avril 26, 2024

Dust Lovers – Fangs

Avis :

Le rock français… Quand on dit ça, chacun y voit un peu midi à sa porte. Si l’on en croit certaines personnes, Francis Cabrel est une rock star, alors que pour certains, même Trust peine à convaincre malgré de bons gros riffs. En fait, le terme est aujourd’hui tellement générique, que chacun peut y inclure qui il a envie. Le problème, c’est que sous couvert de ce genre, on commence à mettre tout et n’importe quoi. A partir du moment où ça peut faire vendre et mettre en avant, avec une image un peu cuir, alors on dit que c’est du rock. Mais pour moi qui pense que Superbus est au rock ce que le kebab est à la gastronomie, trouver de bons groupes de rock français n’est pas une véritable sinécure. Pour trouver du bon son à se mettre dans les tympans, il faut farfouiller le net, trouver de bons partenariats et c’est ainsi que j’ai pu mettre l’oreille sur Fangs, le dernier album des Dust Lovers. Groupe formé à Paris par des nantais en 2012 sous le nom de The Texas Chainsaw Dust Lovers (petit hommage à Tobe Hooper parti trop tôt), ce n’est qu’après deux album que la formation décide de réduire le nom pour être plus percutant, à l’image de ce troisième effort qui est une parfaite synthèse de ce qu’est le groupe. Entre rock, hard et références cinématographiques (les types ont participé à plusieurs B.O. dont celle de la très médiocre série Marianne), Fangs met un bon coup de pied au derrière et démontre que les frenchy peuvent faire aussi bien, si ce n’est mieux, que les britanniques.

Le skeud s’ouvre sur Negativity et le moins que l’on puisse dire, c’est que les français démarrent très fort. Entre rock poisseux et blues très prégnant avec une pointe d’ambiance un peu gothique, on comprend très vite pourquoi le groupe a ce côté très cinématographique. Le refrain est ultra catchy, l’ensemble fonctionne à merveille et on ne pourra s’empêcher de comparer le groupe avec les Arctic Monkeys, avec lesquels il y a pas mal de similitudes. Cependant, bien loin de faire dans le plagiat, Born to Lose va partir vers autre chose, vers un rock plus nerveux, plus drôle, qui fait irrémédiablement penser à Royal Republic. Court, dense, dansant, avec un refrain qui rentre immédiatement en tête, Dust Lovers prouve, en seulement deux morceaux, qu’ils peuvent varier les effets et surprendre en quelques secondes. Et c’est d’ailleurs ce qu’il va se passer dans cet album assez court (à peine 39 minutes, c’est trop peu), alternant constamment les ambiances, les rythmes, tout en restant cohérent dans un univers vampirique qui rend vite accro. Night Cruising et son synthé années 80 est un petit délice pour les oreilles et on sent que la formation s’éclate. Et ce qui est encore mieux, c’est que toutes ces références sont parfaitement digérées pour fournir quelque chose qui a une véritable identité. Revelation sera bien plus lent, empruntant des influences Desert et Stoner dans ses riffs pour fournir un chant plus scandé qui fera écho au travail d’un certain Josh Homme, et ça tabasse bien comme il faut.

C’est avec le diptyque Higher Desire que le groupe va effectuer un changement dans son album, partant d’un titre plutôt joyeux, pour ensuite aller vers quelque chose de plus sombre. Avec ce double morceau, une première partie qui sert d’intro et une seconde qui est le véritable morceau s’appuyant sur la rythmique du premier, le groupe laisse une grande place à la basse qui tapote et à des riffs de gratte tout simplement parfait. Le refrain est un petit délice pour les oreilles, totalement suave et qui nous emporte très loin. Bref, c’est beau, c’est doux, c’est même envoûtant. All About You va partir par la suite vers quelque chose de plus mélancolique mais qui monte crescendo. Le chant presque à capella au départ est succulent et la montée va venir nous cueillir pour un moment prenant et qui ne nous lâchera pas. Et puis il y a toujours cette ambiance un peu noir, mais d’une très grande classe et ce petit clavier qui fait écho aux thèmes des vampires et à un gothique léger, mais constamment présent en arrière-plan. Fangs, histoire de bien nous remettre d’aplomb avec quelques titres moelleux, va venir nous taper derrière le front avec un aspect punk que l’on va découvrir. Sortant les crocs et les griffes, le groupe part en vrille et offre de l’inattendu, mais surtout de l’efficace, du nerveux, du rapide, du généreux avec même des chœurs féminins. Bref, un des titres les plus violents mais d’une rare maîtrise. Night Fight renoue avec le côté années 80 et son synthé bien présent, mais il reste un peu la bête noire de l’album. Si le titre est très efficace, il reste un peu en deçà du reste, même si le niveau est très haut. Goldie offre une sorte de conclusion dans les moments chantés, dépassant les cinq minutes, appuyant réellement son ambiance néo-gothique vampirique et encore une fois, c’est un vrai délice à écouter. A la fois rock et bluesy, tendu et doucereux, on se laisse gentiment vampiriser. Puis After a Thousand Years, the Vampire Finally Die offre une conclusion tristounette à l’ensemble, complétant parfaitement ce disque qui doit d’écouter comme un tout.

Au final, Fangs, le troisième album des Dust Lovers, est une vrai réussite. Très cinématographique dans son approche, le groupe, qui aime à dire qu’ils font du Noir Rock n’Roll, propose une véritable plongée dans un rock épais, dense, dansant et parfois loufoque, qui fait écho au mythe du vampire autant qu’aux Arctic Monkeys ou Royal Republic. Vous l’aurez compris, c’est le genre d’album à côté duquel il ne faut pas passer.

  • Negativity
  • Born to Lose
  • Night Cruising
  • Revelation
  • Higher Desire (Part. One)
  • Higher Desire (Part. Two)
  • All About You
  • Fangs
  • Night Fight
  • Goldie
  • After a Thousand Years, the Vampire Finally Die

Note: 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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