Avis :
Certains groupes sont plus aimés que d’autres, et cela peut être à cause de nombreuses raisons. Les formations peuvent être formées à partir de quelques gros cons qui ouvrent trop leur bouche. Parfois, on peut voir des changements de line-up qui ne font pas bon ménage avec la fanbase. Et puis on a aussi les groupes qui vont dans le sens du vent, reniant parfois leurs origines pour s’essayer à un autre style qui a plus le vent en poupe. Pour Machine Head et son frontman, on pourrait presque dire que la relation amour/haine entretenue avec le public fait partie intégrale du show. Robb Flynn n’est jamais tendre avec les critiques, et il n’a pas la langue dans sa poche, ce qui a tendance à agacer. Et puis il y a cette volonté d’aller vers ce qui marche, comme cette fameuse période Nu-Métal qui fut tant décriée.
Cependant, quoi qu’on en dise, Machine Head est un bulldozer du métal et certains albums restent gravés dans le marbre, malgré quelques tentatives peu fructueuses et un leader qui a tendance à beaucoup trop l’ouvrir. Catharsis, leur précédent opus, avait déçu les fans de la première heure, car le groupe soufflait le chaud et le froid entre ses deux styles de prédilection, à savoir le Thrash du début, et le Nu d’après. Pour autant, ce neuvième effort nous avait convaincu, offrant les deux facettes d’une formation qui tente toujours et n’a pas peur de surprendre des fans un peu trop obtus. Alors, en abordant Of Kingdom and Crown, nous partions confiants envers les américains, et nous avions raison. Car au-delà de sa réussite formelle, ce dixième album studio vient rappeler à tout le monde que Machine Head est une machine de guerre et une grosse tête d’affiche.
Pour preuve, Slaughter the Martyr, qui ouvre le bal, est un titre fleuve de plus de dix minutes, et il vient nous balancer un énorme parpaing en pleine poire. Démarrant tout calmement, au chant clair, avec une note simple mais efficace, offrant une atmosphère assez « dépressive », il faudra attendre trois minutes avant que le déluge ne s’abatte sur nous. On prend du riff agressif en pleine tête, et on va rapidement se déboîter la nuque. En commençant de cette manière, le groupe montre ses intentions et son envie de tout fracasser sur son passage. Et on va bouffer quatorze pistes monstrueuses dans la tronche. Choke on the Ashes of Your Hate va continuer ce travail, nous percutant pour de bon avec un riff incisif et une rythmique du feu de Dieu qui va nous faire très mal. Le groupe renoue alors avec un Thrash de très grande qualité.
Puis Become the Firestorm va venir nous blaster la tronche dès son introduction. Le batteur nous rappelle à quel point il est bon, et Robb Flynn pose alors un riff ultra puissant avant de se lancer dans un chant grave et profond. La grande force de ce titre, c’est aussi de planter un refrain entêtant, qui peut faire écho avec le Metalcore, mélangeant le chant clair et quelque chose qui va plus vers le growl. L’ensemble fonctionne à merveille, et le break est démentiel. Après ces trois bangers, il fallait bien que le groupe calme le jeu via un interlude (il y en a trois dans tout l’album) et par la suite, il va nous toucher en plein cœur avec My Hands are Empty. Pourtant, le titre demeure assez virulent dans sa partition, mais les chœurs masculins du début et leur reprise dans le refrain touchent.
Unhallowed sera un peu en deçà des autres morceaux, tout en restant d’excellente facture. En fait, le riff est bon, mais la rythmique reste un peu trop basique, et le titre manque peut-être de variations plus marquées. Le plus étonnant est que finalement, malgré le fait que le titre soit un peu en dessous des autres, il déboîte sévère quand même. Kill Thy Enemies viendra remettre les pendules à l’heure avec un titre bien gras, puis cela continuera avec No Gods, No Masters ou encore le très succinct Bloodshot et son refrain fédérateur et le très gras Rotten. Bref, on en prend plein les tympans et cela fait vraiment plaisir de voir le groupe dans une telle forme. La conclusion sera un petit chef-d’œuvre, un peu comme l’introduction, puisque Arrows in Words From the Sky peut se voir comme une synthèse de tout ce qui qualifie Machine Head.
Au final, Of Kingdom and Crown, le dixième album de Machine Head, est un immense effort de la part du groupe, qui délivre une galette ne comportant quasiment aucune fausse note. On prend claque sur claque et on mesure vraiment les qualités techniques de Robb Flynn à la guitare, ainsi que ses talents de leader pour imposer un énorme pavé et démontrer par la force que Machine Head est un poids lourd du métal.
- Slaughter the Martyr
- Choke on the Ashes of Your Hate
- Become the Firestorm
- Overdose
- My Hands are Empty
- Unhallowed
- Assimilate
- Kill Thy Enemies
- No Gods, No Masters
- Bloodshot
- Rotten
- Terminus
- Arrows in Words From the Sky
- Exteroception
- Arrow in Words From the Sky (Acoustic)
Note : 19/20
Par AqME