novembre 24, 2025

Deliver Us From Evil – L’Enfer de la Traque

Titre Original : Daman Akeseo Goohasoseo

De : Hong Won-Chan

Avec Jung-Min Hwang, Jung-Jae Lee, Jung-Min Park, Moon Choi

Année : 2020

Pays : Corée du Sud

Genre : Thriller

Résumé :

Un assassin se rend en Thaïlande afin de résoudre une affaire d’enlèvement. Bientôt, il se rend compte qu’il est poursuivi par un homme dont il a tué le frère.

Avis :

Le cinéma coréen constitue une occurrence à part entière dans le domaine du 7e art. Il se distingue, entre autres, par la qualité de sa narration et de sa mise en scène. Qu’il s’agisse du polar, du film noir ou du thriller, ces productions sont appréciées pour leur tonalité âpre. Leur approche sans concession emporte le spectateur dans la noirceur de l’âme humaine, de la société qu’elle a édifiée. En ce sens, Deliver Us From Evil semble s’inscrire dans la continuité d’illustres productions qui le précèdent. On songe à J’ai rencontré le diable, la trilogie de la vengeance de Park Chan-wook ou The Chaser, dont le scénariste est le réalisateur du présent métrage.

De prime abord, l’intrigue s’insinue dans le sillage des films de gangsters. Cela tient au récit, comme aux protagonistes. En dépit d’un background qui sous-tend un itinéraire complexe et cahoteux, il émane une atmosphère amorale, à même de dépeindre un climat délétère, sinon nihiliste. Ici, le parcours d’un tueur à gages sur le point de prendre sa retraite s’immisce dans une criminalité ignominieuse. Si l’on songe à quelques règlements de compte opportunistes, l’enlèvement d’enfants et le trafic d’organes apportent une dimension malsaine à la course contre la montre initiale. À certains égards, cette dernière n’est pas sans rappeler Taken, au regard des enjeux et de la progression effrénée.

« le scénario fait montre d’une maîtrise évidente »

L’histoire de Deliver Us From Evil évoque un drame familial, en filigrane d’un polar nerveux qui multiplie les séquences d’action. On peut s’attarder sur les courses-poursuites dans les rues de Bangkok, les fusillades et, surtout, les combats rapprochés. Bien que surréalistes en raison du surnombre d’ennemis, ces affrontements retiennent l’attention par la qualité des chorégraphies et de leur déroulement. Ils dénotent le caractère implacable des principaux intéressés. Cela sans compter sur leurs compétences pour tuer avec efficacité et sans fioritures. Le dynamisme général vient souligner cette frénésie, et ce, que le contexte soit justifié ou gratuit.

Bien que classique, le scénario fait montre d’une maîtrise évidente pour étayer son propos. L’approche a beau se montrer linéaire, elle n’en demeure pas moins pertinente. L’évolution narrative exploite le potentiel du cadre afin de renforcer l’immersion du spectateur. Si le tournage dans de véritables lieux affirme le réalisme du film, on peut également avancer un travail sur la photographie et la colorimétrie qui contraste avec d’autres productions. À Bangkok, les teintes jaunâtres mettent en avant le clivage géographique, ainsi que le climat putride qui émane de ces quartiers gangrenés par la criminalité, quelle que soit la forme qu’elle puisse emprunter.

« la critique sociale reste présente »

Elle a beau demeurer secondaire dans le discours général, la critique sociale reste présente pour insister sur les errances d’un système corrompu. On songe au laxisme et à l’incompétence des forces de l’ordre, à la perversité de certains malfrats. Au regard des valeurs véhiculées, ce traitement offre une dimension toute particulière au statut des personnages principaux. Cela tient à une nécessité de s’adapter à son environnement afin de survivre, de s’acclimater à la cruauté ambiante par une insensibilité à toute considération humaine. Ce constat se confirme avec la brutalité de l’antagoniste, en opposition à son style exubérant. Cela vaut aussi pour le protagoniste, au mutisme et au comportement circonspects.

Au final, Deliver Us From Evil s’avance comme un métrage efficace, à la fois abrupt et acrimonieux dans ce qu’il évoque. Ce n’est pas tant l’acte de rédemption du tueur à gages qui prévaut, mais plutôt sa capacité à user de son talent d’assassin pour une cause qui donne un tout autre sens à son existence. Entre une mise en scène nerveuse, une progression qui n’offre aucun répit, des échanges mesurés et une atmosphère délétère, le film de Hong Won-chan présente un propos acerbe et froid, presque clinique, sur la valeur d’une vie humaine. Cela tient autant à l’exploitation des corps qu’au nombre effarant de morts qui surviennent devant l’objectif. Il en ressort une incursion brutale, sans concession et d’une indéniable rigueur pour dépeindre un duel au cordeau.

Note : 15/20

Par Dante

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