Avis :
Rares sont les groupes qui survivent à de gros changements de line-up. Il faut dire qu’à partir du moment où le frontman quitte le navire, c’est plutôt mauvais signe. Ceci dit, certains groupes ont tout de même survécu, mais c’est grâce à la solidité des autres membres. On peut évoquer le groupe français AqME qui a réussi à rester après le départ du guitariste, puis du chanteur (avant d’annoncer la fin du groupe en 2019, tristesse absolue). Avec Visions of Atlantis, c’est complètement différent. Le groupe se forme dans les années 2000 en Autriche, il signe très vite un contrat avec une maison de disques, puis le groupe sort un premier album en 2002. En 2004, alors que le groupe sort son deuxième album, on verra deux changements notables, la voix masculine et les claviers. Trois ans plus tard, pour le troisième opus, le groupe effectuera trois changements, la voix féminine, les claviers et la guitare. En cette époque, le groupe semble avoir trouvé un semblant de stabilité. Mais en 2011, changement de chanteuse et de guitariste. Ce qui est assez fou, c’est que durant les dix-huit années d’existence du groupe, un seul membre n’a pas bougé, le batteur Thomas Caser. Pour le reste, il y a toujours eu des changements permanents. Et ce dernier album, le cinquième, on accueille quatre nouveaux venus, à savoir un nouveau chanteur, une nouvelle chanteuse (la française Clémentine Delauney), un nouveau guitariste et un nouveau bassiste. Bref, un renouveau pour le groupe et cette fraîcheur se ressent dans ce nouvel album.
Le skeud débute avec le titre éponyme de l’album. Il s’agit d’un morceau assez lourd, plutôt puissant et qui est un peu synthétique du mélange qu’opère le groupe. On a une grosse instru en introduction avant de lâcher les guitares et la rythmique dans un pur style Métal Sympho et la chanteuse permet d’adoucir les riffs un peu lourds. Il y a du Nightwish dans ce titre, sans pour autant avoir sa grandiloquence. Néanmoins, le refrain est très catchy et l’ensemble marche du tonnerre. On aura droit à des titres qui font très Métal Sympho durant tout l’album, mais ils seront séparés par des compositions un petit peu plus neutres et parfois plus réussies. Dans le même style que The Deep & The Dark, on peut noter Ritual Night et son léger son folk ou encore Dead Reckoning qui permet à la chanteuse de partir beaucoup plus loin avec sa voix et donc de montrer toute sa palette vocale. Le gros bémol que l’on peut apporter à certains titres comme ceux-là, c’est qu’ils restent très calibrés et ne réservent que peu de surprise. Il y aura bien quelques variations, comme le joli solo de Dead Reckoning tout calme ou encore des sonorités arabisantes dans Book of Nature qui ne sont pour nous déplaire. Cependant, ça reste très léger et tient plus de la note d’intention.
Fort heureusement, le groupe propose aussi d’autres titres plus intéressants et parfois plus touchants. On peut donc parler de Return to Lemuria et sa douce introduction qui rappelle une petite boîte à musique que l’on tourne et la mélodie est assez douce et aérienne. Si le morceau se réveille par la suite, il reste relativement plaisant et reposant. Mais le gros hit de cet album demeure la ballade The Last Home, qui est d’une grande beauté. Tout au piano voix avec une pointe de violons, le morceau démontre toute la sensibilité du groupe et la sublime voix de la française que l’on a pu entendre dans le projet Exit Eden. Etrangement, cette ballade est certainement le morceau que l’on retiendra le mieux de cet album. On notera aussi le dernier titre de l’album, Prayer to the Lost, qui est un très joli titre, mais qui demeure un poil plus transparent que la ballade précitée, notamment à cause d’un mid-tempo passe-partout et cela malgré un solo d’une belle qualité qui rappelle les années 80. De ce fait, l’album arrive à trouver un bel équilibre entre des morceaux très Métal Sympho et des titres plus doux et plus posés. Cependant, il y a un dernier point noir dans cet album, c’est la voix du nouveau chanteur. En effet, il n’est clairement pas à la hauteur de la chanteuse et parfois, on a l’impression qu’il force ou qu’il chante faux. C’est assez dérangeant, notamment sur un titre comme The Silent Mutiny, où il y a une alternance vocale et cela se ressent fortement.
Au final, The Deep & The Dark, le dernier album de Visions of Atlantis, est plutôt une réussite dans son ensemble. Si tout n’est pas parfait, certains titres restent bien en tête et on soulignera les superbes performances sur les ballades, notamment grâce au talent de Clémentine. On trouvera néanmoins quelques scories comme un chanteur un peu faiblard et des compositions parfois trop simplistes, mais cela ne nuit pas forcément à l’ensemble, et c’est tant mieux. Bref, on espère que le groupe va trouver un semblant de stabilité dans son line-up afin de progresser un peu plus et de prendre en maturité.
- The Deep & The Dark
- Return to Lemuria
- Ritual Night
- The Silent Mutiny
- Book of Nature
- The Last Home
- The Grand Illusion
- Dead Reckoning
- Words of War
- Prayer to the Lost
Note : 14/20
Par AqME