Avis :
Formé en 1980, Grave Digger fait partie des grands noms de la scène heavy allemande, voire même mondiale. Pour autant, le groupe n’a jamais connu le succès qu’il méritait. C’est peut-être pour cela qu’une première séparation a lieu à la fin des années 80. Mais tel un phénix, le groupe retrouve la foi et l’envie pour revenir dans les années 90. Avant un nouvel hiatus. Aujourd’hui, Grave Digger a encore un line-up assez fragile. Si l’on excepte le chanteur/guitariste qui est le seul membre d’origine du groupe, les autres ne sont là que depuis quelques années. Notamment le batteur qui est dans le groupe depuis 2019. Bon, il était aux claviers depuis 2014, mais il a changé de statut. Bref, Grave Digger, c’est un peu le bordel, ce qui n’empêche pas le groupe de sortir presque un album par an. Et le dernier, Fields of Blood montre une grande forme.
L’album commence avec The Clansman’s Journey, qui résonne au doux son des cornemuses. On navigue en pleine Ecosse, et les riffs de gratte viennent apporter une énergie communicatrice qui s’accordent parfaitement avec le côté folk. Le groupe propose alors de rentrer dans des récits guerriers entre l’Ecosse, l’Angleterre et l’Irlande. Un récit qui va prendre plusieurs teintes et qui va se poursuivre au rythme des, justement, des cornemuses. Après cette introduction tout simplement parfaite, le groupe lâche la bride et déclenche son All for the Kingdom qui envoie du bois. Riffs lourds et rapides, mélodies accrocheuses et refrain catchy en diable, le titre donne une furieuse envie de bouger la nuque dans tous les sens. Et la voix éraillée du chanteur, qui rappelle un certain Lemmy Kilmister est idéale pour ce genre d’exercice. Avec Lions of the Sea, on change de style pour lorgner du côté du Power.
Les teintes changent, aussi bien dans le thème que dans les genres, Grave Digger s’amusant à flouer les pistes entre Power, Heavy et Epic. Cependant, ce deuxième morceau reste un peu en deçà des autres titres, car il est trop classique. Tout comme Freedom, qui reste un excellent titre, mais qui manque peut-être d’originalité et oublie son thème de départ. Et cela malgré des riffs bourre-pifs très plaisants. On sera bien plus réceptif sur The Heart of Scotland et son introduction en cornemuse. Le titre est épique à souhait et arrive à une sorte d’osmose entre du folk très prégnant et une touche de Heavy lent et lourd. On est ici en plein dans le thème voulu et il y a vraiment des moments intenses dans ce morceau, notamment le break guerrier qui donne lieu à un solo solide et percutant. Bref, il s’agit certainement du meilleur morceau de l’album.
Et derrière, le groupe de nous finir avec la seule et unique ballade de l’album, mais quel titre ! Thousand Tears casse tout sur son chemin et il est bien difficile de retenir ses larmes face à ce morceau à la fois mélancolique et touchant. La voix féminine de Noora Louhimo est parfaite pour cet exercice et on se laisse très facilement envoûter. Derrière ce moment hors du temps, on va découvrir une flopée de morceaux Heavy qui vont marcher à chaque fois. Union of the Crown se pare d’atouts assez sombres pour déclencher une nervosité latente et fournir un moment percutant et catchy. Tandis que My Final Fight, plus léger, va accentuer n aspect Heavy plus années 80 et l’ensemble fonctionne à plein régime. Ne tombant jamais dans une nostalgie paresseuse, le groupe se lâche et délivre un titre énergique dont le refrain rentre immédiatement en tête.
Derrière, Gathering of the Clans va aller vers quelque chose de plus sombre, de plus rapide et de très efficace. Encore une fois, le refrain fait mouche et le groupe s’ouvre sur un Power puissant et qui va faire des ravages sur scène. Mais c’est surtout Barbarian qui va retenir toute notre attention. Le lancement du titre est tout simplement épique, avec un riff d’une qualité incroyable et une maîtrise parfaite de la rythmique. On rentre dans le vif du sujet d’entrée de jeu et on se laisse embarquer dans ce morceau qui ne fait aucune concession. Percutant et addictif. C’est alors que le groupe dégaine son arme ultime, Fields of Blood, dépassant les dix minutes, revenant à la cornemuse pour un moment dantesque et d’une technique irréprochable. Un grand moment qui montre que Grave Digger est un grand groupe trop méconnu.
Au final, Fields of Blood, le dernier album en date de Grave Digger, est une pure réussite. Après plus de quarante ans d’existence et vingt albums, il est affolant de voir comment le groupe arrive encore à se renouveler et à proposer un Heavy de qualité, inspiré et inspirant. Mélangeant allègrement le folk avec le Heavy et parfois le Power, les allemands prouvent qu’ils sont un très grand groupe, bien trop méconnu et qui mérite d’être bien plus mis en lumière. Le monde de la musique est parfois injuste.
- The Clansman’s Journey
- All for the Kingdom
- Lions of the Sea
- Freedom
- The Heart of Scotland
- Thousand Tears
- Union of the Crown
- My Final Fight
- Gathering of the Clans
- Barbarian
- Fields of Blood
- Requiem for the Fallen
Note : 18/20
Par AqME