De : Ludovic Bernard
Avec Ahmed Sylla, Alice Belaïdi, Kevin Razy, Nicolas Wanczycki
Année : 2017
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
« Pour toi, je pourrais gravir l’Everest !» Samy aurait mieux fait de se taire ce jour-là… D’autant que Nadia ne croit pas beaucoup à ses belles paroles. Et pourtant… Par amour pour elle, Samy quitte sa cité HLM et part gravir les mythiques 8848 mètres qui font de l’Everest le Toit du monde. Un départ qui fait vibrer ses copains, puis tout le 9-3 et c’est bientôt la France entière qui suit avec émotion les exploits de ce jeune mec ordinaire mais amoureux. A la clé, un message d’espoir : à chacun d’inventer son avenir, puisque tout est possible.
Avis :
Ludovic Bernard a une longue carrière comme assistant de réalisation. Passant de petits films aux grosses productions »Bessonnienne », on trouvera dans son CV des films comme « La vie ne me fait pas peur » de Noémie Lvovsky, « Moi César, 10 ans ½, 1m39 » de Richard Berry, « Arsène Lupin » de Jean-Paul Salomé, « Brice de Nice » de James Huth ou encore « Les petits mouchoirs » de Guillaume Canet, les « Malavita« , « Lucy » ou « The Lady » de Luc Besson, ou encore même « Ma vie de chat » de Barry Sonnenfeld. Bref une carrière qui a de la tronche. Et voici qu’après presque vingt ans, Ludovic Bernard réalise enfin son premier film, « L’ascension« . Joli succès surprise du début 2017, « L’ascension« avait réuni plus de huit-cents mille spectateurs et les avis étaient plutôt dithyrambiques.
Pour ma part, malgré le côté cool de sa bande-annonce, je dois dire que j’étais passé à côté de ce film, de peur de me retrouver devant une comédie lourdingue et très oubliable, comme le cinéma français sait si bien en produire ces derniers temps, surtout quand on retrouve un humoriste en tête d’affiche. Mais alors pourquoi me suis-je finalement laissé tenter par ce film ? Eh bien parce que Ludovic Bernard sort à la fin du mois « Au bout des doigts« , avec entre autres Lambert Wilson et Kristin Scott-Thomas et que j’avais une envie de voir ce que le réalisateur avait pu faire avant. Je suis donc entré dans ce film sans aucune confiance et finalement, ce fut une bonne surprise. Joli feel good movie très dépaysant, »L’ascension » est un petit film amusant, bien fait, qui fait mouche et qui en plus de ça, ne tombe pas dans le cliché et dégage même un joli fond. Comme quoi, il ne faut pas s’arrêter à ses préjugés…
Samy, un jeune mec de vingt-six ans, est amoureux depuis des années de Nadia, une jeune femme avec qui il a grandi. Mais Nadia n’est pas si réceptive que ça aux charmes de Samy, ayant peur finalement de s’engager. Comme on dit souvent, l’amour peut faire faire n’importe quoi et Samy finit par dire à Nadia, » – Pour toi, je pourrais gravir l’Everest! »… Ce que Nadia n’avait pas prévu, c’est que cette phrase prendrait forme dans la réalité et que Samy, sans aucune notion d’alpinisme, s’embarque dans un voyage pour gravir le toit du monde…
Entre son affiche qui laisse à désirer et Ahmed Sylla, comique qui ne me fait pas franchement rire, « L’ascension » était loin d’être le pari gagnant pour moi et pourtant, à ma grande surprise, « L’ascension » m’a fait passer un bon moment de cinéma. Un moment amusant et tendre où l’on ne peut qu’être touché par le défi dingue de ce jeune mec de quartier qui va se dépasser par amour.
Adapté d’un fait réel, ce qui est cool et qui était aussi loin d’être évident, c’est le fait que Ludovic Bernard évite d’un côté les clichés et de l’autre l’humour lourd sur lequel beaucoup de comédies françaises s’appuient pour masquer le vide de leur scénario. Ici, ce n’est pas le cas, puisque « L’ascension » nous raconte une histoire et surtout, il offre une belle évolution à son personnage. Le personnage est attachant, car il est simple et vrai. Partant sur une idée placée sous l’ivresse et l’inconscience de la jeunesse, « – Pour toi, je pourrais gravir l’Everest ! », « L’ascension« est certes un défi tendrement amoureux, mais c’est aussi un film qui va aborder le dépassement de soi. C’est un film qui d’une certaine manière fait prendre conscience de ce que l’on peut avoir, de la chance qu’on peut avoir quand finalement on est habitué à quelque chose. Ici, le personnage qui pensait s’offrir un mois de vacances un peu dures, mais aussi un peu à la cool, finit par totalement évoluer et s’ouvrir. On est touché par ce parcours, et qui finit par être aussi une quête de soi-même. Il y a quelque chose de très humain qui se dégage de ce film. Bien sûr, on pourra toujours regretter quelques traits d’humour qui ne trouveront pas leur place (le coup du bonbon), mais face à la sympathie, la bienveillance et surtout l’intelligence de l’écriture qui propose plus que le général des comédies, franchement, on passe très vite outre ces petits défauts.
Puis en fait, plus on y pense, plus « L’ascension« , qui est vendu comme une comédie, apparaît de moins en moins comme une comédie justement. Oui, c’est drôle et amusant, oui, c’est cool, et on ne peut pas renier que le film est un feel good movie qui donne la pêche et le sourire, mais étant en permanence sur le fil du rasoir, « L’ascension« ,à travers ses sujets, ses thèmes et la façon que Ludovic Bernard a d’en parler et de les mettre en scène, donne aussi un fond qui donne une comédie dramatique et sociale qui sonne juste.
« L’ascension« ,c’est aussi un film qui a un côté très dépaysant qui fait du bien, avec des images magnifiques, on en prend plein les yeux. Bref, la surprise est étonnante. Pour son premier film Ludovic Bernard, livre un bon moment de cinéma. Un moment de cinéma qui fait du bien, qui sait amuser sans trop en faire, tout comme il sait toucher, là encore sans tomber dans le pathos. On aime suivre le parcours de Sammy, qui en balançant cette phrase, et en persistant dans son idée, se retrouve un peu comme le piégeur piégé, le poussant toujours à aller plus loin, se dépassant,marchant, montant, grimpant encore et encore, pour notre plus grand plaisir.
Note : 14/20
Par Cinéted