est impressionnant, la puissance du dark metal de Moonspell se conjugant à merveille avec celle de l’orchestre. Les morceaux, pourtant déjà très denses à la base, prennent une amplitude supplémentaire. Après l’énorme live sympho de Septicflesh, c’est encore une preuve que ce type de concert fonctionne à merveille. Trésor national lusitanien, Moonspell sort un live à la mesure d’un statut de plus en plus indiscutable.

#14 Der Weg Einer FreiheitInnern (Season of Mist) (Allemagne)

Sous la photo de cet endroit tout mimi, où on a envie d’envoyer les membres de notre gouvernement tester l’apesanteur, se cache le 6ème album de Der Weg Einer Freiheit, groupe incapable de faire un mauvais album, même un passable. Der Weg Einer Freiheit continue de nous proposer un black/post-black riche, foisonnant d’idées et passionnant. Ils ont beau m’avoir impressionné par le passé, ils ont réussi à monter encore le cursus pour nous offrir le meilleur de leur art, rien que ça.

#13 The Vintage CaravanPortals (Napalm Records) (Islande)

En presque vingt ans d’existence, The Vintage Caravan est passé de groupe de petits prodiges à incontournable de la scène blues-rock et ce, grâce à des albums salués à juste titre. Et encore une fois, on a l’œuvre d’un groupe qui s’est hissé parmi les plus grands avec une production léchée, des partoches de guitares sublimes, un chant inspiré, des mélodies immédiates et un groove instinctif (sans compter le feat de bonne tenue de Mikael Åkerfeldt d’Opeth). Et même si les interludes cassent un peu le rythme (bien qu’ils donnent un cachet psyché à l’ensemble), Portals s’écoute comme un nouveau sommet d’un groupe qui n’a jamais cessé de tutoyer les cimes.

#12 Wardruna Birna (By Norse Music/Columbia Records) (Norvège)

Un album de Wardruna, c’est toujours une expérience à part. Pilier indéboulonable de la scène pagan folk, le combo norvégien revient quatre ans après le monumental Kvitravn. Cette fois, l’album est centré sur l’ours (pas l’ours robuste, sinon il se serait appelé Bernard, même s’il nous met au tapis….mouarrrrrffffff….enfin bref), animal synonyme de puissance et de connexion à la terre et au vivant. Dès la première note s’opère une expérience de lâcher prise et de voyage intérieur. Profondément immersif, Birna est un bijou d’émotion brute. Envoutant, hypnotique, il nous fait partir loin dans l’immensité des paysages scandinaves à dos de plantigrade et on ne peut que remercier Wardruna pour ce cadeau.

#11 PsychonautWorld Maker (Pelagic Records) (Belgique)

Trois ans après le monumental Violate Consensus Reality (et son sublime morceau qui invitait la crème de la crème locale), Psychonaut revient pour un troisième opus. Spoiler alert : c’est tout aussi bon. Le post-metal de Psychonaut s’avère toujours aussi spectaculaire, toujours aussi profond, toujours aussi immersif. Des compos au chant en passant par la production, mais aussi l’émotion, Psychonaut continue de se conjuguer au plus-que-parfait. Chaque morceau est une merveille, rien de moins. Un véritable cadeau pour les oreilles.

#10 ex aequo Last Train III (Last Train Productions / [PIAS] Recordings) (France)

Huit ans après leur formation, Last Train s’est fait un nom au sein du rock français. Un nom qui a permis au quatuor de tenter de nouvelles choses comme (l’an dernier) un live symphonique dans un esprit de bande originale de film qui n’existe pas. De retour en studio pour la première fois depuis 2019, Last Train nous a concocté une bombinette semblant sortie des rues de Seattle dans les années 90. Sur III, Alice in Chains et Soundgarden ne sont pas loin, tout comme le Silverchair de Neon Ballroom au niveau des riffs presque noisy de Jean-Noël Scherrer et Julien Peultier et on peut parier que Jerry Cantrell, Kim Thayil ou encore Daniel Johns trouveraient III à leur goût. En 2025, l’ère grunge fait son come-back et avec ce troisième opus (qui se conclut par un final à coller une trique monumentale à un paresseux en pleine descente) de Last Train, nous en avons un merveilleux exemple.

#10 Alien BoyYou Wanna Fade? (Get Better Records) (USA)

Sous cette pochette qui fait penser à un obscur groupe indie pour hipsters se cache l’un des albums rock de l’année. On n’est pas dans les années 90 mais on s’y croirait tant Alien Boy transpire d’un amour fou et sincère pour le rock alternatif de l’époque, et ça s’entend clairement sur ce quatrième album. Dans le mur de son qui met la voix légèrement en retrait, on croise des inspirations du The Cure de l’album Wish (notamment A Letter to Elise), des riffs agressifs des Smashing Pumpkins de Siamese Dreams, du Radiohead de Pablo Honey ou des élans des Pixies de Where is my Mind. Alien Boy connaît son sujet et sait pertinemment digérer ses influences pour se forger sa propre musique prenante, passionnante, foisonnant d’idées et donnant des envies compulsives de s’exciter sur la touche repeat. Ce You Wanna Fade n’aurait pas dépareillé dans un des trois volumes de la compilation Reservoir Rock ou MTV Fresh, ou dans la mixtape fait maison d’un amateur de rock alternatif. On a envie de ressortir son vieux t-shirt délavé et ses futals troués. Avec You Wanna Fade, on renoue avec les raisons qui nous rendaient fous amoureux du rock alternatif des 90s. Le genre n’est pas mort et avec des groupes comme Alien Boy, il retrouve une seconde jeunesse.

#9 ex aequo Stoned Jesus Songs to Sun (Season of Mist) (Ukraine)

Après avoir une quasi-impossibilité de défendre en live son précédent disque en raison de l’invasion de l’Ukraine, Stoned Jesus revient avec un 6ème album en 16 ans. Songs to Sun a beau faire 41 minutes pour 6 titres, le groupe réussit â rendre chaque note passionnante pour délivrer un album parfaitement parfait, sans faute de goût, avec des mélodies prenantes, des riffs sublimes et un final fleuve à couper le souffle.

#9 DeafheavenLonely People with Power (Roadrunner Records) (USA)

Deafheaven n’en finira jamais de surprendre. Après un virage shoegaze conclu avec un Infinite Granite hyper méditatif, le quintette de San Francisco revient vers ses premières amours avec des compositions aériennes du plus bel effet mais couplées au chant passablement habité et hyper hargneux de George Clarke pour un blackgaze/post-black metal du plus bel effet, alternant le chaud et le froid et conviant le bassiste de Beck pour des lignes de claviers élégantes, ainsi que le chanteur d’Interpol Paul Banks, et la réalisatrice Jae Matthews (également chanteuse de Boy Harsher) pour du spoken word. Entre le choix des invités plutôt étonnant, la qualité des compositions et cette dualité entre les tonalités de la musique et du chant, Deafheaven, revenant à son style originel, livre un futur classique.

#8 SaorAmidst The Ruins (Season of Mist) (Écosse)

Aaaaah l’Écosse, le Flower of Scotland entonné a capella à Murrayfield, les kilts avec les couilles à l’air, le Loch Ness et son monstre, les châteaux, les héros indépendantistes qui ont combattu les Anglois… On peut, depuis quelques années, rajouter Saor comme garant de l’identité locale, ou du moins l’identité calédonienne (dans le sens de l’ancien nom de l’Écosse). Depuis 2013, le one-man band d’Andy Marshall brandit fièrement cet héritage avec des albums épiques. Trois ans après le sublime Origins, Saor sort son sixième album. Aidé par des invités comme la violoniste Jo Quail ou la chanteuse (à voix éthérée) musicienne Ella Zlotos, Amidst the Ruins est le prolongement de l’œuvre précédente, un album où les instants de toute puissance d’un black pagan implacable – blasté, bardé de gros riffs, emmené par des growls d’ours – sont mêlés de moments suspendus où la musique traditionnelle nous entraîne loin. Avec Amidst the Ruins, on se balade le long de châteaux en ruines, au bord de falaises où en contrebas, les vagues hostiles fouettent des rochers acérés, et on se sent vivant, tout simplement.

#7 BelnejoumDark Tales of Zarathustra (Antiq Records) (USA / Angleterre / Italie / Égypte)

Le petit label français Antiq Records (Silhouette) aurait-il signé l’un des plus gros coups de l’année avec Belnejoum? Derrière ce nom obscur se cache un supergroupe international emmené par le chanteur et pianiste Qaswad et composé du guitariste Fabio Bartolletti et de l’orchestrateur Francesco Ferrini (tous deux venus de Fleshgod Apocalypse), du bassiste d’Annihilator Rich Gray, du batteur de Nile George Kolias, du guitariste Ehab Salu et de la chanteuse Tamara Jokić. Pour ce premier album, ils ont convié un violoncelliste jouant sur un violoncelle du XVIIIème siècle, un violoniste, un ténor et un joueur de ney. Surtout, Dark Tales of Zarathustra a bénéficié du travail de Fredrik Nordström qui a travaillé avec At The Gates, In Flames, Dark Tranquility, Arch Enemy, Opeth, Soilwork ou Dimmu Borgir.

La liste des crédits est impressionnante et le résultat l’est tout autant. Partant d’un récit complexe, Dark Tales of Zarathustra est un album ambitieux, riche dans son orchestration, jouissant du talent de musiciens pourtant ne venant pas du black metal mais offrant un black metal mélodique et symphonique à fois limpide, racé, élégant, plein de références à des pièces classiques connues, et d’une puissance dévastatrice. Je pourrais enfiler les superlatifs à la pelle mais les faits sont là : Belnejoum nous offre un voyage épique où les plans gothiques côtoient la musique orientale, mais surtout un classique instantané.

#6 Deftones Private Music (Reprise / Warner) (USA)

En 1995, Deftones sortait son premier disque Adrenaline, petite bombe nu metal transpirant l’urgence par tous les pores. Deux ans plus tard, le groupe montait le curseur avec l’immortel Around the Fur avant de prendre ses distances avec le genre pour des influences nouvelles avec le cultissime White Pony (lequel des deux derniers est mon Deftones préféré ? Mon cœur balance). Depuis, les natifs de Sacramento n’ont cessé de surprendre quitte à s’aliéner une partie des fans comme avec Gore. Deftones n’a jamais cherché à ressembler à quiconque, stylisant même l’écriture des noms des morceaux, multipliant les coups de communication cryptiques. Avec Private Music, on retrouve un peu de sobriété. Renouant avec une certaine viscéralité, un côté plus primal, Deftones sort un dixième album, qui se révèle couche par couche, écoute après écoute. Au début, on se prend un gros bloc dans la gueule, le mix chirurgical enchaînant les titres comme si cela ne faisait qu’un énorme monolithe. Au fil des écoutes, la subtilité émerge. Chino nous régale toujours. Sa voix, l’une des plus belles du metal, continuant de faire des merveilles. Stephen Carpenter n’a peut-être pas l’inspiration des débuts, ses riffs donnent toujours cette épaisseur supplémentaire à l’ensemble. Là où Ohms brillait par son côté pas toujours saisissable, Private Music est plus direct. Incapable de faire un mauvais album, Deftones continue à se poser en patron, en groupe unique en son genre. Aidé par une superbe production de Nick Raskulinecz qui avait œuvré sur Diamond Eyes et Koi No Yokan, Private Music s’imposera naturellement à une place de choix dans les meilleurs albums de l’année voire de la carrière de Deftones.

#5 ex aequo Blut Aus Nord Ethereal Horizons (Debemur Morti Productions) (France)

Deux ans après Nahab, on aurait pu croire que Blut Aus Nord allait continuer Disharmonium et sonder encore plus loin les cauchemars les plus sombres, les peurs les plus viscérales et l’obscurité totale. Mais Blut Aus Nord ne va pas où on s’attend et revient avec son album le plus lumineux depuis Hallucinogen. Plus aérien que ce à quoi nous avons été habitués, Ethereal Horizons est un album contrasté. Ici, la peur ne vient plus d’un univers cauchemardesque, mais de l’espace infini que le projet de Vindsval ouvre sous nos pieds. Avec des ambiances aériennes, des inclinaisons cold wave, des chœurs lithurgiques, des synthés omniprésents, des pauses contemplatives et une orientation plus black atmosphérique, Blut Aus Nord nous livre encore une fois un album hors normes, cosmique qui s’étend vers un infini où on pourrait se perdre.

#5 Maudits In Situ (Klonosphere) (France)

On ne s’était pas encore remis de Précipice, album dont le titre collait bien avec le climat politique français. On pouvait se dire que Maudits avait plié le game, comme disent les jeunes gens. Que nenni (comme disent les jeunes qui portent un pull noué autour des épaules), c’était sans compter sur In Situ, troisième joyau de la couronne (attention au vol, les gars) de Maudits. En bons artisans joailliers qu’ils sont, ils ont sorti un diamant maousse finement taillé. Le trio est devenu quatuor avec l’arrivée du violoncelliste Raphaël Verguin pour gagner encore en profondeur et en épaisseur. Et Maudits de nous surprendre encore, avec une cover de Portishead presque sympho avec Lün ou encore Olivier Lacroix d’Erlen Meyer qui vient poser un rap (et même là, c’est hyper classe). Que ce soit Olivier et sa superbe palette entre délicatesse et densité, la super paire basse/batterie (Erwan Lombard/Christophe Hiegel de très haut niveau) au groove élégant et le violoncelle spectaculaire de Verguin, Maudits livre là son meilleur album.

#4 Hangman’s ChairSaddiction (Nuclear Blast) (France)

Depuis 20 ans, Hangman’s Chair a une place à part dans le paysage metal français, et depuis que je les ai découvert avec This Is Not Supposed to Be Positive, chacune de leur sortie me mettait une énorme claque. Spoiler alert et twist inattendu….c’est à nouveau le cas avec Saddiction. Contraction de Sadness et Addiction, Saddiction est la suite de l’excellent A Loner sorti il y a trois ans. La ville, la nuit, la ville la nuit, l’urbanité comme source d’aliénation, le rapport contrasté aux grands ensembles urbains, la dépression, les addictions sont toujours au cœur de ce 7ème album, des thématiques parfaitement illustrées par la pochette de Valnoir. Musicalement inclassable, Saddiction continue d’œuvrer en mêlant une rythmique brute et massive ainsi que des riffs doomeux sur lequel viennent se plaquer des arpèges de cold wave et la production glaciale qui va avec, permettant encore une fois à Cédric Toufouti de nous livrer ses magnifiques vocalises qui prennent aux tripes. Le Cure de Disintegration et Pornography n’est pas loin. Difficile de rester insensible à ce nouvel album de Hangman’s Chair, difficile aussi de le lâcher, toute résistance est inutile.

#3 The Hives The Hives Forever Forever The Hives (Play It Again Sam Records) (Suède)

On n’avait pas fini de cicatriser du désanussage précédent que The Hives revient avec une nouvelle ogive. Force est de constater que The Hives a beau ne pas changer de recette, on ne se lassera jamais de leur garage rock punkoïde shooté aux anabolisants pour rhinocéros. Pour preuve, une fois qu’on a fini l’album, on se dit « allez on se le refait ». Le chant d’un Almqvist qui se déglingue les cordes vocales, les attaques à coups de riffs dévastateurs de la paire de gratteux, la section rythmique qui galope à la vitesse d’un Morandini après un car de collégiens, mais surtout la folie communicative d’un groupe qui part pied au plancher et ne s’arrête qu’à la fin. Encore une fois, c’est hyper addictif, on se mange plus d’une demi-heure d’orgasme continu. Meilleur groupe de l’histoire du garage rock, The Hives, c’est le remède à la morosité ambiante. Abusez-en.

#2 Coroner Dissonance Theory (Century Media Records) (Suisse)

Ça c’est un come-back pour le moins inattendu. Plus surprenant encore que celui de Bruno Lemaire dans un gouvernement (certes, pour 14 heures mais tout de même), celui de Coroner… 32 ans après son dernier album. Véritable légende du thrash technique, Coroner revient pour un sixième album à la hauteur de son statut. Tout d’abord, il convient de saluer le travail de Diego Rapacchietti. Arrivé en 2014, le mec a su se mettre au diapason du groupe. Son jeu de batterie, aussi rapide que précis, offre des patterns monstrueux. Le jeu de guitare est chirurgical et tout en subtilité avec à la fois une lourdeur et une agressivité bien dosées et la basse fait du cousu main. Les compositions sont faussement simples et très généreuses dans les variations proposées. Dans le genre, on est devant un authentique bijou forgé par un groupe qui joue dans un championnat difficilement accessible.

#1 Behemoth The Shit Ov God (Nuclear Blast) (Pologne)

Avant toute chose, autant évacuer le sujet le plus brûlant tout de suite. Oui, le nouveau méfait de Behemoth se nomme The Shit Ov God. Certes, on aurait presque l’impression d’un tag de gamin de Bétharram après une visite chez un surveillant, mais y a-t-il de quoi gloser, de crier à la provocation puérile et vaine, après des titres comme God=Dog ? Et le EP culte Fuck Me Jesus de Marduk où une femme se fait plaisir avec la seule utilité d’un crucifix, c’est du Verlaine peut-être ? Moi, pour ma part, ça ne me choque pas plus que ça.
Pour en revenir à l’album, après un ILYAYD magistral mais hélas incompris et un Opvs Contra Natvram très bon mais manquant de titres qui se démarquent, le triumvirat revient à un registre plus véhément, plus méchant, alliant puissance de frappe, richesse dans les compositions, rage pure et viscérale, anticléricalisme virulent et satanisme affirmé. Fini les chœurs liturgiques et autres rappels aux codes œcuméniques pour mieux les corrompre, The Shit Ov God se fait plus frontal, plus direct, moins subtil jusque dans les chœurs d’Androniki Skoula de Chaostar (son chant habité sur To Drown the Svn in Wine est une pépite). The Shit Ov God marque le retour de Behemoth à une musique plus sombre et malveillante. Côté sombre d’ILYAYD, c’est un nouveau classique, une branlée cosmique, une tarte balancée par Celui qui apporte la lumière. Le Seigneur des mouches appréciera.

Ainsi s’achève ma rétrospective musicale de 2025. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une belle année 2026 de nouveau et une bonne santé. D’ici là, vous pouvez écouter la playlist de cette 3ème partie ici : https://www.deezer.com/fr/playlist/14753347743

Par Nikkö

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