Titre Original : The Favourite
De : Yorgos Lanthimos
Avec Emma Stone, Olivia Colman, Rachel Weisz, James Smith
Année: 2019
Pays: Etats-Unis, Angleterre, Irlande
Genre : Historique, Drame
Résumé :
Début du XVIIIème siècle. L’Angleterre et la France sont en guerre. Toutefois, à la cour, la mode est aux courses de canards et à la dégustation d’ananas. La reine Anne, à la santé fragile et au caractère instable, occupe le trône tandis que son amie Lady Sarah gouverne le pays à sa place. Lorsqu’une nouvelle servante, Abigail Hill, arrive à la cour, Lady Sarah la prend sous son aile, pensant qu’elle pourrait être une alliée. Abigail va y voir l’opportunité de renouer avec ses racines aristocratiques. Alors que les enjeux politiques de la guerre absorbent Sarah, Abigail quant à elle parvient à gagner la confiance de la reine et devient sa nouvelle confidente. Cette amitié naissante donne à la jeune femme l’occasion de satisfaire ses ambitions, et elle ne laissera ni homme, ni femme, ni politique, ni même un lapin se mettre en travers de son chemin.
Avis :
Yórgos Lànthimos est un réalisateur grec qui s’est peu à peu imposé dans le paysage du cinéma actuel. Ayant un style très marqué, il a tout d’abord eu une jolie carrière dans son pays. Pas moins de quatre films en huit ans. Puis c’est en 2015 que le réalisateur s’aventure sur un premier film étranger, « The Lobster« , un film aussi étrange que fascinant et très drôle. Le film est une surprise qui confirme le nom de Yórgos Lànthimos. Depuis, le réalisateur a refait tourner Colin Farrell en compagnie de Nicole Kidman pour « La mise à mort du cerf sacré« .
Un peu moins d’un an et demi plus tard, Yórgos Lànthimos enchaîne les projets et il revient avec « La favorite » qui s’annonçait comme l’un des grands gagnants des Oscars 2019. Bon, il se trouve que le film a été boudé par l’Académie, remettant simplement la statuette de la meilleure actrice à Olivia Colman, ce qui, entre nous soit dit, est plus que mérité, tant Colman déborde de talent et se trouve être fascinante dans le rôle de la Reine. Mais revenons sur « La favorite » et le moins que l’on puisse en dire, c’est que Yórgos Lànthimos offre du singulier et de l’insolite. Beau, fascinant, (oserait-on dire grandiose ?) « La favorite » est un drame sublime, emporté par un trio d’actrices incroyables !
Angleterre, XVIII siècle, le royaume est en guerre contre la France, mais pourtant à la cour, la tension est moindre. Le pays est dirigé par la Reine Anne, qui se trouve être malade et fragilisée. Parmi les gens de la cour, il y a Lady Sarah, une fidèle, sa fidèle. La jeune femme a toute la confiance de la monarque, au point que d’une certaine façon, Lady Sarah gouverne le pays. Un matin, une jeune servante, cousine de Lady Sarah, Abigail Hill, arrive à la cour. Lady Sarah la prend sous son aile, et espère en faire une précieuse alliée, mais très vite Abigail aspire à d’autres projets…
Décidément, le cinéma de Yórgos Lànthimos est un objet non identifié qui bouscule nos habitudes et qu’est-ce que ça fait du bien. Ce qui est terrible ici, c’est le fait que le réalisateur prenne un genre qu’on connaît par cœur, le film historique, pour faire presque un autre film avec ce genre. Yórgos Lànthimos propose des choses, essaie des choses, et alors que d’autres se seraient cassés les dents, le cinéaste grec s’en sort parfaitement et livre une œuvre en permanence intéressante. Une œuvre qui se perd entre « Barry Lyndon » et « Ridicule« . Une œuvre fascinante grâce à sa mise en scène, mais aussi grâce à ce trio d’actrices fabuleuses, toutes nommées aux Oscars et à très juste titre.
« La favorite« , c’est tout d’abord une ambiance. Les premières choses qui m’ont frappées et fascinées avec ce film, ce sont les idées de son réalisateur pour mettre en images cette histoire. Si le scénario est très bon, naviguant avec élégance entre intrigue historique, romance, prise de pouvoir et duel sans merci entre deux femmes, prêtent à beaucoup pour avoir les faveurs d’une reine malade et naïve, c’est bel et bien l’incroyable mise en scène de Yórgos Lànthimos qui me reste en tête en premier. Utilisant des angles de caméra qu’on voit peu, pour ne pas dire pas du tout dans ce genre de film, utilisant des mouvements de caméra intéressants, offrant une photographie des plus incroyables, arrivant à éclairer une pièce sans jamais vraiment le faire, éclairant beaucoup de scènes à la bougie, éclairant son film avec une lumière « naturelle », Yórgos Lànthimos fascine du début à la fin, offrant même certains plans qui sont de véritables bijou à eux seuls.
Ici, tout est pensé et réfléchi pour que tout soit là, au bon moment, et jamais le cinéaste ne tombe dans la démonstration. L’exercice était difficile, surtout que l’évidence de rappeler Kubrick est ici flagrante, mais Yórgos Lànthimos se détache de Kubrick, et même s’il n’arrivera pas à faire un film aussi grand que « Barry Lyndon« , il arrive à offrir avec « La favorite » un très bon film qui risque fort bien de se hisser dans plus d’un top en fin d’année.
Une autre flamboyance du film, c’est bien entendu sa reconstitution, décors, costumes, maquillages, BO, on sent le souci du détail, Yórgos Lànthimos fait dans le grandiose intimiste et ne serait-ce aussi que pour cela, « La favorite » mérite qu’on s’y attarde plus d’une fois.
Enfin, comment ne pas évoquer ce trio d’actrices absolument géniales. Olivia Colman est prodigieuse dans le rôle ambigu et fragile de la Reine Anne. Lui remettre un Oscar était plus que mérité. Quant à Rachel Weisz et Emma Stone, elles sont parfaites en servantes intéressantes et l’on adore suivre la guerre qu’elles se livrent. Une guerre faite de coups bas, de sourires faux-cul et de bonnes manières.
Le spectacle est là, l’intrigue est là, les actrices sont parfaites, les émotions volent du rire à la tension, pour passer enfin aux larmes parfois… Bref que demander de plus ? On attend le prochain Yórgos Lànthimos avec beaucoup de curiosité et d’envie !
Note : 16/20
Par Cinéted
Une réflexion sur « La Favorite »