septembre 26, 2025

Tedor Anomaly – L’Hommage à Alien en Carton Pâte

De : Daniel Frevert

Avec Endrius Guarneri, Mara Leoni, Davide Pesca, Maurizio Quarta

Année : 2023

Pays : Italie

Genre : Science-Fiction, Horreur

Résumé :

L’équipage d’un transporteur intergalactique, menant à l’exoplanète lointaine Tedor, transportant une cargaison mystérieuse pour une station de recherche sur un astéroïde en orbite, découvre une structure énorme et ancienne d’origine inconnue.

Avis :

Dans le domaine de la réalisation, le parcours d’un metteur en scène est semé d’embûches. À moins de disposer d’accointances ou de passe-droits dans le milieu, son travail pâtit d’une piètre visibilité. Si le passage par la case « court-métrage » constitue un prérequis essentiel, sinon incontournable, s’immiscer dans le cinéma indépendant aide également à présenter un projet, une œuvre. Aussi, il n’est guère préjudiciable de pâtir d’un budget malingre, pourvu que les idées et le talent d’un réalisateur soient à l’aune de son inspiration. C’est donc avec un a priori curieux et non dubitatif que l’on peut aborder Tedor Anomaly, une production italienne qui lorgne vers la science-fiction horrifique.

Avec le présent métrage, Daniel Frevert souhaite rendre un vibrant hommage à Alien – Le 8e passager. En son temps, le film de Ridley Scott a amorcé un précédent cinématographique et reste encore à ce jour un chef-d’œuvre incontournable du genre. L’atmosphère oppressante au sein d’un vaisseau spatial, une menace extraterrestre et une traque intense en ont fait une véritable référence. Il n’est pas surprenant qu’il ait suscité des vocations et marqué des générations de cinéphiles. On peut donc concéder des intentions louables à Tedor Anomaly. Seulement, les ambitions initiales s’étiolent bien vite. Et cela ne tient pas uniquement à l’indigence manifeste de l’entreprise…

« les acteurs ne prennent pas la peine de jouer »

D’emblée, on nous affuble de plans rapprochés sur le tableau de bord du vaisseau. Les bruitages ne sont pas sans rappeler ceux de son illustre modèle des années 1970. Toutefois, la comparaison s’arrête là. Avec des dispositifs multicolores et des clignotements dépourvus de sens, on écoute les élucubrations d’une intelligence artificielle attardée sur la situation d’une station basée sur Tedor, une exoplanète lointaine. Pour donner le change, on a droit à un panel de quatre astronautes du dimanche qui se distinguent par leur impavidité, en toutes circonstances. C’est bien simple, les acteurs ne prennent pas la peine de jouer, délaissant tout ressenti ou émotion au fond de leur cerveau creux.

Il faut donc se contenter d’expressions figées et de mouvements mécaniques, du moins lorsqu’ils sentent la nécessité d’effectuer une gestuelle afin d’apporter un minimum de vie dans leur personnage respectif. On peut également s’amuser de réparties plates qui ne recèlent guère de tension quant à la présence d’une créature monstrueuse dans des corridors mal éclairés. Cet aspect tient à dissimuler cahin-caha des décors en carton, au sens propre du terme. Mention spéciale au véhicule et à l’ascenseur qui semblent tout droit sortis d’un atelier des arts créatifs de maternelle. On peut aussi s’attarder sur la vacuité des environnements extérieurs, balayés par une tempête de poussières, ou sur ces coursives similaires à chaque bifurcation.

« Malgré la brièveté du métrage, les longueurs sont légion »

Tout au long d’une histoire qui ne décolle jamais, on assiste à des conciliabules entre une machine et des potiches qui font office d’êtres humains. Malgré la brièveté du métrage, les longueurs sont légion et les remplissages tendent à recycler des plans ou des séquences identiques, notamment pour présenter le cadre. On remarque aussi de gros soucis au niveau de l’ambiance sonore, tour à tour absente ou incohérente. Les bruits de pas sur le grillage métallique deviennent un véritable refrain à un point tel qu’on ne s’embarrasse guère d’une quelconque synchronisation. On observe ainsi un décalage avec la démarche des protagonistes ou une sonorité qui perdure alors qu’ils demeurent immobiles !

Au final, Tedor Anomaly est un film méphitique à tous les égards. Malgré l’idée initiale louable, on assiste à une pénible et laborieuse itération. Entre des décors vides, des personnages transparents et un scénario qui tient sur un timbre, il est difficile de recenser toutes les tares de ce naufrage intergalactique. On peut également fustiger l’invisibilité de la créature, exception faite de cure-pipes qui s’extirpent des grilles de ventilation. Cela sans compter des bruitages grossiers et ridicules. Pour parfaire le tableau, on dissémine quelques écrans de veille dignes de Windows 95 pour illustrer l’infinité de l’univers. Cela sans oublier un dénouement en apothéose avec des effets pyrotechniques qui pourraient constituer un risque de cécité pour le public. Une ignominie comme on en commet rarement, même dans le domaine de la série Z.

Note : 01/20

Par Dante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.