De : John Wax
Avec Audrey Lamy, Nicolas Chupin, Eden Lopes, Naidra Ayadi
Année : 2024
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
Pauline est la maman d’Andréa, 6 ans et demi, un petit garçon formidable à qui on a diagnostiqué un TSA : un « trouble du spectre autistique ». Il n’est pas vraiment au niveau mais il est toujours scolarisé et s’apprête à faire sa rentrée en grande section de maternelle. Pour Pauline, sans revenus fixes et récemment séparée de Fabrice, le père d’Andréa, tout semble concourir à faire de sa vie une succession d’échecs. Or pour Andréa, c’est une année cruciale qui va déterminer s’il peut ou non rester scolarisé et obtenir ainsi une meilleure chance de voir son état s’améliorer. Mais pour cela, Andréa a besoin de stabilité et pour Pauline, la lui apporter, c’est un peu (beaucoup) gravir l’Himalaya en tongs…
Avis :
John Wax est un réalisateur français d’une quarantaine d’années qui a débuté dans le cinéma en tant que photographe de plateau, avant de passer « Supervising Art Director ». Ainsi, pendant une dizaine d’années, il va beaucoup observer, travaillant sur beaucoup de comédies françaises telles que « Case départ« , « Jour J« , « Taxi 5« , « Les Kaïra« , « Pattaya » ou encore « Coexister« … Bref, pas de quoi en tomber par terre. Puis en 2020, il surprend tout le monde avec sa première coréalisation, l’excellent faux documentaire « Tout simplement noir« . Le film se pose alors comme une pure comédie et l’une des surprises de cette année, alliant aussi bien les critiques que le public.
Depuis, John Wax a réalisé une minisérie pour Canal +, mais son retour remarqué, ce sera avec cette première réalisation en solo qu’il opère. Adapté d’un spectacle qu’il avait été voir juste avant le confinement, « En Tongs au pied de l’Himalaya« , c’est le combat ordinaire d’une mère face à l’autisme. Pour ma part, je dois dire que je n’avais pas plus envie de voir ce film que cela, car j’avais l’impression de connaître déjà ce genre d’histoire, mais pourtant, je me suis laissé tenter, parce que j’aime la métaphore du titre, et puis j’avais envie de voir Audrey Lamy dans un nouveau rôle, bien loin des comédies dans lesquelles on la retrouve régulièrement, et j’ai franchement bien fait de m’y arrêter, car John Wax livre un très beau film. Un film juste et vibrant qui évite le misérabilisme ou la comédie gênante.
« John Wax s’intéresse à l’autisme via les parents »
Pauline, trente-neuf ans, est la maman d’Andréa, un petit garçon de six ans, qui est autiste. Séparée depuis peu du papa d’Andréa, c’est la rentrée scolaire pour l’enfant, et cette année est décisive, puisque c’est l’année où Andréa doit beaucoup apprendre pour pouvoir passer au CP. Maman solo, travaillant dans un bar et étant venu vivre chez son frère, Pauline essaie de tenir la route comme elle le peut, partagée entre moments de joie et des moments où elle a l’impression qu’elle est en tongs, et qu’il lui faudra gravir l’Himalaya avec ces chaussures-là.
Il y a des films qui arrivent à déjouer tous les pronostics qu’on avait imaginé lorsqu’on a lu leur synopsis, et c’est le cas de cette première réalisation en solo de John wax qui nous offre ici un très beau film, sur un sujet que le cinéma a déjà traité beaucoup de fois, l’autisme. Enfin, pour ce film, le réalisateur présente son sujet sous un autre angle d’attaque. Alors qu’on a déjà eu des films qui parlaient de l’autisme presque à la première personne, comme « Monsieur, je sais tout« , « Rain Man« , « Le goût des merveilles« , « Snow Cake« , avec « En Tongs … », John Wax s’intéresse à l’autisme via les parents, et plus précisément via cette mère solo qui tire la ficelle par les deux bouts.
Doté d’un scénario très riche, « en tongs au pied de l’Himalaya » est un film qui parlera aussi bien de la difficulté au quotidien d’élever un enfant autiste, tout comme le film déborde aussi d’amour. Ici, c’est un combat permanent. Un combat qui a ses victoires et ses défaites, un combat qui met à rude épreuve ceux qui y participent, et alors que la carte du misérabilisme ou du « oh la pauvre »… n’est pas bien loin, John Wax réussit avec brio à éviter tout cela.
« John Wax qui ne cesse d’osciller entre rires et émotions »
Avec ça, le film parlera aussi de l’ignorance des accompagnants, et le manque de budget de l’administration et des écoles pour accueillir un élève qui demande plus d’attention. Le film s’intéresse aussi à la famille, avec ceux qui acceptent, et dont le handicap n’est presque plus visible, et ceux qui ignorent, qui se braquent et restent centrés sur eux même. Puis enfin, au bout de ça, si le film aborde énormément le rôle de mère et comment cette femme se dédie à son fils, il n’en oubliera pas aussi de parler de la femme, de ses désirs, de ses problèmes et de son envie de construire. Bref, tout cela donne un très beau scénario, qui va être sublimé par la mise en scène de John Wax qui ne cesse d’osciller entre rires et émotions, entre scènes solaires et des moments bien plus difficiles.
Et ce même scénario sera aussi sublimé par la composition impériale d’Audrey Lamy qui trouve là son plus beau rôle. Bien loin de l’image qu’on lui connaît, l’actrice est parfaite, incarnant à merveille toutes les facettes de cette maman courage. Puis il ne faudrait surtout pas oublier le jeune Eden Lopes qui est incroyable dans la peau de ce petit garçon plus vrai que nature. Le duo Lamy/Lopes fonctionne à merveille et ensemble, ils nous tiennent du début à la fin.
Une fois que vous aurez été voir « Gladiator 2« , qui est l’énorme mastodonte de la semaine, il serait franchement dommage de passer à côté de ce joli film qui sait comment raconter son sujet autrement, qui offre de beaux moments de cinéma, qui est tenu par un duo d’acteurs au-delà du sublime, et qui vous fera passer du rire aux larmes sans le voir arriver.
Note : 15/20
Par Cinéted