mai 3, 2024

Steven Wilson – The Future Bites

Avis :

Certains artistes ont tellement une fan base solide qu’il pourrait faire n’importe, ils seraient tout de même adulés. C’est le cas de Steven Wilson, guitariste et chanteur de Porcupine Tree et touche-à-tout talentueux. Il faut dire que le bonhomme sait quoi faire de ses dix doigts, et possède un véritable talent pour passer d’un genre à l’autre avec aisance. Faire du Jazz, puis du Métal, ne lui fait pas peur, et c’est ce qui a créé sa notoriété. Pour sa carrière solo, le type s’est juré de ne pas faire un album comme un autre, variant alors les genres pour mieux surprendre. Et après les relents Pop de To the Bone, il revient quatre ans plus tard avec The Future Bites, qui lorgne plus vers la Synthwave et la Pop électro. Un choix qui aurait pu s’avérer payant si tout n’était pas aussi mou et frileux.

Après une très courte introduction, Unself, le bonhomme propose Self, qui pourrait rentrer dans la case d’un Pop Rock tout ce qu’il y a de plus britannique. On retrouve une guitare timide, beaucoup de clavier, un couplet avec une voix modifiée pour donner un aspect vaguement contemporain électro, puis le refrain, en chœur, donne une certaine chaleur avec une ligne de basse omniprésente. Le problème, c’est que ce n’est pas très original, et encore moins entrainant. Steven Wilson semble se reposer un peu sur ses lauriers, et ce n’est pas les quelques riffs funky qui viendront sauver le tout de l’ennui ressenti. King Ghost viendra alors pointer le bout de son nez dans un style qui rappelle le précédent opus. C’est éthéré, c’est léger, mais ça s’écoute surtout dans un canapé avec une tasse de thé. Cependant, même comme cela, on va s’ennuyer.

La faute à un rythme qui ne décolle jamais et une absence de variation qui ne rend pas hommage au talent du type. 12 Things I Forgot va alors nous prendre à revers. Guitare sèche, petite rythmique Pop Rock tout ce qu’il y a de plus britannique, nous faisons face au titre le plus accessible de l’album, mais aussi celui qui est le moins mémorable. Steven Wilson tombe dans un morceau facile, simpliste, qui est bien loin de ses égarements progressifs. Alors oui, c’est bien produit et bien fichu, mais il n’y a aucune originalité là-dedans. Contrairement à Eminent Sleaze, qui fait écho, encore une fois, à l’album précédent. On sent les références à Prince avec cette basse qui claque et ce chant en voix de tête. C’est plutôt sympathique, mais encore une fois, ça manque de mordant et d’un aspect plus grinçant.

Et que dire des coups de gratte sur la fin, qui sont dissonants et semblent incohérents avec le reste du morceau. On aurait pu croire que l’album allait décoller après ce titre un peu plus bougeant que le reste, mais ce ne sera pas le cas. Avec Man of the People, on retombe dans une sorte d’électro-pop pénible et chiante. Rien ne viendra sauver ce morceau qui est très lent, qui joue sur une ambiance un peu légère, mais peine à convaincre à cause de son manque de variation et d’ambition. C’est donc sur Personnal Shopper que tombe notre dévolu, long titre de plus de neuf minutes, avec quelques apparitions d’Elton John. On est clairement sur de l’électro pur et dur, et même s’il y a des longueurs et que le titre aurait pu être écourté d’une bonne moitié, on reste dans quelque chose de plus original que le reste.

En abordant Follower, qui est là aussi un morceau qui évoque le Pop Rock anglais, on se surprend à repenser à The Bitter End de Placebo. La rythmique, la batterie, tout laisse à penser à ce titre, qui va s’en détacher lors du chant. Steven Wilson joue la carte de la facilité et de l’accessibilité, ce qui est plutôt pas mal, offrant alors un refrain qui reste bien en tête. Il est dommage que le solo de gratte ressemble à du n’importe quoi… Enfin, avec Count of Unease, le chanteur renoue avec un truc long, mou et chiant. Ce qui se veut beau et envoûtant devient vite lassant, la faute à une durée interminable et une mélodie qui ne possède aucune variation. On est sur un encéphalogramme plat du début à la fin, et la sensation d’assister à une outro qui dure trois plombes pour rien.

Au final, The Future Bites, le dernier album en date de Steven Wilson, est une amère déception, pire que celle ressentie avec l’effort précédent. Délaissant les guitares et les riffs pour des claviers lénifiants et des enregistrements bateaux, le frontman de Porcupine Tree se perd dans un délire électro pénible, sans vie et qui n’arrive pas être cohérent du début à la fin. C’est dommage, on avait espoir de retrouver un artiste en pleine ébullition, et finalement, l’eau n’a même pas commencé à bouillir…

  • Unself
  • Self
  • King Ghost
  • 12 Things I Forgot
  • Eminent Sleaze
  • Man of the People
  • Personnal Shopper
  • Follower
  • Count of Unease

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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