
Avis :
Figure de proue du Métal extrême, Cradle of Filth est passé par bien des états et des genres pour évoluer au fil de sa carrière. Ne contenant plus que Dani Filth comme membre originel, le line-up n’a jamais été très stable, mais pour autant, le groupe a toujours fourni des albums de façon régulière, passant du Death au Sympho, jusqu’à aller aujourd’hui vers ce que l’on pourrait appeler de l’Extrême Gothic Metal. Nous avions laissé le groupe en 2021 avec Existence is Futile, un excellent opus qui trouvait un bel équilibre entre violence, symphonie orchestrale et moments grandiloquents. The Screaming of the Valkyries est le nouvel album des anglais, seizième opus au compteur, et il voit venir dans ses rangs un nouveau guitariste (Donny Burbage de Aether Realm) et une nouvelle claviériste qui fait aussi du chant (Zoe Marie Federoff de Catalyst Crime).
Bien évidemment, le groupe était attendu au tournant après leur excellent précédent opus. On ne savait pas trop comment Dani Filth allait gérer l’avenir du groupe, revenant à un son plus brut, ou continuant son petit bonhomme de chemin dans un genre moins percutant qu’au début, mais tout en peaufinant une imagerie horrifique plaisante. Et les vampires anglais ont décidé de continuer dans le symphonique/gothique grandiloquent, tout en excluant des phases instrumentales et des ajouts qui auraient été bénéfiques à l’ambiance générale. Mais ne nous affolons pas, ce seizième effort est bel et bien une réussite, même s’il demeurera inférieur à son aîné. Pourtant, le début est vraiment excellent avec le hit en puissance To Live Deliciously. Le début est tonitruant, avec un beau blast à la batterie, et une virulence qui semble prendre le dessus. Pour autant, le titre sera plus complexe que cela.
En effet, le refrain jouera avec les codes du lyrisme, on aura quelques éléments symphoniques qui viendront se greffer avant le refrain, donnant un côté très vampirique à l’ensemble, et on aura même droit à des moments instrumentaux puissants. Sans compter sur un refrain entêtant qui rentre immédiatement en tête. Bref, ce premier morceau est une grande réussite, et c’est peut-être le meilleur de l’album. Demagoguery ira un peu dans la même direction, et demeurera un bon titre. La rythmique est relativement rapide, le mélange entre la virulence des riffs et le clavier relativement aérien est savamment dosé, et on aura droit à un break tout calme qui permet à Dani Filth de peaufiner ses jeux vocaux pour rendre l’ensemble assez sombre et inquiétant. On est clairement dans un métal gothique qui joue avec son aspect horrifique et avec un côté mélancolique parfaitement assumé.

On sera plus circonspect autour de The Trinity of Shadows. Le début est puissant et envoie très fort, mais on restera ensuite sur un tempo qui ne variera jamais. Le morceau est plaisant, mais il reste assez lisse et manque de mordant. De plus, la patte Cradle of Filth n’est pas très présente, si ce n’est dans les vocalises du chanteur. On lui préfèrera Non Omnis Moriar qui s’amuse sur un mid-tempo langoureux, offrant alors un morceau qui coche toutes les cases du Gothic et montre une nouvelle facette du groupe. Néanmoins, on a tendance à préférer le groupe lorsqu’il balance la sauce et offre des morceaux plus grandiloquents et puissants. Car même si la chanteuse peut s’en donner à cœur joie, on est tout de même sur un morceau que l’on a l’impression d’avoir entendu plein de fois. Heureusement, White Hellebore sort l’artillerie lourde.
Il s’agit ici du titre qui utilise le mieux toutes les nouvelles facettes de la formation. A la fois puissant, rugueux, complexe, virevoltant dans les nappes musicales, jouant avec les tessitures vocales et offrant un bel échange entre Dani et Zoe, bref, c’est un titre complet et vraiment intéressant, qui se dévoile au fur et à mesure des écoutes. Il s’ensuit alors la pièce maîtresse de l’album, You are my Nautilus, qui pourrait presque passer pour du Power Métal. C’est un excellent morceau, mais il lui manque peut-être un côté plus sale pour vraiment marquer. Heureusement, Malignant Perfection sera là pour afficher ce visage glaçant que peut avoir le groupe. Qui sera ensuite approfondit par Ex Sanguine Draculae, un morceau-fleuve puissant et d’une noirceur addictive. Enfin, When Misery was a Stranger viendra clôturer l’album de façon plutôt mainstream, mais fichtrement réussie, avec un redoublement de violence.
Au final, The Screaming of the Valkyries, le dernier album de Cradle of Filth, est un bel opus de la part des britanniques. S’il demeure inférieur à son prédécesseur à cause d’un léger manque de moments instrumentaux qui viendraient peaufiner une ambiance plus macabre, Dani Filth et sa clique propose tout de même un opus de qualité, qui continue à jouer avec les genres et faire preuve d’un équilibrisme parfait. Les amateurs du groupe seront certainement ravis par cette direction prise.
- To Live Deliciously
- Demagoguery
- The Trinity of Shadows
- Non Omnis Moriar
- White Hellebore
- You are my Nautilus
- Malignant Perfection
- Ex Sanguine Draculae
- When Misery was a Stranger
Note : 16/20
Par AqME
