De : Steven Spielberg
Avec Ansel Elgort, Rachel Zegler, Jess Le Protto, Ariana DeBose
Année : 2021
Pays : Etats-Unis
Genre : Romance, Musical
Résumé :
WEST SIDE STORY raconte l’histoire légendaire d’un amour naissant sur fond de rixes entre bandes rivales dans le New York de 1957.
Avis :
Réalisateur qu’on ne présente plus, lorsque l’on entend le nom de Steven Spielberg, c’est une certaine idée du cinéma qui nous vient de suite en tête. « Rencontres du troisième type« , « Jurassic Park« , « Les dents de la mer« , « E.T. L’extraterrestre« , « La guerre des mondes« , « Il faut sauver le soldat Ryan« , « Ready Player One » …. Bref, autant de films, de genres et autant de décennies que Papa nous fait rêver. Lorsque l’on jette un œil sur la filmo de Spielberg, le cinéaste a pratiquement approché tous les genres de cinéma et parmi ceux qu’il lui manquait, il y avait la comédie musicale. Spielberg n’a jamais caché son envie de faire une comédie musicale et à soixante-douze ans, il se lance dans un nouveau défi de taille, en adaptant un monument du cinéma américain.
Remaker « West Side Story« , même quand on s’appelle Steven Spielberg, ce n’est pas une chose facile, car le spectacle de Jérôme Robbins, et plus tard le film dix fois Oscarisés de Robert Wise, sont des piliers intouchables, qui malgré leur grand âge, demeurent toujours présents dans la culture populaire. Pourtant, Steven Spielberg se lance dans ce rêve un peu dingue et vous savez quoi ? « Il y est arrivé ce vieux dégénéré… ». « West Side Story » cru 2021 est un sacré morceau de cinéma. Émotion, beauté, folie dans la mise en scène, politique avec comme toile de fond le racisme, Steven Spielberg étonne, touche, et nous scotche même à notre fauteuil. Bref, « West Side Story » par Steven Spielberg est un pur plaisir, et personnellement, j’ai déjà hâte d’y retourner.
New York, 1957, les rues de la ville sont souvent les témoins d’affrontements entre deux gangs, d’un côté les Jets, irlandais d’origine, et de l’autre il y a les Sharks, originaires d’Espagne. Les deux bandes se haïssent profondément. Un soir, lors d’un bal, Tony tombe sous le charme de Maria, la sœur de Bernardo, le chef des Sharks, et pour Bernardo, c’est intolérable. Dès lors, un affrontement entre les Jets et les Sharks est inévitable.
Waouh ! Faire une comédie musicale tenait à cœur à Steven Spielberg, et au-delà de ça, se lancer dans « West Side Story« , comédie musicale que Spielberg aime et admire énormément, était une sorte de rêve inaccessible, même pour lui, alors quand à soixante-dix ans passés, le réalisateur peut enfin se lancer dans ce projet, autant dire qu’il y a mis tout son cœur, son âme et sa technique et sa précision. C’est bien simple, « West Side Story » est beau de partout. De son ouverture qui est un bijou à elle toute seule, à sa conclusion aussi dramatique qu’elle est bouleversante, alors même qu’on connaît déjà l’histoire, Steven Spielberg nous aura conquis de bout en bout. Il aura même réussi à caser presque deux heures quarante de film qu’on ne voit absolument pas passer.
L’histoire de « West Side Story« , on la connaît déjà et hormis quelques petits changements, Steven Spielberg la respecte scrupuleusement. Grande histoire d’amour avec comme toile de fond la haine, le racisme et l’intolérance, mais aussi un New York en pleine mutation, comme le montre son ouverture, avec ces quartiers qu’on démolit pour bientôt y bâtir une nouvelle ville, le film de Spielberg est une odyssée romanesque et folle. Réécrit par Tony Kushner, qui est un habitué de chez Spielberg, puisque c’est aussi à lui qu’on doit le scénario de « Lincoln » et une partie de celui de « Munich« , ce nouveau « West Side Story » nous entraîne dans le New York des années 50, aux côtés de personnages qui traînent et se nourrissent de leur haine envers l’autre. Ainsi, entre provocation, bal, danses de rue et affrontements, on suivra le destin tragique d’amants maudits, dont le final nous bousculera toujours autant. En fait, soixante ans plus tard, (Le film de Robert Wise date de 1961), on se rend compte avec cru Spielberg, ou le cru Wise, que cette histoire et les problèmes qu’elle soulève sont toujours d’actualité.
Mais voilà, si l’histoire demeure toujours aussi belle et forte, ce nouveau « West Side Story« , c’est surtout un spectacle à tout instant. Techniquement, c’est irréprochable. On peut même dire que c’est incroyable, tant chaque scène est plus belle et majestueuse que la précédente. Steven Spielberg a injecté tout son savoir-faire, et il nous offre de grands moments de cinéma. Je vais me répéter, mais que ce soit l’ouverture, la scène du bal, une danse dans une rue, l’affrontement qui tournera au drame, ou encore le final, tout est purement tenu par Spielberg qui ne cesse de proposer des séquences qu’on n’a pas envie d’oublier.
Visuellement parlant, la photographie est à tomber par terre ! Ce « West Side Story » est sûrement l’un des plus beaux travaux de Janusz Kaminski, qui s’est totalement craqué pour l’occasion. On en prend plein la rétine, et l’on ressort bluffé.
Du côté musical, on a l’impression que le genre était fait pour Spielberg, qui assure parfaitement avec des scènes dansées et des chants qui vont être bourrés d’originalité, de panache, de rapports de force, de vie et d’amour. Bref, c’est du grand art.
L’autre défi que Steven Spielberg avait devant lui, c’était de trouver un casting qui pourrait assurer, du moins autant que celui du film de Robert Wise, et là encore le cinéaste fait des miracles, nous offrant des révélations sur révélations. Si Ansel Elgort est très étonnant, alors qu’on ne l’aurait pas forcément vu dans ce genre de rôle, le reste du casting est peuplé d’acteurs et d’actrices qu’on va prendre plaisir à découvrir. Ainsi, Mike Faist et David Alvarez en chef de gangs sont de géniales révélations. Rachel Zegler dont c’est le premier rôle, fait une Maria divine. On appréciera énormément de revoir Rita Moreno (qui incarnait Anita chez Robert Wise). Puis il y a Ariana DeBose qui incarne la nouvelle Anita et l’actrice est un immense coup de cœur. Charismatique, présente, enivrante, puissante, elle s’impose comme ma grande révélation.
Il fallait oser s’aventurer à refaire « West Side Story« , et tout Spielberg qu’il peut être, l’idée d’un remake du film de Robert Wise pouvait faire peur, et Steven Spielberg démontre encore une fois qu’il est un génie. Si son film a quelques petits défauts, comme parfois des chansons qui peuvent traîner un peu, Rachel Zegler qui parfois chante trop haut, ou encore toujours dans le chant, plusieurs chants en même temps, ce qui donne un effet brouhaha, il faut dire que ces petits, tout petit, défauts sont très vite oubliés face à la beauté, la puissance, les émotions et la folie de ce nouveau « West Side Story« . Steven Spielberg nous offre assurément un grand moment de cinéma et comme je le disais, j’ai déjà envie d’y retourner.
PS : à noter l’extraordinaire travail fait autour des effets spéciaux pour rendre au mieux le New York de la fin des années 50. Un travail effectué en partie par Jennifer Plouznikoff, une jeune femme extraordinairement anonyme et qui pourtant, à force de rêve et de « génialitude » a travaillé avec Steven Spielberg. Respect et amour éternel, la frangine.
Note : 18/20
Par Cinéted