
De : Joachim Rønning
Avec Jared Leto, Greta Lee, Evan Peters, Gillian Anderson
Année : 2025
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction, Action
Résumé :
L’étonnante aventure d’un Programme hautement sophistiqué du nom de Ares, envoyé du monde numérique au monde réel pour une mission dangereuse qui marquera la première rencontre de l’humanité avec des êtres dotés d’une intelligence artificielle…
Avis :
Si Joachim Rønning n’était pas le premier choix pour réaliser « Tron Arès« , il s’est rapidement imposé comme une évidence pour le studio. Après avoir prouvé son « savoir-faire » dans de grandes productions Disney comme « Pirates des Caraïbes : La vengeance de Salazar » ou « Maléfique : Le pouvoir du mal« , le studio voyait en lui un metteur en scène capable d’apporter à la saga « Tron » un nouveau souffle. Lui-même, grand amateur de science-fiction, s’est montré enthousiaste à l’idée de replonger dans cet univers culte, en essayant d’y mêler le spectaculaire hollywoodien et une réflexion sur l’intelligence artificielle, thématique devenue incontournable aujourd’hui.

S’il y a bien un film qui était attendu avec curiosité et envie pour cette fin d’année, c’est bien « Tron Arès« . Presque quinze ans après le film de Joseph Kosinski, Disney/Hollywood a décidé de nous relancer sur la grille. La bande-annonce était sublime, et « Tron Arès » ajoutait à cela une bande originale signée Nine Inch Nails. Personnellement, j’étais curieux de voir où le film allait nous emmener, même si, déjà, une déception pointait : il ne s’agissait pas d’une suite directe du film de 2011.
« le scénario reste basique »
Très vite, les avis négatifs sont tombés, ce qui a un peu abîmé ma curiosité. Mais comme je suis téméraire, je me suis enfin accordé du temps pour voir ce qui avait tout l’air d’un mauvais film annoncé. Et surprise : si le film n’a rien d’extraordinaire, il est loin d’être le désastre que certains ont décrit. C’est vrai que le scénario reste basique, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’est pas intéressant, même si, soyons honnêtes, on en devine très vite le déroulé.
L’humanité ne le sait pas encore, mais elle est sur le point d’intégrer des programmes conscients dans le monde réel. Arès est un programme de protection qui a été créé pour protéger la grille d’une multinationale. Son PDG cherche un code qui ferait durer les programmes dans notre monde. Persuadé que son concurrent direct va le trouver avant lui, il charge Arès de le hacker. Et c’est là qu’Arès va découvrir quelque chose qu’il ne soupçonnait pas, l’émotion…
C’est donc au tour du norvégien Joachim Rønning de s’attaquer à l’univers de « Tron ». Joachim Rønning est un nom que j’aime bien. Il faut dire que le réalisateur avait frappé fort en début de carrière avec des films comme « Kon-Tiki » et « Max Manus« . Mais depuis un peu moins d’une dizaine d’années, le réalisateur s’est exilé à Hollywood, et là, force est de constater que son cinéma y a perdu. Entre « Pirates des Caraïbes : La vengeance de Salazar » et « Maléfique« , deux films que j’ai pourtant appréciés, on est loin de ses débuts plus inspirés.
« il n’y a pas vraiment de suspense »
« Tron« , c’est tout un univers. Avec le film de Joseph Kosinski, l’univers avait déjà fait un bond en avant impressionnant. C’est d’ailleurs ce que j’aime le plus dans cette franchise : ce basculement dans un univers visuel magnifique. De ce côté-là, « Tron Arès » est quasiment irréprochable. Les images et les effets sont à la hauteur de son budget. Visuellement, le film claque fort. Que ce soit dans la grille, dans notre monde ou lors d’un détour par une ancienne grille, « Tron Arès » a de la gueule.
Le rythme est bon, sans temps mort, malgré quelques passages un peu trop explicatifs. On pourrait presque parler de surexposition au début, mais ça tient la route finalement. Le film nous offre de belles scènes d’action : une course-poursuite dans notre monde, une infiltration bien ficelée avec une bataille après un « hold-up », ou encore un final qui tient son petit effet. L’idée de voir l’univers de « Tron » s’infiltrer dans notre monde à cause d’un programme hors de contrôle est plutôt réussie. Et puis, il y a la musique. La bande originale signée Nine Inch Nails claque aussi fort que celle des Daft Punk. On pourrait presque dire que le studio a davantage misé sur une BO marquante et un visuel impressionnant que sur la profondeur du scénario.
Car c’est bien là la faiblesse de « Tron Arès » : l’intrigue. Le film regorge de bonnes idées, comme celle d’un programme découvrant qu’il peut ressentir des émotions, ce qui est fidèle à l’ADN de la saga, même si déjà vu. J’aime beaucoup l’arc narratif d’Arès, même si, de ce côté-là, il n’y a pas vraiment de suspense. Mais le propos reste intéressant, notamment sur la place de l’I.A. et cette façon qu’a l’humain de jouer avec elle, de la pousser toujours plus loin. Malheureusement, le film ne creuse pas plus et derrière ça, il manque aussi de tension. Tout est trop propre, trop prévisible. On sait dès le départ comment ça va se finir.
« Leto, ici, reste très monolithique »
L’intrigue, posée sur fond de guerre économique, reste ultra classique : d’un côté le « gentil » idéaliste qui veut offrir un cadeau au monde entier, de l’autre le « méchant » qui veut dominer et s’enrichir. C’est très binaire comme vision. Et c’est dommage, car le film creuse parfois des pistes plus complexes… mais reste inégal.
Et puis, il y a Jared Leto. On connaît l’acteur depuis toujours. Mais hormis la catastrophe « Morbius » et le très beau « Mr. Nobody« , il n’a jamais vraiment porté seul un film de cette ampleur. Et même si j’aime bien Leto, ici il reste très monolithique. Certes, il incarne un programme qui découvre peu à peu l’humanité, mais j’ai eu du mal à me laisser totalement embarquer par son jeu. Surtout que face à lui, Jodie Turner-Smith, dans le rôle d’Athéna, dégage une vraie présence : froide, mystérieuse, magnétique avec le même jeu monolithique. Le reste du casting est correct : Greta Lee touchante, Evan Peters en fait des caisses, mais il amuse finalement en fils à papa mégalomane persuadé d’être un génie.

Bref, lorsque je fais le compte de tout ça, « Tron Arès » se pose comme une grosse production Disney lambda. Ça se regarde sans déplaisir, c’est loin d’être désagréable, et l’univers ainsi que la BO aident beaucoup. Ce n’est pas la catastrophe annoncée, mais ça ne restera pas non plus le blockbuster marquant de l’année.
Note : 12/20
Par Cinéted
