
Titre Original : Bu Feng Zhui Ying
De : Larry Yang
Avec Jackie Chan, Zifeng Zhang, Tony Leung Ka Fai, Ci Sha
Année : 2025
Pays : Hong-Kong, Chine
Genre : Action, Thriller, Policier
Résumé :
Un mystérieux mafieux et ses 7 fils adoptifs manipulent et ridiculisent la police en piratant le système de surveillance ultramoderne de la ville, dans le but de récupérer une fortune en crypto-monnaie. La police devenue impuissante doit faire appel à un ancien expert qui va s’associer avec une jeune policière à laquelle il est lié par un secret qu’elle ignore. Une partie d’échec commence alors, où les cerveaux et la loyauté seront mis à l’épreuve.
Avis :
Larry Yang est un réalisateur chinois qui s’est surtout illustré jusqu’ici dans des films d’action solides et efficaces, souvent ancrés dans un cinéma de genre populaire. Il aime les récits tendus, les intrigues policières et les personnages marqués par leur passé. Avec « The Shadow’s Edge« , il signe clairement son film le plus ambitieux, celui où il pousse le plus loin la mise en scène, l’émotion et la complexité de ses personnages.

Il y a des films qu’on n’attend pas et qui s’imposent très vite à nous. « The Shadow’s Edge« , c’est un film que je suis allé voir simplement parce que c’est le nouveau Jackie Chan. Si l’acteur chinois n’a rien fait de vraiment incroyable ces dernières années, il y a une affection qui tient, ce qui fait que même si ses derniers films ne sont pas dingues, ils demeurent divertissants. Ainsi, en entrant en salle, je pensais juste trouver un divertissement honorable… et là, c’est la surprise totale. C’est bien simple, « The Shadow’s Edge« , c’est le film d’action de l’année, mais pas que, puisqu’avec ça, le film nous livre une intrigue passionnante et des interprétations folles de ses acteurs. Bref, « The Shadow’s Edge« , c’est la bombe de cette fin d’année.
« »The Shadow’s Edge« , c’est la bombe de cette fin d’année »
Lorsqu’un braquage mène en bateau la police de Macao, malgré les nouvelles technologies et l’IA qui aident les enquêtes, le chef de la police se voit obligé de sortir de sa retraite un vieux flic afin de reprendre les méthodes à l’ancienne. Wong Tak-chong, policier à la carrière hors pair, se voit alors chargé de former une jeune équipe aux anciennes méthodes afin de traquer un homme qui a déjà sévi par le passé et qui est connu sous le nom de Shadow…
Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, il y a des films, dès leur ouverture, on sait qu’on va aimer ce qui nous est proposé. Il y a quelque chose qui fait que le spectacle, et plus encore, est immédiatement au rendez-vous. Le film de Larry Yang fait partie de ceux-là. Il faut dire que son introduction, avec un braquage et une traque appuyée par l’IA, offre quelque chose de terriblement réjouissant. Le rythme est tendu dès les premières minutes, et ce jeu du chat et de la souris est immédiatement prenant. Encore plus avec un deuxième braquage qui arrive très vite et qui se révèle encore plus pétillant que le premier.
Mais ces braquages, l’enquête et ce jeu du chat et de la souris, ce n’est pas ce qui rend le film exceptionnel. Non, car si l’on enlève l’idée de l’IA et des nouvelles technologies, « The Shadow’s Edge« , c’est l’histoire, en apparence banale, d’un vieux flic qu’on sort de sa retraite pour aider une police dépassée. En un sens, on a déjà vu cette histoire, tant de nombreux films ont emprunté ces sentiers-là.
« »The Shadow’s Edge » brille par son intelligence, par les émotions qu’il dégage »
Mais alors, qu’est-ce qui fait la différence ? Les scènes d’action, toutes spectaculaires, ultra bien imaginées et parfaitement rythmées ? La tension constante et le rythme du film, qui ne cesse de rebondir en nous entraînant de surprise en surprise ? Non. Tout ça est extrêmement bien maîtrisé par Larry Yang, qui livre effectivement un divertissement de presque deux heures et demie qu’on ne voit pas passer. Mais le cœur du film, ce qui fait basculer le pur divertissement jouissif vers un film prenant, touchant et profondément passionnant, c’est la construction de son intrigue. Une intrigue qui offre de vrais moments de cinéma et, plus loin encore, toute la tragédie qui entoure ses personnages, bien plus complexes qu’ils n’en ont l’air, notamment du côté des antagonistes.
Entre trahisons, remises en question, désespoirs, honneur et lois du milieu, « The Shadow’s Edge » brille par son intelligence, par les émotions qu’il dégage et par les chemins qu’emprunte chacun de ses personnages. Et avec ça, il faut compter sur l’excellence de l’interprétation. Jackie Chan étonne encore et toujours, aussi bien par sa forme impressionnante que par ce personnage qu’il n’a pas l’habitude d’incarner. Il joue ici un homme plus sombre, plus cabossé, plus fatigué par la vie.
« ses personnages infiniment plus subtils qu’ils n’en ont l’air »
Si les jeunes membres des équipes policières comme ceux des braqueurs offrent des facettes intéressantes et touchantes du film, il faut surtout parler du personnage de l’année : Shadow. Ce vieil homme implacable est incarné par Tony Leung Ka Fai, qui vole littéralement la vedette à tout le monde. Il compose un personnage glaçant, terrifiant, mais qui parvient, de manière très subtile, à devenir profondément touchant. Assurant aussi bien dans des scènes d’action dingues que dans des moments plus intimes, l’acteur bouleverse lorsque l’intrigue lui demande plus.
Ainsi, tout est excellent ici. Et à partir d’une idée d’intrigue pourtant assez classique — une police dépassée qui fait appel à un vieux flic pour résoudre une enquête — « The Shadow’s Edge » devient un film génial d’un bout à l’autre, grâce à ses personnages infiniment plus subtils qu’ils n’en ont l’air. Le film offre une multitude de moments de pur cinéma, que ce soit dans l’action, l’enquête, la filature, la manipulation ou bien sûr le drame, qui convoque une véritable tragédie.

Vous l’aurez compris, ce film dont je n’attendais pas grand-chose s’est imposé comme la surprise de cette fin d’année, et plus encore, comme le film d’action de l’année. Bref, ce film, c’est plus qu’un coup de cœur !
Note : 18/20
Par Cinéted
