avril 27, 2024

PTU

De : Johnnie To

Avec Simon Yam, Suet Lam, Ruby Wong, Maggie Shiou

Année : 2005

Pays : Hong Kong

Genre : Policier

Résumé :

Le sergent Lo se fait voler son arme un soir. Un officier de la Police Tactical Unit, une unité spéciale de Hong Kong, promet de la lui rapporter avant la fin de la nuit, et part à sa recherche avec son équipe. En parallèle, Ponytail, le fils du chef d’une des triades, se fait assassiner et ce dernier croit que l’assassin de son fils n’est autre qu’un membre d’une triade rivale. Il est plus de minuit et la nuit ne fait que commencer pour tout le monde, flics et voyous. Dans un Hong Kong vide de ses habitants, la chasse est ouverte…

Avis :

Johnnie To est un stakhanoviste accompli. Il faut dire qu’il est capable de tourner trois films en une année et rien ne semble arrêter cette envie de cinéma. Parfois, il est tellement prolifique qu’il tourne plusieurs films en même temps, en atteste PTU, qu’il a alterné entre d’autres films, mettant plus de trois ans pour le terminer. Le plus dingue, c’est que l’on pourrait croire que PTU est un film bouche-trou, fait à la va-vite pour combler la peur d’un ennui, mais ce n’est absolument pas le cas. Réfléchi, malin, beau à se damner, ce trente-troisième film pour le cinéaste fait partie de ses œuvres les plus emblématiques de son cinéma, dans lequel il joue à l’économie de parole pour passer une grande partie de son intrigue dans les images. Retour sur un film plaisant donc, mais qui n’est pas exempt de défauts.

Le début du film annonce clairement la couleur. On pénètre dans un restaurant avec un groupe de malfrats qui font faire changer de place un pauvre client. Par la suite, un agent de police rentre à son tour et joue à un jeu de regard avec le groupe. On sent que cela ne peut que mal tourner, jusqu’à ce que le flic sorte, course un type qui a rayé sa voiture, et en même temps, dans le restaurant, le chef de la bande se fait poignarder à mort. Cela engendre alors un engrenage mortel qui va durer toute la nuit, et qui prend pour prise d’appui la perte du flingue du policier, pouvant alors être jugé et viré. Johnnie To ne choisit pas la facilité scénaristique, car non seulement son histoire va prendre des virages nébuleux avec de nombreux personnages, mais en plus, tout va être à l’économie.

« Johnnie To veut que son scénario se traduise à l’image et pas dans la surexplication de ce qui se passe. »

Très franchement, il faut être concentré au maximum pour ne pas se sentir perdu dans cette intrigue. Car si le début met en scène un flic patibulaire qui perd son flingue, et qui fait appel à la PTU pour le retrouver avant le matin, le meurtre du chef de gang va mettre en avant des situations cocasses où le père du chef accuse une autre triade du meurtre, et demande alors au flic en question de retrouver un autre type qui s’appelle Le Hibou pour planifier un rendez-vous et régler des comptes. C’est un bordel sans nom, et s’il y a une certaine limpidité dans l’intrigue grâce à sa narration linéaire, il ne faut pas perdre le fil une seule seconde sous peine de ne plus rien comprendre. Et c’est là-dessus que le film perd un peu en intensité et en qualité, même si c’est du pur cinéma.

En effet, Johnnie To veut que son scénario se traduise à l’image et pas dans la surexplication de ce qui se passe. C’est tout à fait louable, mais cela met aussi en avant quelques problèmes de compréhension, notamment dans l’attitude de la PTU, et dans sa fonction. Cela demande plusieurs recherches pour comprendre leur rôle et pourquoi ils défendent ce flic un peu corrompu. Ajoutons à cela la police des polices qui va rajouter son grain de sel, et la boucle est bouclée. Fort heureusement, on retrouve des thèmes intéressants, comme la corruption au sein de la police, avec une unité qui gère les ripoux, ou encore la force des triades qui manipulent un peu tout le monde. Le réalisateur ne juge personne et démontre dans son histoire que n’importe qui peut se faire avoir ou devenir un malotru en fonction de ses (mauvais) choix.

« L’éclairage aux néons donne une atmosphère presque sordide à l’ensemble. »

Fort heureusement, malgré une intrigue pas toujours évidente à comprendre, on peut compter sur la mise en scène de Johnnie To. Alors certes, il est vrai que la seule fusillade du film reste en deçà des espoirs que l’on plaçait en elle, mais ce n’est pas le plus important du film. Bénéficiant d’une restauration somptueuse, le film se déroule exclusivement de nuit, donnant alors une vision particulière de Hong Kong. On est loin des clichés de cartes postales et le jeu des lumières est très intéressant. L’éclairage aux néons donne une atmosphère presque sordide à l’ensemble, qui correspond parfaitement à ce que veut raconter le réalisateur dans son intrigue, où chaque personnage est un truand, à sa manière. Il est dommage que la scène finale soit en dessous du reste, n’insufflant pas assez d’énergie dans cette fusillade.

Au final, PTU est un film qui joue beaucoup sur son visuel, plus que sur son scénario. Ou tout du moins qui essaye de raconter son histoire via l’image et pas forcément via les dialogues. La façon de faire de Johnnie To est maline, trop rare dans le cinéma actuel, mais il faut aussi dire que c’est un film exigeant, qui mérite une certaine attention pour ne pas perdre le fil. De ce fait, sans être le chef-d’œuvre annoncé par beaucoup de monde, PTU est un film recommandable, plaisant, qui mérite le coup d’œil pour sa mise en scène, plus que pour son histoire alambiquée qui parfois s’emmêle un peu les pinceaux.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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