avril 23, 2024

Eminem – Kamikaze

Avis :

Il n’est nul besoin de présenter Eminem, puisque le rappeur américain possède maintenant une carrière qui parle pour lui et une longévité exemplaire, en atteste Kamikaze qui est son dixième album. Mais pour tenter d’approcher cette dernière galette, il faut faire un petit saut en arrière et revenir sur l’album précédent, Revival, et parler un tout petit peu de ce qui a motivé la sortie de cet effort. En effet, en 2017, Eminem proposait son neuvième album, Revival, et l’accueil fut très froid. Enchainant les featuring avec des chanteuses pop comme Beyoncé ou Alicia Keys, ou encore avec Ed Sheeran, beaucoup reprochèrent au rappeur de délaisser son côté hip-hop pour faire de la pop et toucher un spectre plus large. Malgré tout, les ventes furent relativement bonnes, le nom d’Eminem suffisant à faire décoller n’importe quel album. C’est moins d’un an plus tard de survient Kamikaze, avec treize titres qui sont faits rapidement, en réponse aux critiques du précédent effort, mais aussi à certains rappeurs dont Machine Gun Kelly qui a tenu des propos moyens envers sa fille. Kamikaze est donc un album réponse dans lequel le rappeur règle ses comptes envers certains de ses confrères et il ne va pas y aller avec le dos de la cuillère. Un retour aux sources au niveau du style et des clashs, voilà un beau programme. Et pourtant…

Le skeud débute avec The Ringer et cela aurait pu être sympathique. Pour être raccord avec sa pochette, tout commence avec le bruit d’un crash d’avion avant de devenir un rap basique et sans une grosse instru derrière. Eminem essaye de revenir à des fondamentaux qui ont fait son succès et il commence directement par un clash sur Lil Yachty, Lil Pump et Lil Xan qu’il dit être de pâles copies de Lil Wayne. Pour les néophytes, cela ne parlera pas beaucoup et globalement, on s’en bat les noix. Néanmoins, on peut se réjouir de revoir Eminem à un style plus pur et qui lui correspond mieux. Avec Greatest, on est clairement dans la crise d’égo surdimensionnée. Dans ce titre, classique au possible dans les instru, Eminem dit à quel point il est le meilleur des rappeurs du monde. Alors ça se touche un peu avec un flow ultra rapide, comme si c’était une course à celui qui dit le plus de mots en un minimum de temps. Le refrain ne reste pas en tête et globalement, c’est assez décevant. Tout cela manque d’impact et de mordant pour un titre qui se veut un poil sulfureux. Avec Lucky You, qui marque le premier feat avec Joyner Lucas, le rappeur propose encore une fois quelque chose de simple, mais de plus efficace que les titres précédents, notamment grâce à une rythmique un peu plus entrainante. Bon, on n’évite pas les remarques homophobes, mais ça fait un peu partie du rap game. Puis, entre deux interludes qui ne servent à rien, on aura droit à Normal, qui n’a finalement aucun incidence au sein de l’album, à part être un titre générique et sans grande passion.

Le morceau Steppin Stone risque fort de faire bondir les puristes puisqu’il s’agit d’un morceau assez commercial, où le refrain commence avec une chanteuse à la voix éraillée et l’ensemble résonne assez pop urbaine américaine. Pour ceux qui n’aiment pas trop le rap, ce titre pourrait parfaitement être utilisé comme entrée en la matière, notamment grâce à son instru avec des guitares et c’est plutôt plaisant. Malheureusement, avec Not Alike, en feat avec Royce Da 5’9’’, on retombe dans les travers de cet album, à savoir un flow intéressant au service d’une instru sans génie, redondante et qui laisse trop de place à une sorte de simplicité qui ressemble plus à de la fainéantise. C’est générique à souhait et on attend plus de risque venant d’un artiste comme Eminem. Kamikaze sera un peu plus sympathique, renouant avec les délires du rappeur à ses débuts, offrant quelque chose de déjanté et de vraiment novateur, mais tout cela va être détruit par Fall, un gros tacle à Tyler, The Creator, qui ne sert pas à grand-chose sinon attiser de l’huile sur le feu autour d’une grosse prod mais d’une instru encore une fois minimaliste. Cependant, le pire reste à venir avec le diptyque Nice Guy/Good Guy en feat avec Jessie Reyez qui ne sait tout simplement pas chanter et qui offre deux titres ignobles, vulgaires et complètement à côté de la plaque. Reste alors Venom, le morceau du générique de fin de l’horrible film Venom, et ce n’est pas trop mal, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard.

Au final, Kamikaze, le dernier album d’Eminem, est une bien piètre réponse à ses détracteurs et aux autres rappeurs à qui il veut faire la nique. Fait sur l’instinct et l’envie d’en découdre avec les jeunes pour montrer qu’il est bien vivant, Eminem livre une galette simpliste, qui tente de revenir aux bases, mais qui s’avère décevante en matière d’instrus et redondante sur le flow. Bref, une déception de plus pour le Marshall…

  • The Ringer
  • Greatest
  • Lucky You feat Joyner Lucas
  • Paul (Skit)
  • Normal
  • Em Calls Paul (Skit)
  • Stepping Stone
  • Not Alike feat Royce Da 5’9’’
  • Kamikaze
  • Fall
  • Nice Guy feat Jessie Reyez
  • Good Guy feat Jessie Reyez
  • Venom

Note: 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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