avril 19, 2024

Orelsan – La Fête est Finie

Avis :

Il y a huit ans de cela, un nouveau rappeur commençait à se faire un nom sur la scène française. C’est en 2009 que le jeune Orelsan sort son premier album Perdu d’Avance, qui sera un énorme succès et lui permettra de remporter le prix Constantin, récompensant les artistes émergeants de l’année. Fort de ce succès, le rappeur originaire de Caen va alors mettre deux ans pour fournir Le Chant des Sirènes, ce qui renforcera sa position de jeune prodige du rap. Par la suite, il va créer un groupe avec son pote gringe et fonder les Casseurs Flowters, dont deux albums sortiront. Des albums absolument géniaux qui démontrent tout le talent des deux garçons qui ont alors le vent en poupe. Sauf que cela faisait maintenant plus d’un an que nous n’avions plus de nouvelles d’Orelsan. Et il n’aura fallu qu’un clip pour déclencher une hype extraordinaire autour du troisième album. Avec Basique, le rappeur montre qu’il revient à l’essentiel, un rap épuré avec des paroles simples, mais surtout un sens de l’image et une volonté de frapper un grand coup tout en changeant son fusil d’épaule, se montrant comme un adulte responsable et non plus comme un sale gosse qui veut conquérir le monde. Est-ce que La Fête est Finie est dans cette même veine ?

A en croire le premier morceau, San, on serait tentés de répondre par l’affirmative. Avec une instru au piano relativement mélancolique et simple, le rappeur pose ses mots au départ comme un regard en arrière et tout ce que la célébrité implique. Sauf que le titre est scindé en deux, et la seconde partie sera plus enjouée, montrant que le rappeur veut continuer à faire de la musique tout en respectant ses valeurs et arrêtant de jouer pour les autres. Le titre est très mature et pourrait presque correspondre à ce qu’il fait avec Les Casseurs Flowters. On retrouvera d’autres titres qui sont dans la même veine, c’est-à-dire avec des valeurs positives et surtout un regard plus adulte, plus conscient. On peut citer le titre éponyme avec La Fête est Finie, même si le titre reste un peu faiblard, mais on peut aussi parler de Tout va Bien dans lequel il joue le jeu des médias et ne dit pas la vérité à un enfant à propos des violences conjugales, des sans-abris ou encore de la guerre. Il se pose aussi en une sorte de mentor avec le morceau Notes Pour Plus Tard, qui clôture l’album de la plus belle des façons, racontant à un jeune ce qu’il faut faire et parlant de son expérience personnelle. Un titre assez fort et relativement bien écrit. Mais ce n’est pas tout, car Orelsan surprend à plus d’un titre avec des morceaux qui vont se révéler touchants, que ce soit par l’instru, les textes, voire les deux. On peut parler de Quand est-ce que ça s’Arrête, qui revient sur les conséquences du succès, Dans ma Ville on Traîne, qui est sur sorte de message d’amour à sa ville natale, se terminant sur les mots « A chaque fois qu’ils détruisent un bâtiment, ils effacent une partie de mon passé » ou encore Paradis, qui est un véritable message d’amour pour sa femme. Bref, Orelsan grandit, vieillit, se transformant petit à petit en un vieux sage.

Mais le rappeur n’oublie pas pour autant ses premiers amours et livre aussi quelques morceaux assez drôles ou sujets à discussion. Le premier titre à soulever les débats est bien évidemment Défaite de Famille. S’inspirant d’une fête de famille durant laquelle il règle ses problèmes avec certains membres, le morceau va fusiller à tour de bras les cousins, les oncles et tantes et même les parents. Relativement vulgaire, le morceau se veut au second degré et s’avère très drôle, notamment sur la fin, avec un simple « à l’année prochaine » hilarant et parfaitement trouvé. On peut aussi parler de Christophe, qui est peut-être l’un des meilleurs titres de l’album, malgré son featuring avec Maître Gims. Sur un rythme Afro Trap, le chanteur se moque gentiment de tous ces chanteurs blancs qui s’amusent à faire de la musique dite de noir et qui envoie une belles punchlines au FN ou encore à d’autres racistes comme un certain Henry de Lesquen. Quant à Maître Gims, il rappelle à tout le monde qu’avant de faire de la musique mercantile et toute pourrave, il est aussi un rappeur qui sait parfaitement poser ses mots sur une instru au cordeau. Les seuls petits regrets que l’on pourra avoir à l’écoute de cet album, c’est la piste La Lumière, qui est vraiment pas bonne et ne sert à rien ou encore Bonne Meuf, pourtant entièrement réalisée par Orelsan et qui, même si le texte est assez équivoque, pêche par son manque de rythme et son coté robotique. Et puis reste La Pluie en feat avec Stromae qui demeure anecdotique, malgré une instru jazzy plutôt sympathique.

Au final, La Fête est Finie, le troisième album d’Orelsan, est un très bon album de rap, si ce n’est l’un des meilleurs de cette année, et cela malgré une trop grosse hype qui entoure la production, montrant que par moments, le vox populi peut avoir raison. Si on regrette quelques titres un peu faiblards ou une trop grosse propension à la vulgarité, Orelsan signe un retour en force, se posant comme un adulte responsable, mais pas trop, en espérant que finalement, la fête ne fait que commencer.

  1. San
  2. La Fête est Finie
  3. Basique
  4. Tout va Bien
  5. Défaite de Famille
  6. La Lumière
  7. Bonne Meuf
  8. Quand est-ce que ça s’Arrête ?
  9. Christophe feat Maître Gims
  10. Zone feat Nekfeu
  11. Dans ma Ville on Traine
  12. La Pluie feat Stromae
  13. Paradis
  14. Notes Pour Plus Tard feat Ibeyi

Note : 17/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=2bjk26RwjyU[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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