Nefarious – LE Film pour Ultra Catho Droitardé

De : Cary Solomon et Chuck Konzelman

Avec Sean Patrick Flanery, Jordan Belfi, Tom Ohmer, Daniel Martin Berkey

Année : 2025

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

Le jour de son exécution, un tueur en série condamné à la chaise électrique subit une dernière évaluation psychiatrique au cours de laquelle il révèle être possédé par un démon. Il affirme qu’avant la fin de la journée, le psychiatre aura lui- même commis trois meurtres.

Avis :

Les américains ont vraiment un gros problème avec la religion. Que l’on croie ou non en Dieu, en Allah, ou en qui que ce soit, cela relève de la sphère privée, et tout un chacun est libre de croire en ce qu’il veut, voire de ne pas croire du tout. Cependant, cela reste très mal vu par des bigots qui pensent détenir la vérité vraie et veulent imposer des règles de vie à tout le monde. Le cinéma étant un art populaire, certains producteurs, scénaristes et autres réalisateurs y ont vu une opportunité pour imposer leur vision de la religion et faire du prosélytisme. Bien entendu cela concerne les chrétiens américains, car si ça avait été des musulmans, cela aurait fait les gros titres de tous les journaux de la planète. Bref, tout ça pour dire qu’il existe des films ultra cathos aux valeurs plus que douteuses.

Dans le genre, le duo Cary Solomon et Chuck Konzelman est un maître en la matière, officiant presque comme prédicateur du septième art. Versant tout d’abord dans le scénario avec des films tels que Dieu n’est pas Mort et sa suite ou encore Avez-Vous la Foi ?, le duo se fait connaître en 2019 avec Unplanned. Un film polémique grave puisqu’il véhicule une fausse image de l’avortement et du planning familial aux Etats-Unis, mentionnant qu’il se base sur des faits réels, alors que rien de tout cela n’est vrai. Une façon bien connue de véhiculer des idéaux factieux qui plaisent à l’extrême droit ultra conservatrice. Succès surprise au pays de l’oncle Sam, Nefarious est un thriller horrifique de la part du duo, qui veut offrir un long dialogue entre un psychiatre et un condamné à mort qui dit être possédé par un démon.

« Nefarious va être un film prosélyte, conservateur »

Si on entre vierge de tout soupçon quant aux réalisateurs et à leur passif dégueulasse, on peut se dire que l’idée est bonne, et que le film va brasser des thèmes intelligents. Tout en jouant autour d’une mise en scène minimaliste qui permettra aux acteurs de briller par leurs interprétations. Malheureusement pour nous, Nefarious va être un film prosélyte, conservateur, aux intentions malsaines et aux idéaux nauséabonds. Ici, tout va être question de lutter contre le progressisme, que l’on doit à Satan et aux démons, et tout acte qui ne rentre pas dans la Bible est alors considéré comme un meurtre. Mais cela va venir pernicieusement, après un début intriguant, mais qui grille tout de même quelques pistes. En effet, on y voit un psychiatre tomber d’un immeuble, ainsi qu’un tableau qui bouge tout seul, ne laissant aucun doute sur la possession.

A partir de là, on va assister à la venue d’un nouveau psychiatre, qui doit poser un diagnostic sur le tueur. S’il plaide la folie, il échappe à la peine de mort, sinon, il passe sur la chaise électrique. Et le début se révèle assez intéressant. Le dialogue s’installe, Sean Patrick Flanery est vraiment habité par son personnage, et l’ensemble fonctionne plutôt bien, avec une bonne dynamique dans le Montag et le découpage. Seulement, au bout de quelques minutes, le film s’essouffle, et l’ensemble des points racontés retombe comme un soufflé. L’introduction plombe d’entrée de jeu le mystère autour de la possession. On pourrait se demander s’il s’agit d’une vraie possession ou juste d’un type complètement fêlé, mais le coup du suicide avec le tableau tend à réduire le mystère, et à nous aiguiller sur la véritable possession. Difficile, dès lors, de ressentir de la tension.

« c’est un festival d’idéologies rétrogrades et complètement pétées »

Mais le pire dans tout ça, c’est l’imbécilité crasse du psychiatre, qui ne se pose jamais les bonnes questions. Plutôt que de se demander si son patient est schizophrène ou réellement possédé, il ne remet jamais en question les savoirs de ce prisonnier, qui connait toute sa vie, même le moment où la femme du psychiatre va avorter. Cette omniscience n’est jamais remise en cause. Cela découle, bien évidemment, de la malhonnêteté des scénaristes qui veulent passer au forceps leurs idéaux religieux. Oui, il est possédé, oui, il est rentré dans la tête du psychiatre, et oui, tous les actes de ce médecin concourent à faire de lui un meurtrier. Aucune nuance n’est permise, ni même remise en cause, et cela s’entend dans le discours du démon qui impose sa vision du paradis et de l’enfer, ainsi que de sa mission sur Terre.

Et alors là, c’est un festival d’idéologies rétrogrades et complètement pétées. Le premier point concerne alors l’euthanasie, avec un psychiatre qui a aidé sa mère à partir. C’est considéré comme un suicide, un immense péché, et surtout, on pointe du doigt la responsabilité du fils, pour qui c’est plus facile de dire au revoir que d’aider sa mère à mourir de façon convenable. Un discours conservateur dégueulasse qui renie le droit de mourir dignement. Par la suite, on aura droit à un pamphlet contre l’avortement, considéré là aussi comme un meurtre. C’est le cheval de bataille des deux réalisateurs, qui avait déjà abordé ce thème via Unplanned, leur précédent film de merde. Le tout étant surjoué par un démon qui accueille à bras ouverts ce bébé mort avant de naître. Enfin, le film sera ouvertement pro peine de mort, avec un final immonde et à côté de la plaque.

Au final, Nefarious est un film d’une nullité sans pareil. Non pas à cause de ses acteurs, qui se débrouillent pas trop mal, mais plutôt de par ses idéologies et ses points de vue qu’il impose comme une vérité générale. Ouvertement conservateur, contre l’avortement et l’euthanasie, pro religieux dans toute sa rigueur et bien évidemment pour la peine de mort envers des criminels, même si ceux-ci sont innocents, Nefarious est un pamphlet nauséabond qui se vautre lamentablement. Le succès aux Etats-Unis est inquiétant, mais fort heureusement, le bide en France rassure…

Note : 03/20

Par AqME