mars 29, 2024

Le Flic de Belleville

De : Rachid Bouchareb

Avec Omar Sy, Luis Guzman, Biyouna, Diem Nguyen

Année : 2018

Pays : France

Genre : Comédie, Policier

Résumé :

Baaba est flic à Belleville, quartier qu’il n’a jamais quitté, au grand désespoir de sa copine qui le tanne pour enfin vivre avec lui, ailleurs, et loin de sa mère. Un soir, Roland, son ami d’enfance, est assassiné sous ses yeux. Baaba prend sa place d’Officier de liaison auprès du Consulat de France à Miami, afin de retrouver son assassin. En Floride, flanqué de sa mère plus qu’envahissante, il est pris en main par Ricardo, un flic local toujours mal luné. Contraint de faire équipe, le duo explosif mène l’enquête…

Avis :

Rachid Bouchareb est un réalisateur français qui va très rapidement avoir une liaison « amoureuse » avec les Etats-Unis. Dès son premier long-métrage, le cinéaste s’intéresse à l’exil de trois amis qui partent chercher du travail aux States. Pour autant, ce n’est pas grâce à ce pays qu’il va connaître la gloire, mais plus avec Indigènes, un succès critique et public indéniable autour des soldats africains oubliés lors de la Seconde Guerre mondiale. Cela ne va pas empêcher le réalisateur de retourner aux Etats-Unis pour faire des films, comme Just Like a Woman en 2013 avec Sienna Miller, et La Voie de l’Ennemi en 2014 avec Forest Whitaker et Harvey Keitel. Forcément, avec un tel bagage, il n’en fallait pas plus au metteur en scène pour avoir l’envie de faire un Buddy Movie en hommage à l’Arme Fatale ou Le Flic de Beverly Hills.

C’est donc ainsi qu’est né le projet du Flic de Belleville avec Omar Sy et Luis Guzman, ce dernier ayant joué dans La Voie de l’Ennemi de Bouchareb. Cependant, selon les propres aveux du cinéaste, il n’avait pas encore d’idée de scénario précis, jusqu’à ce qu’il tombe sur une nouvelle route de la drogue, passant par l’Afrique plutôt que par l’Amérique du Sud. Il fait donc appel au scénariste de 48 heures pour peaufiner une écriture précise autour de cette histoire de transit de drogues entre la France, les Etats-Unis et l’Afrique. Et malgré tous ces efforts et cette volonté de bousculer un peu les codes du cinéma policier français, Rachid Bouchareb se plante complètement et passe à côté de ses pompes dans un film long, pas drôle, sans identité et avec un duo qui ne fonctionne pas du tout. Un triste constat.

« Le film suit des rails qu’il ne quittera jamais. »

Au niveau de l’histoire, on reste dans quelque chose de très bateau, mais qui se complique la tâche pour pas grand-chose. On va donc suivre un flic de quartier à Belleville, qui est spécialisé dans les pickpockets. Seulement, son meilleur ami, qui travaille pour l’ambassade de France, se fait assassiner sous ses yeux. Il est donc envoyé aux Etats-Unis pour enquêter sur un trafic de drogue. Sur place, on lui colle comme coéquipier un lieutenant bedonnant, fainéant, mais qui pense tout savoir. Mal assorti, le duo va devoir remonter de grosses ficelles pour déjouer un cartel qui prend racine auprès d’un homme politique avec une immunité. Bien évidemment, on se doute de tout ce qui va se passer, et le film suit des rails qu’il ne quittera jamais. Le duo ne va pas bien s’entendre, puis finalement, ils vont devoir faire équipe pour résoudre l’enquête.

Rien de bien neuf dans cette histoire, qui d’ailleurs brasse énormément de vide. Si on retrouve des malfrats en col blanc qui utilise leur immunité et leur influence pour engendrer beaucoup d’argent avec la drogue et les réseaux humanitaires, on n’aura pas grand-chose de plus à se mettre sous la dent. La faute à des protagonistes peu intéressants, à commencer par un Omar Sy qui a du mal à se défaire de sa mère, jouée par Biyouna. Cette dernière est l’atout humour du film, et c’est peut-être la seule qui semble prendre du plaisir à être là. Il en va de même avec Luis Guzman, qui s’ennuie sévère et se contente du strict minimum. Le duo ne fonctionne pas, il n’y a pas de dynamisme ou de synergie entre les deux comédiens. On a même la sensation que Rachid Bouchareb ne savait pas vraiment comment diriger ses acteurs.

« Au niveau de l’humour, on est vraiment dans un truc assez ringard. »

Mais ce n’est pas le seul défaut du film dans son écriture. Car si les personnages ne sont pas assez bien travaillés, il en va de même avec l’action et l’humour. Les quelques gunfights sont mal fichus, tout comme les bagarres à mains nues. Même si elles sont lisibles, elles sont molles et téléphonées à l’avance. De plus, on assiste à une mise en scène sans éclat et sans talent. Le film aurait pu être réalisé par n’importe qui que l’on ne verrait pas la différence. Rachid Bouchareb ne profite pas des décors magnifiques de Miami et délivre un film qui n’a aucune personnalité. Si on ajoute à cela un montage étonnant et pas forcément cohérent, la coupe est pleine. D’ailleurs, on ne saura jamais vraiment comment Omar Sy part aux States, puisqu’une énorme ellipse sera faite sur sa nomination dans l’enquête.

Et au niveau de l’humour, on est vraiment dans un truc assez ringard. Si le duo est mal assorti, il en va de même avec les répliques. Les références aux films policiers cultes américains sont très lourdes, certaines blagues tombent complètement à plat, à un tel point que l’on ressent de la gêne. La première rencontre entre Omar Sy et Julie Ferrier est catastrophique. De plus, certains moments sont absurdes, comme lorsque le personnage principal se rend compte qu’il a droit à une Twingo, ou encore lorsque Luis Guzman se retrouve à l’arrière d’une boîte de nuit et tente de draguer de jeunes femmes. Le film manque d’inspiration, d’énergie et d’une envie de bousculer un peu plus les codes. On reste dans du gentillet, avec des acteurs qui, dans ce film, manque cruellement de charisme. Mel Gibson, Eddie Murphy ou encore Danny Glover peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

Au final, Le Flic de Belleville est un mauvais film qui paye le manque d’investissement d’un peu tout le monde. Avoir envie de faire un Buddy Movie est légitime, encore faut-il en avoir les moyens, les acteurs et le scénario. Vraisemblablement, ce n’était pas le cas, et il en résulte une comédie policière absurde, lourde, sans identité visuelle et qui n’arrive jamais à faire rire ou réagir. Dommage, on espérait mieux de la part de Bouchareb, qui ne semble pas fait pour ce genre de film.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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