
De : Matt Palmer
Avec India Fowler, Suzanna Son, Fina Strazza, Ella Rubin
Année : 2025
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Dans la ville de Shadyside, dans l’Ohio, le bal de fin d’année approche. Les filles populaires se lancent dans la course à la couronne. Bientôt, des filles commencent à disparaître mystérieusement…
Avis :
Quand on était enfant, une collection a fait son apparition dans toutes les bonnes bibliothèques : Chair de Poule. Ecrite par R.L. Stine, la collection n’a fait que s’agrandir et résonner comme une bonne entrée dans le monde de l’épouvante et de l’horreur. Puis, voyant son lectorat grandir, l’auteur a alors écrit Fear Street, allant un peu plus loin dans la terreur, s’adressant cette fois-ci à un public plus adolescent. Exit donc l’éponge mangeuse d’humains sous l’évier, et place à de vrais tueurs en série et autres sorcières qui vont zigouiller du pauvre hère à tout-va. Netflix va alors racheter des droits d’adaptation pour cette collection, et c’est en 2021 que sort une première trilogie qui s’avèrera plutôt sympathique. Forcément, avec le succès, il fallait continuer d’explorer cet univers qui se passe dans une seule ville : Shadyside. Prom Queen est le quatrième volet de cette franchise.

Il aura fallu attendre quatre ans avant de voir débouler le quatrième opus de cette nouvelle saga, qui s’adresse plus ou moins à un public adolescent, ou alors aux fans d’horreur. Ici, Leigh Janiak, la réalisatrice des trois premiers films, n’est plus de la partie, et on laisse la caméra à un certain Matt Palmer. Si ce n’est vous est inconnu, ce n’est pas étonnant, car on retrouve dans sa carrière un seul film, Calibre, et quel film ! Thriller âpre et violent sur l’amitié et le fait de cacher un drame poignant, Matt Palmer avait placé la barre assez haut, avec un film sous haute tension. Ici, il change quand même de registre, allant pleinement dans le slasher, avec pour ligne de mire une ambiance très 80’s, l’action se déroulant alors en 1988. Et malheureusement pour nous, le résultat ne sera pas à la hauteur de nos espérances.
« un slasher bas du front qui n’a pas grand-chose à raconter de neuf »
Déjà, d’un point de vue scénaristique, le film ne va pas pêcher bien loin. On suit une jeune fille, Lori, qui se présente à l’élection de reine du bal de son lycée. Mais Lori est un peu mise à l’écart, car sa mère fut accusée à tort du meurtre de son père, et elle a mauvaise réputation. D’autant plus que parmi les autres prétendantes au titre, on retrouve la fille la plus populaire du bahut, qui traine derrière elle plusieurs copines que les autres lycéens surnomment la meute. Tout cela nous est présenté en introduction de film, avec la voix off de Lori qui explique qui est qui, et quel rôle elles ont à jouer là-dedans. Une façon assez grossière de présenter les futures chairs à canon, au sein d’un slasher bas du front qui n’a pas grand-chose à raconter de neuf.
Bien évidemment, après les présentations, on va avoir droit à quelques backgrounds, histoire d’approfondir les personnalités les plus importantes. On y voit la vie de famille douloureuse de Lori, le côté bourgeois de Tiffany, sa principale rivale, qui est un vrai monstre, mais aussi quelques side-kicks plus ou moins importants, comme la meilleure amie de Lori, qui adore faire peur aux autres via des prothèses et du faux sang. Le problème avec cette façon de faire, c’est que l’on détecte de suite qui va mourir en premier, et qui va survivre un peu plus longtemps. Par exemple, on sait très bien que les filles faisant partie de la meute ne vont pas faire long feu, et qu’à la fin, ce sera un duel à mort entre Tiffany et Lori. L’écriture est un réel problème dans ce film, qui n’arrive jamais à se faire passionnant.
« là où le film surprend, c’est dans sa générosité gore »
On y décèle bien quelques messages subliminaux, comme le fait que la pression peut rendre fou, allant jusqu’à tuer littéralement ses adversaires (ce n’est pas un spoiler), ou encore qu’il faille se battre contre la rumeur pour prouver qui l’on est vraiment, mais tout cela reste en filigrane. Le film insiste sur ces passages pour mieux faire passer la pilule, mais ils ne sont là que pour faire avancer péniblement une intrigue qui tient sur un timbre-poste. Tout comme en rentre plein pot dans les clichés des années 80, avec la musique adéquate, les lycéens qui se rangent par catégorie, avec les dominants, qui imposent leur loi, et les dominés, qui essayent de survivre dans un monde brutal d’un point de vue psychologique. C’est relativement redondant, et la mise en scène, très typée 80’s ne fait que singer ce que l’on connait déjà par cœur.
Alors à quoi peut-on bien se raccrocher quand quasiment rien ne va ? Eh bien la réalisation n’est pas si dégueulasse que ça. Aussi référencée soit-elle, elle demeure de bon aloi, même si on aurait pu en demander plus. Mais il est de bon ton de rappeler que nous sommes sur Netflix, et qu’il ne faut pas demander la lune non plus. Mais là où le film surprend, c’est dans sa générosité gore. Les meurtres sont très graphiques, et on retrouve quelques sévices qui font mal. Le coup de la scie circulaire en plein visage, ou encore le massicot qui va servir à trancher les deux mains d’un pauvre lycéen, sont des moments bien sales et en plein cadre. Rares sont les slashers aujourd’hui qui arrivent à maintenir un aspect aussi sanglant, n’hésitant pas à partir assez loin dans le dégueulasse, notamment sur la fin, qui se révèle presque jouissive.

Au final, Fear Street : Prom Queen n’est pas un bon film, ni même un bon slasher. Il s’agit d’un film d’horreur qui manque de fond et qui ne capitalise que sur son ambiance fin années 80 et sur sa bande-originale qui joue de nombreux classiques (Sweet Dreams et Diego par exemple). Pour le reste, c’est du vu et revu, et la seule récompense que l’on peut avoir, c’est ce côté gore décomplexé qui parsème l’ensemble du long-métrage. Bref, pas de quoi sauter au plafond, et on espérait mieux venant d’une franchise qui avait marqué de bons points sur ses deux premiers opus.
Note : 08/20
Par AqME
