
De : Ken Scott
Avec Leïla Bekhti, Jonathan Cohen, Sylvie Vartan, Naïm Naji
Année : 2025
Pays : France, Canada
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
En 1963, Esther met au monde Roland, petit dernier d’une famille nombreuse. Roland naît avec un pied-bot qui l’empêche de se tenir debout. Contre l’avis de tous, elle promet à son fils qu’il marchera comme les autres et qu’il aura une vie fabuleuse. Dès lors, Esther n’aura de cesse de tout mettre en œuvre pour tenir cette promesse. À travers des décennies d’épreuves et de miracles de la vie, ce film est le récit d’une histoire vraie, drôle et bouleversante, celle d’un destin incroyable et du plus grand amour qui soit : celui d’une mère pour son enfant.
Avis :
Il y a plus de dix ans maintenant, je me prenais une claque en salle avec « Starbuck« . Avec son affiche dessinée, et son idée de comédie au pitch originale, je me suis pris une gifle d’émotion, et depuis, le film s’est imposé parmi mes films de chevet, de ceux que je regarde très régulièrement et qui fonctionnent toujours aussi bien. Depuis, Ken Scott s’est fait discret, voire même totalement invisible, notamment avec le remake de « Starbuck » ou « Delivery Man« . Notons toutefois un retour au Canada en 2021, avec le superbe et très méconnu « Au revoir le bonheur » qui est un film qui mérite vraiment que l’on s’arrête dessus.

Quatre ans après, c’est en France que Ken Scott pose sa caméra pour adapter la vie de Roland Perez, célèbre avocat et animateur radio, dont la vie, et surtout l’enfance, fut rocambolesque. Pendant des années, Roland Perez a caché une partie de sa vie. Puis en 2021, il publie « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan« , et c’est ce roman donc que Ken Scott met en images, et ça donne un film superbe. Un film drôle, qui ne cesse de convoquer l’émotion. Ici, on s’amuse autant que l’on est bouleversé par cette histoire et surtout le regard de cette mère, certes un peu trop envahissante, mais qui reste incroyablement forte. Puis au-delà de ça, cette mère est tenue par une Leïla Bekhti au firmament !
« le nouveau film de Ken Scott est une petite merveille »
Paris, 1963, Esther, marocaine immigrée en France et mère de cinq enfants va aujourd’hui donner naissance à son sixième, Roland. Le petit dernier de la famille nait avec un pied-bot. Il sera donc handicapé à vie, enfin ça, c’est l’avis des médecins, car Esther ne le voit absolument pas de cet œil, et elle va tout faire pour que le petit Roland puisse un jour marcher normalement.
Magnifique, le nouveau film de Ken Scott est une petite merveille qui me fait dire que décidément, il est très doué ce metteur en scène. Je connaissais Roland Perez plus de nom qu’autre chose, même si j’ai bien entendu quelques-unes de ses interventions à la radio, mais de son histoire, et de son livre sorti il y a quelques années auparavant, j’étais totalement passé à côté. C’est donc quasiment vierge que je suis entré en salle, afin de voir Leïla Bekhti et Jonathan Cohen chez Ken Scott. Le cinéma est magique, et bien souvent, ce sont les films dont on n’attend rien, ou pas grand-chose, qui sont ceux qui se révèlent les meilleurs, et « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » fait assurément partie de ceux-là.
Tiré d’une histoire vraie donc, « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » est un film qui nous entraîne dans cinquante ans de vie. Divisé en plusieurs parties qui vont être toutes savoureusement équilibrées, le film de Ken Scott ne cesse d’osciller entre comédie et drame, pour livrer un ensemble superbe. Alors bien sûr, il y a des parties qui sont moins passionnantes que d’autres, mais sur l’intégralité du film, on ne voit pas passer la petite heure quarante que dure « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan« .
« Cette mère est d’ailleurs tenue par une immense Leïla Bekthi«
Si les parties adultes, avec l’envahissement de cette mère, qui a bien du mal à laisser son petit dernier grandir, sont aussi belles qu’amusantes, je dois dire que le plus merveilleux de cette histoire, c’est la partie en enfance, dans les années 60/70, où toute la famille gravite autour de ce petit garçon. Ken Scott a réussi à capturer une vie, une énergie et une vérité qui bouleversent à chaque instant. Tout, absolument tout, est beau et juste, et au-dessus de cela, il y a le regard intense et plein d’amour de cette mère, qui serait capable de donner sa vie pour son fils.
Cette mère est d’ailleurs tenue par une immense Leïla Bekthi qu’on n’avait encore jamais vu ainsi. L’actrice a parfaitement réussi la conjugaison entre l’humour et le drame, pour livrer un personnage plein d’humanité et on ne peut plus attachant. Autre merveille du film, c’est le petit Naïm Naji qui joue ce petit bonhomme qui se traîne par terre et qui nous entraîne presque malgré lui dans un tourbillon d’espoirs et d’aventures. Adulte, le personnage est campé par un excellent Jonathan Cohen tout en retenue.
« »Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » se suit avec un plaisir fou »
« Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan« , c’est aussi un film qui sait très bien comment nous faire traverser cinquante années. Si, lors de la partie adulte, on pourrait être déçu que beaucoup d’événements passent bien trop vite, il n’en reste pas moins que sur l’ensemble du film, « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » se suit avec un plaisir fou et une émotion qui ne cesse d’être au rendez-vous, et surtout qui nous tient jusqu’à ce superbe final, hommage à une maman hors normes.
Si le film peut avoir tendance à passer trop vite sur certaines étapes, la seule véritable ombre au tableau sera un rajeunissement dégueulasse de Sylvie Vartan pour une interview. L’espace d’une scène, on est stupéfait que Ken Scott ait pu laisser quelque chose comme ça passé, alors qu’il aurait pu être très facile de tricher cette scène en filmant Vartan de dos, car là, le rendu est on ne peut plus malaisant.

Ce nouveau Ken Scott s’inscrit donc dans ce que le cinéaste canadien a fait de plus beau. Drôle, sensible, émouvant, dressant de superbes personnages tenus par des acteurs magistraux, dont une Leïla Bekthi bluffante qui travaille cinquante années d’intrigue avec une aisance folle, si « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » a bien sûr ses défauts, au final, ce sont ses qualités et le moment tout en apesanteur qu’on retiendra. Bref, comme je le disais, il est fort, très fort, Ken Scott
Note : 17/20
Par Cinéted