octobre 8, 2025

Drug War – Infiltration et Drogues

Titre Original : Du Zhan

De : Johnnie To

Avec Louis Koo, Honglei Sun, Yi Huang, Michelle Ye

Année : 2012

Pays : Hong-Kong, Chine

Genre : Policier, Thriller

Résumé :

Lors d’une enquête, le capitaine de la brigade anti-drogue de Tianjin met sous les verrous un homme accusé d’être à la tête d’une importante fabrique de stupéfiants. Afin d’éviter la peine de mort, ce dernier apporte son aide à la police pour éradiquer le trafic et faire tomber le chef du réseau. Mais alors qu’un raid est lancé, le capitaine et sa brigade se retrouvent pris dans une spirale de violence que rien ne semble pouvoir arrêter…

Avis :

S’il commence sa carrière au tout début des années 80, il faudra que Johnnie To attende la fin de cette décennie pour avoir une reconnaissance populaire au sein de son propre pays. Par la suite, c’est au milieu des années 90 qu’il va se faire un nom à l’international, notamment grâce à son film Heroic Trio. Mais pour ce qui est de la France, le succès arrivera bien plus tard, au début des années 2000, avec The Mission, son premier film à passer dans les salles obscures dans notre cher pays. Dès lors, les amateurs de septième art et de cinéma asiatique vont se faire un devoir de réhabiliter Johnnie To et de sortir tous ses précédents films, jusqu’à avoir une bonne stature chez nous, faisant même jouer certains acteurs français dans son film Vengeance, où Johnny Hallyday tient le rôle principal.

Passant sur tous les genres possibles, de la comédie au drame en passant par le film d’action, le nom du réalisateur est pourtant affilié à un cinéma rugueux et plutôt politique. Il faut dire que des longs-métrages comme Election, Election 2 ou encore P.T.U. ont installé le cinéaste dans ce registre. En 2012, le réalisateur sort alors Drug War, un policier âpre autour du trafic de drogue en Chine, et il faudra attendre quatre ans avant de le voir débouler chez nous. Véritable polar noir où un chef de police va vouloir coffrer tout un réseau, Drug War tient largement la route, même si parfois, on peut se perdre avec la tripotée de personnages que l’on va devoir se coltiner. Un défaut qui, heureusement, ne prend pas le pas sur l’intrigue et sa lisibilité, offrant même un final assez impressionnant, où personne ne ressort gagnant de cette histoire.

« l’entrée en matière est très intéressante, et la mise en scène du cinéaste est percutante »

Le début peut paraître un peu chaotique, car il suit deux personnages distincts. En premier lieu, on a un type qui conduit une voiture tout en crachant du sang, et il va percuter la vitrine d’un restaurant en tombant dans le coma. En parallèle de ça, on va être au sein d’un bus qui passe un péage, connait une avarie, et tous les passagers fuient alors, craignant un contrôle de la police. Au sein de ces passagers, il y a un flic infiltré qui va permettre toutes les arrestations et démanteler un réseau de mules. Les deux hommes sont alors voués à se rencontrer au sein de l’hôpital. Celui qui a fait une overdose dans sa voiture se révèle être un dealer, et le policier infiltré va le faire chanter pour qu’il lui donne les noms de toutes les têtes pensantes de ce réseau lucratif.

L’introduction est assez percutante, Johnnie To nous plongeant dans une action non-stop, jouant sur les personnalités troubles des deux personnages principaux. En effet, si on assimile rapidement le flic comme quelqu’un de loyal et bon, il emploie des méthodes peu orthodoxes et met en danger tout son staff pour réussir à infiltrer un réseau dangereux. Quant au trafiquant qui joue les indics pour la police afin d’éviter la peine de mort, il semble sympathique, mais il ne faut pas oublier qu’il reste un bandit pour qui la survie et l’argent sont les deux leitmotivs. Bref, l’entrée en matière est très intéressante, et la mise en scène du cinéaste est percutante, avec une action bien gérée et des plans qui sont relativement beaux. Cependant, tout ne sera pas tout le temps comme cela, et on va ressentir un ventre mou en milieu de métrage.

« des séquences de gunfights ultra inspirés »

Drug War va être, sur une bonne partie de son scénario, un jeu de dupes et de quiproquos. Le flic va alors se faire passer pour plusieurs revendeurs de drogue, apprenant les gimmicks de chacun afin d’être le plus crédible possible. Les échanges seront alors plus ou moins tendus, et les prises de risque assez hallucinantes. Mais le problème ne vient par forcément de l’incongruité de l’infiltration, mais plutôt de la pléthore de personnages qui vont s’ensuivre. Non content de nous livrer deux fournisseurs aux caractères distincts (voire opposés), le film va ensuite nous mettre face à sept personnages qui gèrent le trafic de drogue, et cela va nous perdre. Au bout d’un moment, on ne sait plus qui est qui, et on perd aussi les objectifs du chef de police, qui veut carrément arrêter plus d’une dizaine de personnes d’un coup.

Ce côté nébuleux de l’intrigue va porter préjudice au film, notamment dans l’empathie, ou l’antipathie, que l’on peut ressentir envers les personnages. C’est-à-dire qu’au bout d’un moment, peu importe qui meurt et qui gagne dans cette histoire, comme on ne sait plus qui est qui, et pourquoi il fait ça, on s’en fiche éperdument. Il faut alors se raccrocher à des séquences de gunfights ultra inspirés, et des moments de mise en scène qui demeurent assez impressionnants. Difficile de résister à l’invasion d’un hangar par la police, qui va être mise en déroute par deux sourds et muets armés jusqu’aux dents, et qui ont une technique de combat impressionnante. Tout comme le final, explosif à souhait, nihiliste au possible, et qui démontre que police et malfrats peuvent mettre en danger toute une population alentour, faisant notamment fi de l’école maternelle jouxtant la fusillade.

Au final, Drug War est un film qui pourrait être assimilé à une semi-réussite. Si le long-métrage connait un ventre mou en son milieu, le début et la fin sont vraiment percutants, et démontrent un sacré talent de mise en scène de la part de Johnnie To. Et si on peut pester contre la multitude de personnages qui arrivent en fin d’histoire, l’ensemble demeure tout de même cohérent et critique aussi bien le trafic de drogue que les méthodes policières punitives qui peuvent mettre en danger des citoyens innocents, dont des enfants. Bref, sans être un immense chef-d’œuvre, Drug War apparait comme le dernier bon film de Johnnie To.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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