De : Franck Gastambide
Avec Franck Gastambide, Malik Bentalha, Anouar Toubali, Ramzy Bedia
Année : 2016
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
Franky et Krimo rêvent de quitter la grisaille de leur quartier pour partir en voyage dans la célèbre et sulfureuse station balnéaire thaïlandaise de PATTAYA. Pour pouvoir s’y rendre à moindre coût, les deux amis ont la folle idée d’inscrire à son insu le nain de leur quartier au championnat du monde de Boxe Thaï des Nains. Mais ce qui devait être pour eux des vacances de rêves va se transformer en l’aventure la plus dingue et périlleuse de leurs vies.
Avis :
C’est en 2012 que Franck Gastambide va rencontrer un succès fulgurant en France. Tout d’abord dresseur pour chiens pour le cinéma (dont Les Rivières Pourpres), il va alors se diriger progressivement vers l’écriture et la réalisation. En résultera alors l’excellent Les Kaïras, film le plus rentable de 2012, et amplement mérité. Le succès fut tel qu’une suite devait être prévue, mais le jeune réalisateur voulait s’affranchir de cette licence pour faire un film totalement original. C’est ainsi que déboule Pattaya, comédie burlesque sur les jeunes de banlieue et influencée par les films d’action des années 80/90. Le résultat est-il à la hauteur des espérances placées en Gastambide ? Non. Et autant être clair de suite, Pattaya est un film nauséabond, qui se moque plus qu’il ne dénonce et pose quelques cas de conscience.
Humour ou moquerie ?
L’histoire raconte comment deux mecs des cités vont aller à Pattaya en trompant un nain de leur quartier, lui faisant croire qu’ils partent pour La Mecque. Dès lors, en arrivant sur Pattaya, les trois compères vont se retrouver piégés à leur propre jeu, obligeant le nain à participer à un match de boxe thaï face à un tueur. Ils vont alors trouver toutes les astuces possibles et imaginables pour échapper à ce match et faire la fête dans la ville du vice. Avec un tel pitch, on aurait pu croire à un déferlement de blagues et de situations cocasses, laissant libre cours à l’humour de Gastambide, restant dans l’esprit des Kaïras. Sauf que ce ne sera pas le cas. Si, effectivement, les traits d’humour sont continus et que le rythme est effréné, on va vite se rendre compte que l’on se fout joyeusement de notre gueule, et que le film n’est qu’une succession de moqueries bas du front.
Il faut d’ailleurs croire que Franck Gastambide a réellement un problème avec les nains et les gens obèses. A chaque fois, c’est la même chose, on se moque des différences des gens, sans jamais les montrer sous un meilleur jour, utilisant leur différence comme un avantage. Ici, tout est tourné en ridicule. Les gens gros ne pensent qu’à bouffer, on les filme au ralenti quand ils courent, histoire de bien se foutre de leur gueule. Il en va de même pour les personnes de petite taille, qui sont tournées en ridicule lors de combat, ou encore lors de certaines séquences d’action. La course-poursuite au début où ils capturent le nain avec un filet comme si c’était une bête sauvage, pour ensuite l’attacher à un jeu pour enfants, c’est franchement de mauvais goût. A cela, il faut rajouter une touche scato, et de l’humour qui s’adresse à un public des cités, avec un vocabulaire que l’on risque de ne pas comprendre.
Des références au rabais
D’un point de vue de la mise en scène, on peut dire que Pattaya essaye de voir grand. Disons que dans le tout-venant de la comédie française, il essaye d’aérer sa mise en scène pour proposer de jolis plans. Certains extérieurs comme les temples thaïlandais sont très beaux, on aura droit à des courses-poursuites qui ont de la gueule, et même certains passages font très américains. Et si ce cinéma n’est pas non plus un modèle du genre, Franck Gastambide s’en inspire grandement pour certaines séquences, comme cette grande fête en bord de mer. Néanmoins, la Thaïlande n’est pas montrée sous son meilleur jour. Pattaya est une ville du vice où les Ladyboys sont des monstres et où tout, ou presque, est permis. Un cliché des jeunes de banlieue que Gastambide essaye peut-être de briser, mais qu’il ne parvient jamais vraiment, la faute à des personnages qui s’amusent plus qu’autre chose.
L’ « américanisation » de son film se ressent jusque dans les références qu’il cite ouvertement. Outre Bloodsport dans une dernière séquence d’une banalité affligeante, on pourra y voir du Very Bad Trip, du Projet X, et même quelques fulgurances que n’aurait pas renié un Todd Phillips en début de carrière. Le problème, c’est que le réalisateur français ne s’affranchit jamais vraiment de ces références et ne fait que les citer, ne parvenant pas à donner une identité propre à son film. Si ce n’est à présenter des jeunes de banlieue débiles. Et là, les personnages sont une calamité, tout comme les acteurs. Franck Gastambide joue les abrutis fan de Vin Diesel et hormis son amour perdu, il n’a pas d’épaisseur. Il en va de même avec le personnage de Malik Bentalha, looser petite frappe qui se plaint tout le temps. Non seulement le personnage est pénible, mais l’acteur en fait des caisses. Et que dire des guests qui viennent parsemer le film.
Il faudrait vraiment comprendre qu’un film n’est pas une succession de saynètes à l’humour gras avec quelques invités surprises que l’on va tenter de reconnaître. Les présences des rappeurs Seth Gueko, Rim’K (pire rappeur qui, à plus de 40 ans, continue à parler de drogue et de femmes sans jamais aborder des problèmes de fond) ou encore de Cyril Hanouna et Fred Testot n’aident pas à l’appréciation du film. Tout simplement parce qu’ils ne sont que des cache-misère d’un scénario fatigué à l’avance.
Au final, Pattaya est une piètre comédie. Franck Gastambide laisse tomber Les Kaïras pour tenter une aventure indépendante, mais cela ne lui réussit pas. Entre vulgarité, blagues potaches et scato, acteurs en roue libre ou encore moqueries incessantes envers des personnes « différentes », le jeune réalisateur français se perd dans le mauvais goût, qui deviendra par la suite son crédo. C’est dommage, car il s’agit d’un cinéaste qui a une certaine vision, qui détient un bel œil, et il gâche tout ça avec des idées nauséabondes…
Note : 06/20
Par AqME