mai 1, 2024

Grand Paris

De : Martin Jauvat

Avec Mahamadou Sangaré, Martin Jauvat, William Lebghil, Sébastien Chassagne

Année : 2023

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Leslie et Renard, deux jeunes glandeurs de banlieue parisienne, trouvent un mystérieux objet sur un chantier de la future ligne de métro du Grand Paris. Artefact, talisman antique, ou relique d’une civilisation disparue ? Persuadés d’avoir trouvé la poule aux œufs d’or, les deux amis mènent l’enquête, avec les moyens du bord, le temps d’une folle nuit aux quatre coins de l’Île de France.

Avis :

Aujourd’hui, on s’arrête sur un tout jeune réalisateur âgé de vingt-huit ans qui sort son premier film en salle, Martin Jauvat. Ayant grandi à Chelles, ville de banlieue parisienne située en Seine-et-Marne, Martin Jauvat est un autodidacte, qui après moult refus pour entrer dans des écoles de cinéma, a décidé de faire ses films seuls. Écrivant et produisant ses premiers courts, Martin Jauvat se fait alors remarquer par Ecce films qui vont l’aider à produire ses courts. Ayant une envie de cinéma prononcée, le jeune metteur en scène enchaîne alors les tournages, réalisant quatre films sur quatre ans. Et ce sera son dernier court, « Grand Paris Express« , que le jeune homme arrivera à adapter sur un format long.

Ofni terriblement mal distribué, il faut même faire un sacré travail de recherche pour pouvoir le voir, puisque le film est distribué dans à peine une cinquantaine de salles sur le territoire, « Grand Paris » est un film qui respire la première œuvre à plein nez. Ayant un très faible budget, puisque le film a coûté trente mille euros, autant dire rien du tout, ce premier film de Martin Jauvat se pose comme une amusante découverte, qui nous propose de suivre deux loosers, dans une folle nuit aussi improbable qu’absurde.

«  »Grand Paris » est l’exemple parfait du film attachant. »

S’amusant avec un scénario délirant, Martin Jauvat signe un premier film attachant qui ose plein de choses, et même s’il ne marquera pas notre année de cinéma (quoi que), il mérite bien qu’on s’y arrête, et surtout, il ne mérite pas le sort qui lui est réservé.

Leslie et Renard sont deux banlieusards qui galèrent, partageant le temps entre galères dans les transports en commun et ne rien faire en bas de chez eux. Un jour, ils se rendent à Saint-Rémy-lès-Chevreuse pour récupérer un deal pour le compte du king. Sur place, comme toujours, ils galèrent, et c’est là, sur un chantier du Grand Paris, qu’ils vont faire une découverte étrange. Là, au milieu de l’eau, ils trouvent un artefact, ou un talisman antique, ou encore une gravure venue d’ailleurs… Bref, un truc chelou, qui pourrait valoir de la thune. Mais comment savoir ce que c’est, et surtout ce que cela vaut vraiment ? Commence alors une enquête improbable, qui va les mener aux quatre coins de la région parisienne…

« Grand Paris » est l’exemple parfait du film attachant. Imparfait, ce premier film pour Martin Jauvat est un long-métrage qui arrive à faire de tous ses défauts une force, parce qu’il respire la sincérité et l’envie de faire du cinéma.

« Il y a quelque chose de très naïf qui se dégage du film. »

Ainsi, « Grand Paris » est un film qui n’est pas toujours bien joué par ses deux comédiens principaux. Il y a quelque chose qui est de l’ordre de l’à côté dans le jeu de Mahamadou Sangaré et Martin Jauvat, comme si, à plus d’une reprise, les deux acteurs récitaient leur texte sans grande conviction. De plus, derrière ça, bien souvent, le scénario fait dire à ses personnages des répliques assez pauvres. Des répliques qui tournent un peu en rond, car elles se répètent et se posent comme une amusante caricature des banlieusards. Ce sentiment de tourner un peu en rond, on le ressent aussi avec cette intrigue, qui peut être à l’image de ces personnages, c’est-à-dire qu’elle galère un peu à avancer.

Chez d’autres, ces défauts, qui sont tout de même très présents et insistants à l’écran, seraient pénalisant, mais très bizarrement, chez Martin Jauvat, ça fait l’effet inverse, et finalement, on se laisse séduire par cette journée et cette nuit en compagnie de ces deux loosers qui galèrent. Il y a quelque chose de très naïf qui se dégage du film et cette naïveté va alors transformer tous les défauts de ce film en force. Et cette force est franchement amusante. Aussi étrange que cela puisse paraître, on rit énormément devant de ce film, Martin Jauvat faisant preuve d’un excellent sens de l’absurde et de l’autodérision.

« Grand Paris« , avec son intrigue qui vire à l’enquête pleine de complotisme, amuse et bien plus que ça, on se laisse entraîner de bout en bout de film. De plus, derrière cette caricature amusante, Martin Jauvat arrive à bien filmer la banlieue, et surtout, il ne la montre pas sous l’angle sombre que le cinéma offre souvent. Ici, i y a une sorte de légèreté, voire même de la douceur qui émane de ces rencontres, de ces petits deals et de l’amitié qui vient de ces personnages, et là encore, ça participe au fait que le film soit très plaisant.

« Le film ose de petites choses, et nous entraîne vers un final qu’on n’a pas vu venir. »

Ce qui est plaisant aussi, c’est la mutation sans cesse que le film offre, au fur et à mesure que se greffe des personnages à notre duo de loosers. Ainsi, l’intrigue fait entrer en scène des personnages qui sont divinement tenus, notamment par William Lebghil qui, en livreur de Chiken 3000, est hilarant, tout comme Sébastien Chassagne en complotiste archéologue du dimanche, qui nous offre deux ou trois moments tordants.

Comme je le disais, « Grand Paris » est un premier long, et clairement ça se sent à chaque instant. Certes, il y a le manque de budget, mais que ce soit dans sa photographie ou dans ses cadres, et la construction de ces scènes, le film respire le réalisateur qui passe du court au long, et là encore, c’est étrange, mais ça ne gêne pas. Mieux, ça apporte beaucoup de charme et l’on se laisse entraîner avec plaisir. D’autant plus que le film ose de petites choses, et nous entraîne vers un final qu’on n’a pas vu venir et quand il se produit, on est conquis, voire même étonné, notamment par son ambition et la qualité de ses effets spéciaux. Après, il faut toutefois souligner que le film a un petit ventre mou, notamment vers « sa première » fin, et puis comme je le disais, il est à l’image de ces personnages, c’est-à-dire qu’il galère parfois, mais il reste attachant.

Ainsi, ce premier film signé Martin Jauvat est une bonne curiosité, pleine de charme. Comédie qui joue avec l’absurde et la caricature, « Grand Paris » arrive à nous tenir et à nous enthousiasmer, et l’on prend plaisir à suivre cette enquête décalée et délirante, en compagnie de ces adorables loosers. Certes, le film ne marquera peut-être pas notre année de cinéma, mais en aucun cas je regrette d’avoir fait autant de recherche pour pouvoir voir ce film en salle, car mine de rien, il mérite son petit détour.

Note : 13/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.