
Titre Original : Entity Project
De : Jandae Percem
Avec Stephanie Geiger, Sheleah Harris, Carolina Levi, Gia Maulbeck
Année : 2021
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Une réalisatrice et ses amis louent une maison hantée pour capturer des événements paranormaux afin de le prouver et devenir populaire.
Avis :
Sous-genre intarissable pour les apprentis cinéastes, le found-footage n’a de cesse de susciter des vocations pour s’immiscer dans le sillage de précédentes productions emblématiques. À l’image du Projet Blair Witch ou de Paranormal Activity, il est vrai qu’un succès international avec un budget malingre a de quoi interpeller. Une telle visibilité peut même amorcer une carrière. Pour autant, ce registre requiert un minimum de maîtrise technique, ainsi que le respect de plusieurs fondamentaux. Si certaines occurrences confidentielles parviennent à se démarquer, on observe aussi une masse informe de métrages opportunistes et mal fichus dont l’intérêt frôle le néant. À cette simple évocation, il n’est pas difficile de deviner à quelle catégorie appartient Entity Project.

Avec une séance d’exorcisme, l’introduction tente de nous mettre en condition. La scène demeure furtive et basique. Elle ne prête qu’à peu de conséquences pour la suite des évènements. Certes, il sera bien question de possessions. Pour autant, cet aspect reste tardif et mal amené, car il survient après une laborieuse exposition. En l’espace de 45 minutes, il faut se contenter d’un tour du propriétaire sommaire. Hormis la maison elle-même, la propriété ne fait l’objet d’aucun approfondissement. On se concentre surtout sur cette remise de jardin, où l’intérieur ne s’entrevoit qu’à travers une fenêtre crasseuse. On peut aussi évoquer la corde qui pend à un arbre, vague clin d’œil à The Conjuring.
« Autre signe de la vacuité ambiante : la répétitivité de dialogues creux »
Alors que cette location de vacances demeure l’occasion de tourner un documentaire sur le passif des lieux, la fière équipe privilégie les préparatifs d’une pyjama-party. Ça se gausse pour un oui ou pour un non. Ça enchaîne les conversations stériles. Puis, au coin de feu, on entame un strip-tease inutile ou un discours anti-religieux dénué d’arguments. Il ne suffit pas de dire « c’est de la merde » pour construire un propos cohérent et pertinent. Cet aspect aurait pu apporter un minimum de fonds au passé des lieux et à l’entité qui guette. Autre signe de la vacuité ambiante : la répétitivité de dialogues creux. Ces derniers présentent toutes les peines du monde à aligner un sujet, un verbe et un complément ; entre deux rires d’écervelées, bien sûr.
Lorsque les hostilités commencent, on observe des comportements incohérents. Les protagonistes prêtent peu de cas aux réactions de leurs amies ou aux phénomènes qui se perpètrent au sein de la bâtisse. Une femme a les yeux noirs et vomit du sang tout aussi sombre ? Qu’importe ! Cela sans compter sa voix gutturale. Des portes claquent, des cris fusent, des attaques physiques se produisent… Là encore, l’apathie générale rivalise avec la stupidité des prétextes pour rester sur place. Il n’est même pas question d’un véhicule en panne, mais d’une absence de réseau. Il faut donc attendre la date fatidique pour partir. Entre temps, le supplice se prolonge pour les intéressées et le spectateur. La progression se veut poussive, en dépit d’une durée restreinte.
« La gestion du cadre demeure tout aussi catastrophique »
À l’image des mauvais found-footage, on n’évite guère les soubresauts imbuvables de la caméra et autres scories propres à une mise en scène médiocre, sinon amateuriste. Cela porte, entre autres, sur l’éclairage ou l’ambiance sonore. La gestion du cadre demeure tout aussi catastrophique. À aucun moment, l’atmosphère ne s’alourdit, pas même à la tombée de la nuit ou lors d’une manifestation paranormale. Cela tient à l’ennui latent qui monopolise notre attention ou à cette incapacité à tirer les ficelles de l’horreur, à tout le moins de l’épouvante. On doit se contenter de clichés éculés et prévisibles qui ne parviennent pas à provoquer le moindre sursaut.

Au final, Entity Project demeure un found-footage de bas étage. Le film de Jandae Percem ne présente guère d’intérêt, y compris pour les amateurs du genre. La première moitié suit les élucubrations d’amies qui prônent le « girl power », en oubliant l’objet de leur venue. À croire qu’il s’agit d’un revival nostalgique de leurs années adolescentes, non d’un projet de tournage sur un documentaire paranormal. Les réactions sont sans inspiration et les comportements qui en découlent sont tout aussi déplorables à contempler. Du reste, les phénomènes surnaturels et la possession démoniaque en deviennent secondaires, voire anecdotiques. Quant à la présence du prêtre défraîchi ou cet encadrement narratif sur les tenants et les aboutissants de l’affaire, ces éléments n’apportent rien, pas même un minimum d’authenticité. Un film à destination des amateurs d’une pyjama-party qui tourne au malaise soporifique.
Note : 03/20
Par Dante
