De : Trey Edward Shults
Avec Kelvin Harrison Jr., Taylor Russell McKenzie, Sterling K. Brown, Alexa Demie
Année: 2020
Pays: Etats-Unis
Genre: Drame
Résumé:
Le parcours des membres d’une famille afro-américaine, menée par un patriarche protecteur, mais très exigeant, sur les eaux troubles du malheur et du deuil. Un chemin douloureux qui finira par les rassembler sur les rives de l’amour et du pardon, si tant est qu’ils parviennent à accepter de lâcher prise.
Avis:
Réalisateur américain, Trey Edward Shults est de ces cinéastes que l’on surveille de très près. Commençant sa carrière au début des années 2010, alors qu’il commence à peine à mettre en scène, Trey Edward Shults va travailler sur deux films de Terrence Malick, « The Tree Of Life » et « Voyage Of Time« . Cette expérience changera totalement sa conception du cinéma. Après avoir fait parler de lui avec ses deux premiers films et plus particulièrement son deuxième, « It Come At Night« , dont les avis sont on ne peut plus tranchés, entre chef-d’œuvre et film ennuyant à mourir le réalisateur revient.
Trois ans après ce film, Trey Edward Shults est de retour pour une sortie on ne peut plus confidentielle, (seize salles osent le jouer) et c’est terriblement dommage, car le film n’est ni plus ni moins qu’une bombe. « Waves« , c’est une explosion d’émotions. « Waves« , c’est une plongée magnifique et merveilleuse au plus près d’une famille américaine et l’on en ressort touché, ému, bouleversé. Bref, « Waves » se pose comme une grande surprise et démontre encore une fois que le studio A24 est l’un des meilleurs du monde.
Tyler est un jeune homme de dix-huit ans qui a une belle vie. Il est né dans une famille plutôt aisée. Tyler fait de la lutte, domaine dans lequel il est très bon. Il s’entraîne avec son père, un homme protecteur envers sa famille, mais qui est aussi très exigeant, cherchant à pousser ses enfants à offrir le meilleur d’eux-mêmes. Tyler a une copine, il a des amis, bref, il a une belle vie, jusqu’au jour où…
Trey Edward Shults, pour son troisième film, nous livre là un puissant moment de cinéma, une œuvre magistrale qui allie avec perfection beauté visuelle et trame puissante, qui est source de réflexion et surtout d’émotion.
« Waves« , comme son titre l’indique, est une vague d’émotions pures. C’est un film qui est d’une grande intelligence aussi bien dans sa mise en scène que dans son scénario.
Divisé en deux grandes parties, il est vrai que le début peut laisser à penser à un exercice de démonstration de talent de la part de son réalisateur, qui multiplie les idées de mise en scène, de montage et de rythme, mais très vite, cette énergie nous happe et l’on se retrouve pris par cette histoire et ses personnages.
« Waves« , c’est une intrigue très simple, c’est une histoire qui peut arriver à tous, et Trey Edward Shults sait exactement comment en parler. Chronique familiale, chronique adolescente, chronique d’un drame, d’une reconstitution, le scénario écrit par son réalisateur est superbe. Divisé en deux partie comme je le disais, à travers cette histoire et surtout à travers ces personnages, « Waves » est un film qui parle, dans sa première partie, de la famille, de l’image paternelle, de cette envie de plaire à ce dernier et ce sentiment d’être écrasé en même temps. Il y a beaucoup d’amour et de vie dans cette première partie de film. Et pourtant, malgré ce bonheur, il y a quelque chose d’assez anxiogène qui s’échappe de l’ensemble, comme si tout était trop beau. Alors, petit à petit, de manière intelligente, Trey Edward Shults nous entraîne vers un point de rupture et fait basculer son film dans le drame. Dès lors, « Waves » devient une vague d’émotions, qui va devenir encore plus riche et beau qu’il ne l’était déjà. Abordant des thèmes puissants qui ne laisseront personne indifférent, le metteur en scène nous surprend, il nous bouscule et surtout il nous touche en plein cœur. Oui, je resterai très vague dans les thèmes que le film aborde dans sa deuxième partie, car il vaut mieux en savoir le moins possible finalement et plus encore, toute information serait alors un spoiler.
Du côté de la mise en scène, Trey Edward Shults frappe très fort, offrant un film qui n’est qu’une succession de vagues. Électrique, intense, fort, puissant, mais aussi poétique et posé, « Waves » n’est qu’une succession de montées et de redescentes, nous offrant des moments de cinéma marquants. Bourré d’idées de cinéma, bourré d’envie d’offrir autre chose, de bousculer les choses, de mélanger les codes et les genres, Trey Edward Shults sait exactement comment faire pour raconter cette histoire très simple, presque déjà vue, de manière neuve. On est happé par toutes les émotions contraires qui parcourent ce récit, par son envie de vie, au départ, par sa noirceur d’un autre côté, par son pardon et puis par cette magnifique histoire d’amour, pleine d’authenticité et de simplicité. Bref, « Waves » est un grand moment de cinéma inattendu.
« Waves« , c’est aussi un film magistralement interprété par tous les comédiens qui, en plus de trouver des personnages superbes, se donnent à fond pour le film. Si on mentionnera Kelvin Harrison Jr., Alexa Demie, ou encore Renée Elise Goldsberry, il est clair qu’on sera surtout bouleversé et impressionné par Sterling K. Brown absolument parfait dans la peau de ce père détruit. On sera tout aussi bouleversé par Taylor Russell McKenzie et Lucas Hedges qui en plus de crever l’écran, apportent tant d’amour, d’apaisement et d’émotion au sein de cette histoire.
Tristement mal distribué, « Waves » passera inaperçu et c’est tellement dommage, car il est l’un des plus beaux films et surtout l’un des plus grands films de ce début d’année. Puissant, bouleversant, authentique, fou, énervé, amoureux, tendre, poétique, Trey Edward Shults nous entraîne dans un morceau de cinéma affolant et l’on ne voit pas passer ces deux heures et quart. Mieux encore, on en redemande !
Note : 18/20
Par Cinéted