
Avis :
Le Doom Métal est un genre qui est assez peu mis en avant, notamment parce qu’il adopte une rythmique lente et lourde, et qu’il épouse avec joie des thèmes comme la dépression et l’horreur. Si Candlemass fait office de leader dans le domaine, d’autres groupes se font un plaisir d’arpenter cette niche insidieuse et remplie de ténèbres. Formé en 2007 autour du chanteur, guitariste et compositeur Lasse Pyykkö, Hooded Menace s’est assez rapidement fait un nom sur scène, avec un son bien lugubre et des thèmes horrifiques qui font toujours leur petit effet. Connaissant un lien-up changeant à ses débuts, cela n’empêchera pas le groupe de sortir plusieurs albums, notamment sur le label Relapse Records, jusqu’en 2015. En 2016, le groupe prend Harri Kuokkanen comme chanteur, et signe alors chez Season of Mist, label toujours d’actualité aujourd’hui, avec ce septième album, Lachrymose Monuments of Obscuration.
Comme à son habitude, le groupe fournit peu de titres, ici, seulement sept, en comptant une introduction et une reprise de Duran Duran, et pourtant, la durée est assez conséquente, avec plus de quarante-six minutes d’écoute. Cela signifie que Hooded Menace propose des pistes relativement longues, avoisinant les sept minutes, et que les compositions se veulent alors à la fois techniques et envoûtantes. Une prise de risque qui a toujours été payante jusqu’à aujourd’hui, puisque chaque album est une réussite, jusqu’au pinacle que fut The Tritonus Bell, leur précédent effort. Mais qu’en est-il de ce septième effort ? Eh bien sans détour, on peut dire que le groupe nous enchante encore une fois, et qu’il reste fidèle à lui-même, avec des titres longs, langoureux, et qui épousent plusieurs styles, avec cette fois-ci une attirance pour les années 80, et une horreur un peu plus gloomy.
D’ailleurs le doute n’est pas permis avec l’introduction Twilight Passages. Bien que durant une petite minute, cette entrée en matière fait écho aux années 80 avec ce synthétiseur et ces notes à la guitare qui offrent un élan horrifique baignant dans des couleurs flashy faites aux néons. Et il suffit de regarder les couleurs de la pochette pour s’imbiber un peu plus de cette idée-là. Le début de Pale Masquerade continue de jouer avec cette impression, avant de faire parler des riffs plus lourds et puissants, qui s’accompagnent d’un petit « ouh » bien guttural. Le titre évolue alors dans des strates que l’on connait bien, mais avec de belles variations. C’est-à-dire que la ligne de basse est bien tenue, les riffs de guitares peuvent parfois partir vers quelque chose de plus aérien, offrant alors des textures inattendues à ce morceau riche et puissant.

Durant plus de sept minutes, le titre n’ennuie jamais, car il joue sur plusieurs codes et offre toujours quelque chose de plaisant à se mettre dans les oreilles. Ce sera la même chose avec Portrait Without a Face. Le morceau débute de façon magistrale, avec des sonorités assez douces, mais qui se révèlent inquiétantes et insidieuses. L’ajout d’un violoncelle en arrière-plan, et le côté mélancolique des grattes donnent une plus-value impressionnante au titre. Et on retrouve encore ces élans quasi Heavy typiques des années 80, qui se mélangent parfaitement au Doom si caractéristique de Hooded Menace. L’ensemble forme un morceau solide, percutant, et qui bénéficie même d’un break plus rapide et bien nerveux. Daughters of Lingering Pain ira vers des horizons plus Doom old school, avec une mélancolie plus appuyée. On notera un break magistral tout en ligne de basse et un sacré travail vocal.
Lugubrious Dance débute avec un chœur qui semble sortir tout droit d’une église, et un riff de gratte bien puissant. Bien que le mélange soit étrange, il permet au groupe de peaufiner son côté horrifique et quasi ésotérique. Par la suite, le titre se veut très venimeux, avec une voix en arrière-plan qui semble sortir d’outre-tombe. Le résultat est grisant. C’est à moment que le groupe décide de sortir leur cover de Duran Duran avec Save a Prayer. Et si le morceau est bon, on reste un peu sur notre faim, la faute à des paroles répétitives, et un pont qui manque de vigueur. Heureusement, pour clôturer tout cela, Hooded Menace balance Into Haunted Oblivion, un morceau fleuve de plus de neuf minutes, qui va nous enchanter du début à la fin, se posant comme une synthèse parfaite de l‘univers du groupe.
Au final, Lachrymose Monuments of Obscuration, le dernier né de chez Hooded Menace, suit parfaitement les pas de son aîné, avec des morceaux longs et percutants, un univers horrifique palpable et surtout, un Doom assumé et perclus de nuances. En jouant constamment sur les influences et les textures, les finlandais offrent un disque percutant, plaisant, qui n’ennuie jamais, et cela malgré peu de pistes et des compositions relativement complexes. Bref, être aussi constant dans la qualité, ça force le respect.
- Twilight Passages
- Pale Masquerade
- Portrait Without a Face
- Daughters of Lingering Pain
- Lugubrious Dance
- Save a Prayer (Duran Duran Cover)
- Into Haunted Oblivion
Note : 17/20
Par AqME