
De : Cédric Jimenez
Avec Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos, Louis Garrel, Romain Duris
Année : 2025
Pays : France
Genre : Policier, Science-Fiction, Thriller
Résumé :
Dans un futur proche, Paris a été divisé en 3 zones qui séparent les classes sociales et où l’intelligence artificielle ALMA a révolutionné le travail de la police. Jusqu’à ce que son inventeur soit assassiné et que Salia et Zem, deux policiers que tout oppose, soient forcés à collaborer pour mener l’enquête.
Avis :
Avec « Chien 51« , Cédric Jimenez signe sa première incursion franche dans l’anticipation. Pourquoi ce choix ? Parce qu’après avoir exploré le réel sous toutes ses coutures, de « La French » à « Novembre« , le réalisateur voulait confronter son cinéma, très ancré dans le présent, à un futur possible. Il a souvent répété en interview qu’il voyait l’Intelligence artificielle comme « un outil fascinant mais terriblement inquiétant », et qu’il voulait interroger non pas la technologie, mais ce que l’humain choisit d’en faire. Voilà pourquoi « Chien 51 » existe. Le mois d’octobre, pour le cinéma français, était un mois plein de promesses. Ozon, Klifa, Charuel, Astier, Desplechin, Kounen, « Orelsan » et Jimenez… il y en avait pour tous les goûts. Au sein de cette liste déjà riche, j’attendais énormément le nouveau Cédric Jimenez, qui se posait peut-être comme la sortie la plus ambitieuse du mois. Oui, on n’avait pas vu arriver le film avec Orelsan.

Après s’être attaqué aux attentats de Novembre 2015, le réalisateur fait donc un virage vers la SF d’anticipation. Et tout en gardant son style ancré dans le réel, avec des enquêtes, les flics, la tension, Cédric Jimenez s’intéresse cette fois à l’avenir, à l’I.A, à ce que pourrait devenir Paris si une Intelligence artificielle gérait nos vies, nos actes, nos trajectoires. Le metteur en scène nous entraîne alors dans un récit d’anticipation divertissant et bien mené, même si, évidemment, il ne faut pas trop gratter la pellicule, car sinon, le vernis se fend assez vite.
« Visuellement, « Chien 51 » est très beau »
Paris, 2051. La capitale est désormais scindée en trois zones strictes, gérées et surveillées en permanence par ALMA, une I.A chargée de maintenir l’ordre social. Dans la Zone 3, la plus pauvre et la plus instable, un policier fatigué mais intègre, Zem, se rend sur le terrain sous le périph, où un corps vient d’être découvert. Un attentat frappe le centre-ville, ALMA désigne un suspect : un jeune homme issu de la Zone 3, membre supposé d’un groupe rebelle. C’est Salia, une enquêtrice de la Zone 1, qui est chargée de l’enquête et elle va faire équipe avec Zem.
Le cinéma est régulièrement le reflet de son époque. Et avec l’arrivée (ou plutôt l’invasion) de l’intelligence artificielle dans nos vies, il était presque évident que le cinéma allait s’emparer du sujet. On peut même dire que depuis un certain temps, le cinéma est obsédé par cette idée. Rien que cette année, dans une plus ou moins grande mesure, on a eu « Companion« , « Mission : Impossible, The Final Reckoning« , « M3GAN 2.0« , « Dalloway« , « Tron Arès« … et les deux derniers sont sortis à quelques semaines d’intervalle. Bref : l’I.A est partout. Et aujourd’hui, c’est donc Cédric Jimenez qui s’attaque à ce thème en nous livrant un film où une I.A nommée Alma aide la police lors d’enquêtes.
Pour « Chien 51« , le réalisateur a vu les choses en grand. Et il a eu les moyens de ses ambitions. Visuellement, « Chien 51 » est très beau. La construction d’un Paris futuriste mais crédible fonctionne très bien. Les décors sont grandioses. La ville découpée en trois zones a un vrai cachet. Les effets visuels sont excellents, même si, parfois, le film montre ses limites avec quelques instants où le fond vert se fait sentir. Mais face au reste, ce ne sont que des petits détails.
« Là où « Chien 51 » pêche davantage, c’est sur le scénario »
Le film est nerveux. Le rythme est intense. Dès l’ouverture, on entre pleinement dans cette nouvelle vision d’un Paris ultra-segmenté et ultra-protégé. « Chien 51« , c’est aussi un film qui tient de très belles scènes : une poursuite d’ouverture très efficace, un karaoké inattendu, une scène de drogue lâchée aux trousses d’un personnage, une séquence en boîte de nuit qui a dû coûter une fortune, et bien sûr toutes les scènes de « police », dont un assaut mémorable. Avec ça, le film est aussi porté par une excellente BO signée Guillaume Roussel. Un compositeur qui prend de plus en plus de place dans le cinéma français, et on comprend pourquoi : sa musique ici est organique, magnétique, sensorielle.
Côté casting, c’est un sans-faute ou presque. Le duo d’acteurs porte littéralement le film. Adèle Exarchopoulos est impeccable, du début à la fin. (Par contre… cette perruque ? Non mais cette perruque… Mais bon, c’est un détail.) Gilles Lellouche, lui, joue un personnage sincère, fatigué mais attachant. Avec eux, Louis Garrel campe un rebelle charismatique, même si son rôle manque un peu de limpidité dans son fonctionnement.
Là où « Chien 51 » pêche davantage, c’est sur le scénario. Si le film est prenant et intéressant dans ce qu’il raconte sur la société et les dérives de l’I.A, il reste de nombreuses interrogations. Le film dure à peine une heure quarante-cinq : c’est trop court pour un récit de ce type. C’est efficace, ça va droit au but, mais c’est aussi prévisible. Et surtout, dès qu’on gratte un peu… comment Alma prend ses décisions ? Pourquoi ces zones n’existent-elles qu’à Paris ? Pourquoi la population contrainte n’essaie-t-elle pas simplement de partir ? On se retrouve face à des angles morts. Idem pour la résistance de Louis Garrel : on comprend l’idée, on comprend le symbole, mais dans les faits, c’est… flou.

Au bout du compte, « Chien 51 » est un bon divertissement. Un film avec du cachet. Porté par des acteurs extraordinaires et un vrai sens du spectacle. Oui, son enquête est ultra prévisible. Oui, son univers manque de profondeur et d’explications. Mais malgré ces défauts, je ne regrette pas de m’être arrêté sur le nouveau Cédric Jimenez. Ça reste une proposition de cinéma. Un divertissement honnête. Et ça fait du bien.
Note : 14/20
Par Cinéted
