novembre 24, 2025

…And Oceans – As in Gardens, so in Tombs

Avis :

Il existe de nombreux groupes qui aiment faire parler d’eux autre part que par leur musique. Soit par leurs prestations scéniques complètement folles, soit par des histoires entre membres du groupe. A ce petit jeu-là, …And Oceans, groupe de Black Metal finlandais, fait office de joyeux trublions, avec des mythes et légendes à dormir debout. Déjà, les membres du groupe changent constamment de pseudonyme, ce qui fait que l’on ne sait même pas si le line-up a changé depuis leur formation en 1995. Ensuite, le leader et chanteur du groupe a longtemps joué sur les doutes du public quant à son orientation sexuelle, notamment parce que sur scène, il se peint la tête en bleu et danse avec une robe blanche. Enfin, sur un de leur album, le deuxième, un seul chanteur est crédité, alors que les fans sont persuadés qu’il y en a deux.

Avec toutes ces histoires plus ou moins rigolotes, …And Oceans s’est fait une identité propre, jusqu’à même changé de nom sur leur troisième album, signifiant alors un changement radical de style, délaissant le Black symphonique pour de l’Indus expérimental. Bref, les finlandais sont très malins pour que l’on parle d’eux, mais il faut aussi reconnaître qu’ils sont très forts d’un point de vue technique. En atteste, As in Gardens, so in Tombs, leur sixième effort paru en 2021 chez Season of Mist. Revenant dans un Black à tendance symphonique, la bande originaire de Pohjanmaa nous délivre un album à la fois complexe, brutal et mélancolique, qui ne laisse rien au hasard. D’ailleurs, le premier morceau éponyme de l’album est un vrai régal, entre cris désespérés, riffs agressifs, blasts de batterie, et quelques coupures nettes plus éthérées. En seulement quatre minutes, on a un panel technique impressionnant.

Et par la suite, le groupe ne va jamais nous lâcher, proposant des titres de plus en plus puissants et révélateurs d’un savoir-faire unique. Par exemple, The Collector and his Construct est un morceau massif et surpuissant, qui ne laisse aucun répit. Pour autant, l’orchestration en fond donne de l’ampleur à l’ensemble, et certains passages laissent plus de champ aux guitares pour s’exprimer. Puis Within Fire and Crystal va jouer sur des textures différentes. Notamment sur l’arrière-plan qui donne vraiment une sensation de feu au départ, puis de cristal sur la fin, avec de petits tintements. C’est très malin, et surtout fait avec talent. Alors que Carried on Lead Wings aura un côté plus désespéré, plus nihiliste dans son ambiance. Les finlandais s’amusent à brouiller les pistes, à nous mener dans une barque dont on ne sait jamais la destination, et c’est tant mieux.

En abordant Likt Törnen Genom Kött, on va être surpris par les deux tonalités qui se chevauchent. On a un son lourd et massif au départ, puis petit à petit, l’orchestration symphonique va prendre de plus en plus d’importance, jusqu’à faire ralentir les guitares pour avoir un côté plus sensible, plus mélancolique. Le morceau est une tuerie et démontre que le Black Metal n’est pas qu’une affaire de gros bourrins peinturlurés en noir et blanc. Cloud Heads démarre avec des airs de Cradle of Filth, pour finalement aller plus loin dans la décadence et démence. Tout comme Wine Into Water, qui se fait sensible au départ, mais qui va vite partir en eau de boudin au bout de quelques secondes. On a toujours cette impression massive qui est là, portée par un fond lyrique impressionnant, donnant presque une sensation de fin de monde.

Sur la fin de l’album, les titres se feront plus longs, et parfois plus complexes à appréhender. Par exemple, Inverse Magnification Matrix part sur des sentiers sinueux avec des éléments plus modernes qui peuvent faire écho à du Samael, voire du Septicflesh actuel. Mais la puissance l’emporte malgré tout, et on pense un excellent moment. The Earth Canvas aurait pu être un excellent titre, mais il reprend un peu tous les ingrédients des autres morceaux, et cela devient redondant, ou plutôt inconséquent au sein de l’album. Pour clôturer la version simple, Ambivalent God intervient parfaitement. Morceau fleuve de plus de sept minutes, le début est impressionnant d’un point de vue technique, avec un riff qui doit éplucher les doigts des guitaristes, et un blast qui dure un long moment. Le titre est sublime, avec de belles variations, que ce soit chez les musiciens, ou même dans le chant.

Au final, As in Gardens, so in Tombs, le sixième album de …And Oceans, est un excellent skeud qui prouve que le Black métal peut constamment se renouveler. Les titres sont puissants, lourds et massifs, mais ils sont aussi portés par des orchestrations symphoniques en arrière-plan qui leur donnent du volume et une rondeur inattendue. Bref, il s’agit-là d’un disque plus que recommandable dans le genre, oscillant aussi, par moment, avec le Post-Black, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

  • As in Gardens, so in Tombs
  • The Collector and his Construct
  • Within Fire and Crystal
  • Carried on Lead Wings
  • Likt Törnen Genom Kött
  • Cloud Heads
  • Wine Into Water
  • Inverse Magnification Matrix
  • The Eart Canvas
  • Ambivalent God

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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