avril 27, 2024

Peggy Sue s’est Mariée

Titre Original : Peggy Sue Got Married

De : Francis Ford Coppola

Avec Kathleen Turner, Nicolas Cage, Barry Miller, Catherine Hicks

Année : 1987

Pays : Etats-Unis

Genre : Romance

Résumé :

1985 : les anciens du lycée Buchanan, classe 1960, se retrouvent pour leur vingt-cinquième réunion. Ce soir, ils sont venus en habit d’époque, jupes gonflantes, robes des sixties, brosse et nœuds pap’ pour les garçons. Peggy, très populaire en 1960, se retrouve reine de la soirée avec pour partenaire son mari, Charlie, le rocker. Mais ce tandem si brillant jadis est sur le point de se séparer. Revoyant son mari dans sa prime jeunesse, Peggy, encore amoureuse, s’évanouit. Elle s’enfonce dans le rêve et revit ces fameuses années 1960…

Avis :

On ne présente plus Francis Ford Coppola, grand réalisateur à qui l’on doit notamment la trilogie du Parrain ou encore Dracula. Quand on évoque son nom, on imagine de suite de grandes fresques très longues, avec un certain sens de la démesure. Et c’est à quelque part vrai, même si cela va lui coûter beaucoup d’argent. En effet, Francis Ford Coppola fait partie de ces réalisateurs qui ont souvent des problèmes d’argent, et qui doivent accepter certains contrats pour renflouer les caisses. Ce fut le cas en 1987 lorsqu’il accepte Peggy Sue s’est Mariée, un film de commande refusé par Jonathan Demme et Penny Marshall (bien que là, c’est plus les producteurs qui n’avaient aucune confiance car la réalisatrice n’avait aucun long-métrage à son actif). On pourrait alors croire à un film bouche-trou pour gagner sa croûte, mais finalement, la romance va plus loin que cela.

Le scénario est assez inédit pour l’époque. En effet, on va suivre une quarantenaire qui fut très populaire dans son lycée et qui revient dans son bahut pour fêter les vingt-cinq ans de sa promo. Là, elle retrouve son mari, un vieux rockeur qui tourne dans des pubs, avec lequel elle est en instance de divorce. Pendant la soirée, alors qu’elle est couronnée reine, Peggy Sue tombe dans les pommes, et à son réveil, elle se retrouve dans son lycée, en 1960. Alors que tout le monde a rajeuni, Peggy Sue va en profiter pour rattraper le temps perdu, revoir ses parents et ses grands-parents, mais aussi se rendre compte que sa vie présente n’est que la conséquence des choix qu’elle a fait durant sa vie adolescente. Et c’est bien là-dessus que le réalisateur va appuyer fort, poussant les émotions assez loin, tout en restant très pudique.

« Peggy Sue s’est Mariée possède un certain charme suranné qui rappelle la belle époque des comédies romantiques à concept. »

Peggy Sue s’est Mariée possède un certain charme suranné qui rappelle la belle époque des comédies romantiques à concept, qui font réfléchir au-delà de la notion de couple, de lutte de classes ou de différences sociales. Il se dégage du film un sorte de candeur qui fait du bien, une naïveté que l’on retrouve dans une version française désuète et pourtant charmante. Il suffit de voir la tronche un peu niaise de Nicolas Cage pour s’en rendre compte. Ici, il n’y a point de méchanceté, point de violence, et on avance dans un monde qui a su garder son innocence. Peggy Sue, tout d’abord chamboulée par tous ces changements, va alors en profiter pour renforcer des liens, ou découvrir de nouvelles choses. Le film en profite alors pour jouer sur les cordes de l’amour et la découverte d’émotions envers d’autres personnages.

Peggy Sue se fâchera donc avec son futur mari, trouvera une nuit magique avec le beau gosse rebelle du lycée, mais elle fera aussi dans le mysticisme autour de ses amies, qui resteront elles aussi fidèles à leurs amours de l’époque. C’est assez tendre, bien que calibré, mais cela interpelle aussi à des souvenirs d’un futur heureux. La phrase peut sembler antinomique, mais c’est bien de ça qu’il s’agit, faire appel à une vie future que l’on connait, qui n’est pas si malheureuse que ça, et tenter de la changer, quitte à perdre tout ce qui fut bon. C’est malin, et ça joue sur les émotions de Peggy Sue, qui est maman, et que sa fille manque plus que tout. Finalement, le divorce est-il une finalité dans son couple, ou reste-t-il quelque chose à sauver ? Une réflexion qui est plutôt belle et étonnante.

« Dans une pudeur subtile, Francis Ford Coppola nous sert de belles réflexions et des axes que l’on ne pensait pas trouver dans cette comédie romantique. »

Mais même au-delà de l’amour et du couple, Peggy Sue s’est Mariée va jouer sur une corde sensible qui sera encore plus touchante : l’impossibilité de revivre ses souvenirs afin de rattraper le temps perdu avec des proches disparus. Ainsi donc, le passage avec les grands-parents de Peggy Sue est d’une douceur inattendue, nous rappelant combien nous sommes éphémères et à quel point le temps passe vite. Dans une pudeur subtile, Francis Ford Coppola nous sert de belles réflexions et des axes que l’on ne pensait pas trouver dans cette comédie romantique qui va plus loin que la simple histoire d’amour contrariée. Néanmoins, certains moments flottent un peu. Tout n’est pas parfait dans la rythmique du film, qui parfois traîne un peu en longueur, et la candeur de l’ensemble semble un peu surjouée par moment. Rien de bien méchant, mais on n’est pas sur un chef-d’œuvre.

Cependant, même si tout n’est pas parfait dans ce monde un peu trop idyllique, force est de constater que pour un film de commande, Francis Ford Coppola ne s’est pas foutu de la gueule du monde. Il fait partie de ces réalisateurs qui ont une patte graphique, et l’on reconnait de suite l’un de ses films. Ici, du début à la fin, il y a un jeu avec les miroirs, chose qu’affectionne particulièrement le metteur en scène. Cela permet de jouer sur les reflets, rappelant alors que nous sommes peut-être dans un univers parallèle, ou bien dans un rêve. Là aussi, l’écriture est fine, ne sachant jamais si nous sommes dans un rêve ou bien réellement dans le passé. Il faudra chercher des indices dans la BO pour trouver des éléments de réponse. Cela donne du grain à moudre pour comprendre certaines réactions et certains choix.

Au final, Peggy Sue s’est Mariée est un très bon film de la part de Francis Ford Coppola. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il a inspiré d’autres cinéastes avec des histoires similaires (coucou Noémie Lvovsky). Romance patinée au charme un peu désuet, vision idyllique des années 60 qui se confrontent à de nouvelles idées des années 80, libération sexuelle de la femme, importance des choix que l’on fait à l’adolescence, on ne peut nier que ce film possède beaucoup de thèmes intelligents et qui font réfléchir. Il est juste dommage que par moment, le temps s’étire un peu trop, et joue avec des codes un peu surannés.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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