Titre Original : Gurotesuku
De : Kôji Shiraishi
Avec Tsugumi Nagasawa, Hiroaki Kawatsure, Shigeo Osako
Année : 2009
Pays : Japon
Genre : Horreur
Résumé :
Un couple de jeunes asiatiques (Aki et Kazuo) sont brutalement kidnappés alors qu’ils marchaient dans la rue. A leur réveil, ils se retrouvent ligotés sur des tables d’opérations, l’un face à l’autre, en présence d’un troisième homme, qui se révèle rapidement être un bourreau sadique. Dans l’impossibilité de fuir, les amants se voient contraints de subir les pires tortures…
Avis :
Avec des films tels que Saw de James Wan ou encore Hostel d’Eli Roth, le torture-porn a connu son heure de gloire. Genre crapoteux qui consiste à voir de pauvres hères se faire torturer par quelques tarés du ciboulot, certains producteurs ont foncé tête baissée pour produire un maximum de films qui entrent dans cette catégorie. Tentant toujours d’aller plus loin et de pousser les curseurs au maximum en matière de saletés, certains films ont eu un petit succès dans la catégorie des ventes de dvd. Le Japon voulait marquer les esprits en allant toujours plus loin. Sorte de Guinea Pig un peu moins salace, Grotesque porte très bien son nom. Film au pitch réduit à son maximum, intérêt limité dans sa démarche artistique, ce métrage de Kôji Shiraishi n’a pour but que de choquer et de bousculer son spectateur. Le pari est-il réussi ? Pas vraiment.
Sans scénar
On le sait, quand on regarde un torture-porn, on ne s’attend pas à un scénario de folie. Bien au contraire, ce que l’on est venu chercher, c’est du sang, des tripes et du gore. Pour autant, faut-il réduire les scénarios de torture-porn à du vide ? N’est-il pas possible de fournir un fond, une réflexion, tout en gardant l’esprit craspec du sous-genre ? C’est la question que l’on peut se poser en regardant Grotesque, tant le film est vide de toute substance. C’est bien simple, l’histoire raconte la torture physique et psychologique d’un jeune couple, alors kidnappé par un médecin qui recherche de l’excitation sexuelle. C’est tout. Durant une petite heure et quart, le film se débat tant bien que mal pour tenter de fournir quelques justifications sur les sévices du psychopathe, mais c’est clairement pour la forme, le pitch n’étant que torture, blessures, humiliations et j’en passe.
De ce fait, le film n’a pas vraiment d’intérêt. Ce médecin fou qui recherche de la tension sexuelle en torturant ce jeune couple n’a rien de vraiment intéressant. Le réalisateur a cru bon de prendre un fou sosie de Takeshi Kitano pour symboliser un semblant de folie, mais rien n’y fait, on aura aucun fond avec un tel personnage. Même lors du « pont » en milieu de film (le médecin les libère et les soigne pour repartir de plus belle par la suite), cela n’apportera finalement aucune épaisseur, que ce soit au scénario, à l’histoire, ou encore aux personnages. Grotesque, c’est beaucoup de vide, de sang et d’humiliation, pour un résultat qui frise le mauvais goût. Les japonais veulent y aller à fond, mais ils en oublient la cohérence du propos et donc tout l’intérêt.
Gore tesque
Bien évidemment, le film tient toutes ses promesses au niveau du gore. Et cela commence dès le départ. Le médecin enlève le jeune couple, les attache, et c’est parti pour quelques moments de franche rigolade. Vomissements, attouchements sexuels, tronçonneuse en gros plan qui découpe des mimines, énucléation, tout y passe. Le film ne recule devant rien et propose même des séquences à la limite du supportable, notamment lorsque le médecin doigte la jeune femme devant son compagnon. Le réalisateur n’y va pas avec le dos de la cuillère et certains passages sont limites. Les amateurs apprécieront sûrement, les autres seront certainement dégoûtés par un tel déluge de violence gratuite. Et c’est bien là tout le problème du métrage qui affiche des passages sales, mais qui n’ont que peu d’intérêt. Ils ont peu d’intérêt car les personnages ne sont pas empathiques et on ne ressent rien.
C’est là la base même du film d’horreur, arriver à faire ressentir des choses pour les protagonistes. Or, ici, on ne sait même pas de qui il s’agit, si ce n’est que c’est un jeune couple qui se dragouille, et le médecin, hormis sa folie furieuse, reste un mystère. Dégraissé du moindre intérêt, Grotesque n’arrivera jamais à nous faire croire aux personnages et aux différents sévices. Pire, il s’octroie un final d’une nullité affligeante. Alors que le médecin propose à l’homme de se sacrifier pour sauver la femme, cette dernière pète un plomb, insulte le médecin et finit par se faire décapiter. Sauf que lorsque la tête saute, elle retombe sur le médecin et le mord au cou. Le final devient alors débile à souhait, se transformant en une comédie absurde qui n’a plus le sérieux de tout le déroulé du métrage.
Laid
Histoire de bien compléter la fausse note de ce film, il faut lui rajouter une mise en scène complètement à côté de ses pompes. On sent que le budget est très limité, mais est-ce une raison pour fournir une image aussi dégueulasse ? On sent que c’est quasiment filmé à l’épaule et qu’il n’y a pas de recherche d’esthétisme particulier. Les effets gores sont bien fichus, même si le gros plan préside pour ne pas voir la supercherie. Malheureusement, entre l’image craspec et une réalisation vaine, faut de moyen, le film se vautre dans un amateurisme qui fait peine à voir. On est loin des modèles du genre à la Saw ou Hostel. Kôji Shiraishi mise tout sur le gore en frontal, mais il en oublie de fournir une œuvre qui a du cachet, lorgnant plus vers le Snuff mal branlé qu’autre chose.
Au final, Grotesque est un mauvais film. Il s’agit d’un torture-porn de bas étage qui n’a aucun fond et qui ne vise qu’à une chose, choquer. Malheureusement, ça ne prend jamais et on s’ennuie ferme face à un métrage qui accumule les mauvais points. Si on peut rigoler sur certains passages débiles, comme le clouage de couilles, on reste tout de même sur quelque chose de crapuleux et de bas du front, qui n’utilise même pas un trauma pour justifier les actes de son médecin fêlé. Bref, un film gore bien naze qui n’a même pas le délire d’un Sushi Typhoon…
Note : 03/20
Par AqME