Avis :
La scène métal française est assez peu conséquente pour que l’on se rende vite compte qu’hormis Paris et le nord de la France, les groupes ne courent pas les rues dans le sud, et notamment à Marseille, plus connue pour ses rappeurs que pour ses métalleux. Et pourtant, la cité phocéenne se révèle assez prolifique en matière de métal, et cela depuis la fin des années 90. On peut citer feu Tripod qui fit du bruit à l’époque, ou encore Eths et sa charismatique chanteuse Candice. Souvent décrié comme un groupe n’ayant pas d’identité et proposant un métal binaire, Dagoba se fonde en 1997 autour de potes de lycée à Marseille. Se faisant vite remarquer lors de grosses prestations scéniques, c’est six ans plus tard que la formation va signer son premier skeud, lui ouvrant grand les portes du métal français et pourquoi pas international. Et Dagoba continue son petit bonhomme de chemin malgré les tensions au sein du groupe et les changements de line-up. Souvent comparé à Gojira, dont les deux styles sont aussi proches qu’éloignés, Dagoba livre cette année Black Nova, son septième album, qui fait suite à Tales of the Black Dawn, qui était déjà un gros morceau. Qu’en est-il alors avec cet opus ?
Le skeud commence avec Tenebra, une introduction faite à base de percussions qui montre tout le talent de Nicolas Bastos, nouveau venu dans l’équipe. Il fait preuve d’une grande maîtrise et d’un sens du rythme éprouvant, installant aussi une atmosphère un peu cataclysmique. Puis arrive Inner Sun, l’un des titres phares de l’album. Résolument tourné vers le métal industriel et délaissant quelque peu le Death, le groupe se permet de sortir un peu de sa zone de confort, arpentant un chemin plus clair, tout en gardant des compositions longues et complexes. Entre la présence d’un synthé qui offre de jolis changements de notes ou encore une alternation parfaite entre chant clair et screamo, le groupe évolue avec son temps et livre un morceau d’une efficacité redoutable. Alors on pourra peut-être reprocher au groupe de copier sur Rammstein lors des premiers riffs, mais bien vite, Dagoba s’affranchit de ses références et offre une prestation violente et impeccable. The Legacy of Ares sera d’ailleurs là pour montrer que le groupe n’a pas perdu de sa superbe et est toujours capable de livrer des titres Death complètement épiques, n’oubliant jamais l’apport d’une sonorité électronique, donnant plus de profondeur à l’ensemble. Et de la puissance, le groupe n’en manque clairement pas comme le montre certains morceaux exigeants et lourds, à l’image de Fire Dies et de ses violons lancinants et rapides ou encore The Infinite Chase et son introduction étrange qui finit par envouter et fournir un morceau vraiment vampirisant. Bref, on peut dire que le groupe en a encore sous le pied et que ce skeud semble taillé pour la scène.
Le plus étonnant, c’est que lorsque l’on lit les premiers retours concernant cet album, les fans reprochent un surplus de clavier. Sauf que pour cette fois, le groupe s’en sert avec intelligence. Il sert soit pour peaufiner une ambiance apocalyptique, soit pour apporter plus de profondeur et d’éloquence dans le morceau. En fait, la seule vraie chose que l’on peut reprocher au groupe sur cet album, c’est que parfois, le chant clair de Shawter n’est pas toujours très juste. A titre d’exemple, on peut citer Phoenix & Corvus, où l’on ressent le manque de variations dans la voix lors des fins de phrases. On peut aussi citer Lost Gravity, qui s’étire un peu de façon inutile et qui montre les faiblesses de ce chant clair qui peut être totalement perfectible. Cependant, cela ne change en rien la qualité intrinsèque de cet album. Non seulement parce que tout autour, c’est puissant et irréprochable, à l’image du nouveau guitariste Jean-Laurent Ducroiset, qui livre une prestation parfaite, et qu’en plus de cela, la production est à tomber par terre. Le groupe montre un professionnalisme à toute épreuve et il peut facilement concurrencer les plus grands groupes américains, avec un sens inné du rythme, du groove et de l’énergie. The Legacy of Ares ou encore Vantablack sont des exemples flagrants de puissance. Enfin, le groupe peut aussi se permettre des moments plus calmes, plus touchants, à l’image de Stone Ocean, malgré des riffs bien lourds et un refrain à la Enter Shikari.
Au final, Black Nova, le dernier album de Dagoba, est une vraie réussite, n’en déplaisent aux haters du groupe qui n’ont pas grand-chose à lui reprocher, si ce n’est la présence des claviers, mais qui apportent un réel sens à l’ensemble. Le groupe marseillais montre qu’il est bien l’un des mastodontes de la scène métal française avec cet album et qu’il n’a plus rien à prouver à personne. Rares sont les groupes à proposer dix pistes dépassant à chaque fois plus de quatre minutes sans jamais perdre son auditoire et Dagoba le fait avec une facilité déconcertante et une énergie puissante et communicative. Bref, Black Nova frappe fort, et ça fait du bien.
- Tenebra
- Inner Sun
- The Legacy of Ares
- Stone Ocean
- The Infinite Chase
- The Grand Emptiness
- Lost Gravity
- Fire Dies
- Phoenix & Corvus
- Vantablack
Note : 17/20
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Par AqME