De : Wes Anderson
Avec Jason Schwartzman, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Jeffrey Wright
Année : 2023
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Asteroid City est une ville minuscule, en plein désert, dans le sud-ouest des États-Unis. Nous sommes en 1955. Le site est surtout célèbre pour son gigantesque cratère de météorite et son observatoire astronomique à proximité. Ce week-end, les militaires et les astronomes accueillent cinq enfants surdoués, distingués pour leurs créations scientifiques, afin qu’ils présentent leurs inventions. À quelques kilomètres de là, par-delà les collines, on aperçoit des champignons atomiques provoqués par des essais nucléaires.
Avis :
Cinéaste américain au style reconnaissable dès la première image, celui fait presque trente ans que Wes Anderson insuffle sa poésie sur les écrans. J’ai découvert son cinéma avec « La vie aquatique » en 2005, et si j’ai vu tous ses films depuis (et avant), à mes yeux, c’est au cours des années 2010 qu’il a eu son moment de grâce avec « Moonrise Kingdom« , suivi de « The Grand Budapest Hotel« , et « L’île aux chiens« . Avec ces trois films, Wes Anderson a tutoyé les étoiles, un peu comme s’il était arrivé au sommet de son art.
Une sortie d’un Wes Anderson, ça reste alors toujours quelque chose sur laquelle on a envie de se jeter, et même s’il restait sympathique, je dois dire que son film suivant, « The French Dispatch« , s’était posé comme une déception. Au demeurant plaisant, « The French Dispatch » se posait aussi comme bordélique et confus dans ce qu’il racontait.
Deux ans après ce film, le réalisateur est de retour chez lui en Amérique avec « Asteroid City« . Pour ce nouveau film, j’avais l’espoir d’une comédie tout à fait « Andersonienne », qui ferait oublier la déception précédente et malheureusement, ce sera le même sentiment que pour « The French Dispatch« . Bordélique, faussement compliqué pour pas grand-chose, tournant en rond, bavard et se faisant longuet, « Asteroid City » laisse la sensation que Wes Anderson est bloqué dans son propre cinéma. Suite de saynètes qui s’enchaînent les unes à la suite des autres, « Asteroid City » saura amuser (et faire espérer un excellent retour) sur sa première demi-heure, mais hélas, le film se transforme en accordéon, et ce onzième film pour l’américain n’ira nulle part et laissera perplexe et déçu. Dommage.
1955, un auteur écrit une pièce de théâtre. Cette dernière se passera à Asteroid City et elle convoquera tout un tas de personnages hauts en couleurs. Dans cette petite ville célèbre pour son énorme cratère laissé par la chute d’une petite météorite, il ne se passe jamais rien. Alors qu’un concours est lancé, réunissant des surdoués, un extraterrestre arrive pour voler la petite météorite…
Encore une déception de la part de Wes Anderson. Pour son nouveau film, le réalisateur a placé sa caméra sur une scène de théâtre, et au-delà de celle-ci, il a placé sa caméra en plein milieu de l’Ouest américain, pour y filmer des acteurs qui incarnent des personnages « pris au piège » dans cette petite ville d’Asteroid City.
Comme toujours, le style de Wes Anderson offre un film visuellement sublime. Original, plein d’idées et de drôleries dans son image, magnifique dans ses couleurs, dans ses costumes, et tout un tas de détails qui offrent un charme fou à l’ensemble. Toujours dans les bons points, « Asteroid City » est souligné par une BO d’Alexandre Desplat assez incroyable. Une BO aussi belle qu’elle est déstabilisante, tant elle sort des sonorités habituelles.
Enfin, et comme toujours chez Wes Anderson, le film jouit d’un casting assez incroyable où se conjuguent les fidèles de toujours, Jason Schwartzman, Tilda Swinton, Edward Norton, Adrian Brody, Toni Revolori, avec de petits nouveaux qui sont les bienvenus, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Bryan Cranston, Matt Dillon, Maya Hawke et j’en passe. Tous ces comédiens trouvent des rôles hauts en couleurs, qui sont chouettes pris à part.
Oui, je dis pris à part, car sur l’ensemble, très vite, « Asteroid City » a tendance à se prendre les pieds dans sa trame et si l’ouverture (et la première partie du film) est amusante, une fois dépassé tout cela, le nouveau Wes Anderson n’offre rien de plus qu’un ensemble de saynètes, dont on a bien du mal à comprendre où le film veut en venir. Il n’y a pas vraiment de fil rouge, et au-delà de cela, le film ne raconte pas grand-chose finalement. S’il a bien des idées qui sont intéressantes, comme par exemple, cette « population » piégée dans cette ville en quarantaine, ou encore l’idée de cette rencontre du troisième type, « Asteroid City » se complique la trame pour pas grand-chose, avec notamment cette idée de scène de théâtre, mise en scène comme un film, alors que l’ensemble de ce que l’on regarde est une pièce de théâtre avec l’intervention d’un narrateur qui explique ce qui suit. Cette idée, qui semble sympathique et intéressante au demeurant, une fois placé dans le film, se trouve très vite complexe et démonstrative, et surtout alourdit l’ensemble pour rien.
Puis plus le film avance, plus il s’enlise et plus il donne l’impression que Wes Anderson est arrivé au bout de son style, et qu’il est en train de basculer dans une sorte de caricature de lui-même. Là où des films comme « The Grand Budapest Hotel » et « L’île aux Chiens » racontaient quelque chose, tenaient une histoire, avec « The French Dispatch » et celui-là, Wes Anderson ne raconte plus rien qu’un ensemble de scènes qui se veulent amusantes, et dont on retiendra surtout l’impeccabilité du style d’Anderson. En bref, c’est visuellement beau, très beau, mais ça ne raconte pas grand-chose qui intéresse et au bout du compte, on s’ennuie.
« Asteroid City » se pose alors comme une déception. Une de plus. Il y a des idées, et derrière ça, pris à part, le film tient de bons moments où le charme et le style de Wes Anderson opèrent, mais malheureusement, sur l’ensemble, très vite, le film s’enlise, ne raconte plus grand-chose, il ne fait que parler, parler et encore parler, et avec ça, il se fait ennuyant et ça, c’est vraiment dommage. En espérant que le suivant rattrape ces deux déceptions coup sur coup.
Note : 09/20
Par Cinéted