Circle of Silence - Walk Through Hell

Avis :

S’il y a bien un genre du métal qui a pris un peu de plomb dans l’aile ces dernières années, c’est le Power Métal. Alors en très grande forme durant les années 90 et 2000, le genre a décliné petit à petit, jusqu’à devenir aujourd’hui une sorte de caricature. Difficile de prendre au sérieux des groupes qui parlent de dragons et de chevaliers, surtout quand ils sont grimés sur scène. Ce qui est d’ailleurs devenu une vraie gageure dans le genre, entre Wind Rose et ses nains, ou encore Gloryhammer et son univers techno-fantasy. Au milieu de tout ça, certains groupes essayent de faire bouger les choses, à l’image de Circle of Silence. Groupe allemand fondé en 2005, ce n’est qu’en 2006 que les choses commencent à bouger après un énorme changement de line-up dont ne subsistera que le guitariste Tobias Pfahl.

Après deux démos, le groupe sort sont premier album, The Blackened Halo, en 2011, sur el label massacre Records, qu’il ne quittera plus. L’accueil est très chaleureux, et certains diront même que c’est le meilleur effort du groupe jusqu’à aujourd’hui. Deux autres EP suivront, mais cette fois-ci, les retours seront très mitigés, et il faudra attendre 2022 pour voir débouler un quatrième skeud, avec un nouveau bassiste, pour retrouver l’aura des débuts. Walk Through Hell est un album de Power aux accents Thrash qui ne laisse quasiment rien au hasard, et qui fournit une bonne lampée de titres puissants et ravageurs, montrant que l’on peut encore faire du Power sans être costumé, et sans tomber dans l’orchestration grandiloquente à tout-va. Car oui, ici, on file droit au but, c’est brut de décoffrage, et si techniquement, ça envoie du lourd, ça n’a pas besoin de fioriture.

Down to Hell est une courte introduction qui permet de balancer une bonne ambiance pour le titre suivant, Prisoner of Time. La mélodie suit l’introduction, mais la rythmique va s’emballer, avec en prime une batterie omniprésente qui frappe bien. Dès que le chant commence, les riffs deviennent plus rapides et agressifs, et on va se prendre une bonne dose de nervosité dans les esgourdes. Seul petit bémol, le chant qui peut être à la limite de la fausseté. Il y a deux chants distincts, et il y en a un qui est moins maîtrisé que l’autre. Mais cela reste une broutille face à la technique impressionnante des musicos. Walk Through Hell s’amuse alors avec une introduction lugubre qui laisse monter un riff qui va venir nous percuter de plein fouet. Là encore, si ça ne réinvente rien, la rythmique est dense, et les solos de guitare sont bluffants de maîtrise.

Il est toujours dommage que le chant reste un vrai point faible quand il faut monter dans les tours et utiliser une voix de tête. Heureusement, le refrain est bien catchy comme il faut. United sera le titre le plus long, et pourtant, on ne sentira aucun ennui. Le groupe fournit un Power avec des relents Thrash qui sont vraiment plaisants, et on ressent une vraie maturité dans le son. Pas de besoin de costume ou de « chatoyance » ici, on envoie du pâté et on va friter du démon sans problème. Avec I am Fear, le groupe baisse un peu de régime, avec un titre agréable, mais qui manque de mordant par rapport aux autres morceaux. On lui préfèrera At War With Yourself, une piste plus directe, plus percutante, et qui délaisse presque le Power pour des éléments Speed.

Triumph Over Tragedy démarre avec une guitare sèche, et on aurait pu croire à une ballade, mais il n’en sera rien, puisque rapidement, les grattes électriques prennent le devant de la scène pour mieux nous plonger dans un morceau épique et plaisant. I Want More renoue avec des éléments Thrash et s’impose comme un titre vraiment à part et totalement explosif. The Curse sera un peu un morceau bouche-trou, malgré un refrain entrainant. L’ensemble manquera d’éléments franchement intéressants. Mais Far Beyond the Sun viendra remettre un peu d’épique dans tout ça, pour terminer avec God is a Machine, un morceau puissant et sans temps mort, qui bénéficiera en prime d’un refrain mémorable. Enfin, deux titres bonus viennent compléter l’ensemble : This is War et son riff imparable qui donne le tournis, puis Fire qui offre une vraie conclusion à l’ensemble.

Au final, Walk Through Hell, le dernier album de Circle of Silence, est un bon album qui mélange allègrement Power et Thrash dans une structure cohérente et puissante. Si l’on peut reprocher à l’album de ne pas avoir de hit avec uniquement des morceaux trop longs, ainsi qu’une voix qui peut être perfectible, d’un point de vue technique, c’est irréprochable, et on sent que le groupe est bien reparti de l’avant, ce qui fait vraiment plaisir.