
Auteur : Ken Follett
Editeur : Robert Laffont
Genre : Historique
Résumé :
Stonehenge,
2500 ans avant notre ère,
La naissance d’une légende…
Seft est tailleur de silex. Sous la chaleur estivale, il traverse la Grande Plaine pour participer aux célébrations du solstice d’été qui marquent une nouvelle année. Il espère y vendre le fruit de son travail… et revoir Neen dont il est épris. Issue d’une famille puissante d’éleveurs, la jeune fille pourrait lui offrir une nouvelle vie, loin de la violence de son clan.
Mais c’est Joia, la sœur de Neen, qui va changer le destin de tous. Visionnaire et déterminée, elle rêve de bâtir un immense cercle de pierres pour rassembler les communautés ennemies de la plaine. À ses côtés, Seft va s’engager dans un projet fou : ériger un monument sacré, malgré la sécheresse, les mauvaises récoltes et les conflits qui s’intensifient. Mais quand un acte d’une cruauté insoutenable déclenche la guerre, le rêve de paix et d’unité menace de s’effondrer…
Avis :
En plus de cinquante années de carrière, Ken Follett a produit une œuvre littéraire impressionnante. Nombre de ses ouvrages se sont montrés remarquables à bien des égards. S’il s’est tout d’abord illustré dans le thriller géopolitique et l’espionnage, l’auteur est surtout connu pour ses fresques historiques somptueuses. Preuve en est avec la saga Kingsbridge ou la trilogie du Siècle. Après s’être penché sur les exploits des bâtisseurs de cathédrales, il s’attelle à un mystère séculaire qui recèle encore bon nombre de zones d’ombre. À savoir, le monument mégalithique de Stonehenge. Le Cercle des jours nous propose alors une immersion en plein âge du cuivre, soit 2 500 ans avant notre ère…
Au vu des ambitions et du style de l’écrivain, il n’est guère étonnant d’assister à une mise en contexte méticuleuse. Cela porte à la présentation des protagonistes, de leur rôle au sein d’une société émergente, où l’on différencie le statut social des individus non par leur richesse, mais par leur corps de métier. En l’occurrence, les agriculteurs et les éleveurs dont on distingue d’emblée une force d’opposition dans les valeurs, les méthodes de travail, ainsi que les relations envers autrui. On retrouve aussi les mineurs et les peuples de la forêt qui restent néanmoins à la marge du récit principal. On assiste alors à leur quotidien respectif, à une description fouillée de leurs modes de vie rudes, entièrement dépendants du labeur et des caprices de la nature.
En parallèle, au travers de rites païens, on esquisse les croyances religieuses. L’aspect demeure intéressant à appréhender, car il ne se veut nullement dogmatique. En effet, les prêtresses sont les gardiennes d’un savoir qui pose les bases de l’arithmétique, de l’astronomie et, dans une certaine mesure, de la philosophie. Cela tient aux méthodes de calcul ou aux chants pour mémoriser le cycle du temps, le passage des saisons. En somme, elles tentent de mieux comprendre le monde dans sa dimension métaphysique. On observe également l’émergence de la caste des ingénieux qui résolvent des problèmes matériels par des idées et des techniques innovantes. L’amorce se révèle donc prometteuse pour la suite.
Néanmoins, la tournure des évènements démontre une tout autre appréciation. Au gré des pages, on assiste à des situations à l’intérêt fluctuant. Ce ne sont pas tant les tensions ou les relations sociales qui interpellent, mais le travail sur les romances et les ébats sexuels qui alourdissent le propos. Au-delà du caractère libertin de certaines pratiques, on déplore que l’intrigue perde de vue son fil directeur pour se focaliser sur l’expression de bas instincts. Même s’il est difficile de traiter d’une véracité historique avec une époque si éloignée et peu documentée, on soupçonne néanmoins quelques ingérences de mœurs modernes entre les lignes. Il suffit de constater la présence de termes anachroniques ou certaines considérations (politiques et sexuelles) pour y déceler lesdites allusions.
On peut aussi regretter une intrigue qui, au demeurant, reste très manichéenne dans ses propos. La caractérisation se contente d’archétypes pour schématiser les figures du bien face aux antagonistes. Pour des raisons différentes, les deux camps sont bien agaçants et pénibles à suivre dans leur parcours. Les éleveurs sont trop indolents et passifs, tandis que les agriculteurs se montrent sournois, cruels et opportunistes. Malgré de nombreuses péripéties, il est aisé de deviner l’issue de cette confrontation qui sourde dès le départ. Quant au monument, le chantier démarre au deux tiers de l’ouvrage et s’avère chaotique pour laisser place à des velléités guerrières tardives. Il suffit ensuite d’expédier à la va-vite le transport et la pose des pierres par une poignée de scènes clefs et de commodes ellipses.
Au final, Le Cercle des jours s’avance comme un roman historique bancal. Ce qui paraît un comble au vu de la prouesse architecturale de Stonehenge. Le sujet et le contexte ne sont pas à remettre en cause. En revanche, on demeure plus circonspect sur le traitement général. De nombreuses séquences font office de remplissage. S’il est toujours essentiel de développer les conditions de vie à cette époque, l’intrigue enchaîne les errances narratives. Celles-ci ne parviennent même pas à ébaucher des personnages intéressants. L’ensemble s’avère beaucoup trop simpliste et binaire, a fortiori de la part d’un auteur tel que Ken Follett. Cela sans compter sur des approximations en termes d’écriture et des propos progressistes qui ne se veulent guère pertinents en ces circonstances, car hors-sujets et atemporels.
Note : 12/20
Par Dante
