mai 6, 2024

Infernal Affairs III – Trop Labyrinthique

Titre Original : Mou Gaan Dou III : Jung Gik Mou Gaan

De : Alan Mak et Andrew Lau

Avec Andy Lau, Tony Leung, Anthony Wong, Eric Tsang

Année : 2003

Pays : Hong-Kong, Chine

Genre : Policier, Thriller

Résumé :

Le volet final déroule deux récits : l‘un immédiatement antérieur à l’action du premier film montre les difficultés de Chan au sein de la triade ; l’autre, postérieur aux événements de l’opus 1 s’attache à Lau, lui aussi usé par son double jeu…

Avis :

Sorti en 2002 (en 2004 chez nous), le premier volet de la trilogie Infernal Affairs aura été un succès retentissant. A un tel point qu’un certain Martin Scorsese va faire des pieds et des mains pour en faire un remake quelques années plus tard, pour offrir Les Infiltrés. Cependant, cette histoire de taupes au sein de la mafia et de la police ne va pas s’arrêter là. En effet, les deux réalisateurs, qui signent aussi les scénarios, ont vu Infernal Affairs comme une trilogie où les histoires s’entremêlent pour donner plus de profondeur à leurs personnages, et à leur environnement. Ainsi donc, un deuxième volet voit rapidement le jour, se focalisant sur la « jeunesse » des deux taupes, mais aussi sur les rapports ambigus qu’entretiennent le chef de la police et un petit truand qui va devenir un grand mafieux.

Moins puissant, mais savamment mis en scène, ce deuxième opus démontre quand même quelques faiblesses, notamment à cause d’une durée excessive pour ce que ça raconte. Forcément, après cette semi-déception, le troisième volet se devait d’être plus fort, afin de marquer les esprits. S’articulant autour de deux axes différents, le film va malheureusement être le moins bon des trois. Il faut dire que les deux réalisateurs, malgré une mise en scène toujours aussi inspirée, perdent le spectateur dans une sorte de labyrinthe qui mise trop sur les bons sentiments et les remords. En effet, l’un des deux axes se déroule durant l’intrigue du premier, et démontre les difficultés de Chan à s’intégrer au sein de la triade, ainsi que sa relation amoureuse avec sa psychologue. On retrouve quelques personnages du premier opus, mais l’eau de rose prend trop le dessus.

« C’est assez mou, et le seul réel intérêt est de présenter un nouveau personnage. »

En fait, le principal problème quand on s’attaque à ce personnage, c’est qu’il n’est pas très intéressant, et son écho dans le deuxième axe, qui se déroule après tous les évènements, n’a pas vraiment d’impact. Bien souvent, lorsque l’on s’attaque à l’infiltration de Chan au sein de la triade, on reste sur des discussions un peu trop évasives et des faits qui ne sont pas vraiment intéressants. D’autant plus que ces phases se passent souvent dans la tête de Lau, qui se sent de plus en plus flic, et de moins en moins infiltré. C’est assez mou, et le seul réel intérêt est de présenter un nouveau personnage, un flic ripou qui causera la mort de Chan et sera la hantise de Lau. Un flic au charisme assez malin, avec un sourire en coin alors même qu’il fait des saloperies aux gens autour de lui.

Quant au deuxième axe, qui s’imbrique dans le premier, on reste sur quelque chose de très simple, voire d’un peu trop. Ici, Lau mène l’enquête sur la mort de son ami, et il va filer le flic ripou pour le confondre et qu’il finisse en prison. Mais bien évidemment, ce dernier bénéficie de l’aide de quelques malfrats et les choses ne vont pas se passer comme prévu. Cet axe est un peu trop timide, et c’est bien dommage, car c’est ici que vont naître les scènes de tension, avec de l’espionnage et quelques passages un peu plus nerveux. Lau va user de son intelligence pour traquer le « méchant » de cette histoire, et certaines séquences sont bien fichues, offrant au film la tension qui lui manque lorsque l’histoire s’attarde sur Chan. Seulement, le tout reste un peu trop stéréotypé, et on se doute bien que le final va surprendre.

« Infernal Affairs III n’a pas la qualité d’écriture du premier long-métrage. »

Mais encore une fois, on va rester sur notre faim. C’est-à-dire qu’à la toute fin, le retournement demeure assez anecdotique, et les remords de Lau ne vont pas réellement nous toucher. Bien au contraire, un tiers personnage intervient de nombreuses fois sans que l’on ne sache vraiment de qui il s’agit, et finalement, c’est lui le deus ex machina qui va tout retourner. Seulement, il sera difficile de s’accrocher à ce type, qui plane sur tout le film comme un spectre, mais qui n’a pas vraiment de consistance. Infernal Affairs III n’a pas la qualité d’écriture du premier long-métrage, et surtout, il dure bien trop longtemps pour ne rien mettre en place. Tout du moins en ce qui concerne ce personnage et son importance dans l’histoire et les relations entre Chan et la triade, ainsi que son implication chez les flics avec le ripou.

Au final, Infernal Affairs III est le plus décevant de la trilogie, avec trois films dont la qualité va decrescendo. Si l’envie de faire un scénario spiralaire qui s’imbrique dans le passé et le présent, créant du liant avec les deux premiers films est louable, on reste dans une intrigue trop complexe pour vraiment marquer les spectateurs. De plus, les deux réalisateurs font un film trop bavard, qui bavasse pour ne pas dire grand-chose et se plante complètement quand il faut aborder les sentiments amoureux d’un personnage malheureusement décédé. Bref, si on retrouve quelques éléments intéressants quand il s’agit d’espionnage, on reste sur un thriller policier qui manque de poids et d’ampleur.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.