
De : Jared Cohn
Avec Paul Logan, Bill Moseley, Vernon Wells, Costas Mandylor
Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Action
Résumé :
John Crenshaw, un ancien Navy Seal, accompagne sa copine qui part en forêt avec ses étudiants pour une expédition photographique. Ce qui devait être une fin de semaine éducative et plaisante se transforme en cauchemar lorsque le groupe devient la cible d’un mal terrifiant : une horde de mutants défigurés affamés de sang humain.
Avis :
Dans le monde du cinéma américain, on retrouve toujours un circuit parallèle aux blockbusters. C’est-à-dire que certains producteurs ont des boîtes qui financent de petits films, faisant alors les beaux jours du cinéma indépendant américain, délivrant de petites pépites inattendues. Mais il y a aussi des producteurs qui financent sciemment de la daube pour alimenter le marché du cinéma d’horreur, qui a toujours des fans prêts à regarder tout et n’importe quoi. Dans ce marché, on retrouve Syfy, The Asylum et consorts, qui se sont faits spécialistes du mockbuster, l’antithèse du blockbuster. Cela alimente les rayons du DVD, ainsi que certaines plateformes de streaming (coucou Prime Video), et des yeux mal avertis pourraient se casser sur des jaquettes toutes plus putassières les unes que les autres. Et là-dedans, on trouve un grand nombre de films d’horreur qui tiennent lieu de vrai calvaire, et pas de plaisir de coupable.

Mais il se peut qu’un film sorte du lot. Cela ne veut pas dire qu’il est bien, mais seulement qu’il détient une idée à la con qui fonctionne, ou tout du moins qui divertit sur l’instant. Prenons alors The Horde, film d’horreur de 2016 réalisé par Jared Cohn et produit par un certain Paul Logan, égérie du navet numérique et du film d’horreur low cost. S’apparentant grandement au film de Yannick Dahan, La Horde, utilisant le même titre et lorgnant sur une pochette similaire, la version américaine n’a rien à voir avec l’histoire de base du film français. Ici, un ex Navy Seals accompagne sa femme et ses élèves au bord d’un lac pour un weekend photographique. Tout se passe à merveille lorsqu’une horde de mutants assoiffés de sang et de chair attaque tout le monde. L’ex militaire va alors tout faire pour sauver tout le monde.
« Il s’agit d’un film d’action avec des éléments horrifiques »
Eh oui, The Horde est un mélange improbable entre un film de Chuck Norris et La Colline a des Yeux. En gros, un type musclé, badass, tout seul comme un grand, va dessouder du malotru et du mutant pour sauver sa belle et les quelques élèves survivants. Il s’agit d’un film d’action avec des éléments horrifiques, et l’ensemble est très déséquilibré, mais au final, ce n’est pas une catastrophe absolue. Bon, le début n’est guère engageant, puisqu’on y croise un jeune couple qui va se faire tuer rapidement, avec un méchant qui annonce qu’ici, c’est sa forêt. Rien à voir avec une quelconque vague identitaire et raciale, le film ne raconte rien de tout cela, et évite brillamment tout sujet à controverse. Après un générique digne des années 2000, on se retrouve dans une classe, avec une professeure sexy qui donne rendez-vous à certains de ses élèves pour le lendemain.
Dans un même temps, on voit un type torse nu à la musculature impressionnante qui programme ses vacances. Manque de bol, c’est le compagnon de la professeure, et il avait oublié que ce weekend, elle partait faire des photos au bord d’un lac avec certains de ses élèves. Ce n’est pas grave, il va les accompagner. Tout cela permet de mettre en exergue des comportements qui ne varieront pas d’un pouce sur tout le film. C’est gnangnan au possible, et bien trop lisse pour vraiment avoir un impact émotionnel sur le spectateur. On a vraiment l’impression de regarder un soap mexicain imbuvable. D’autant plus que les caractéristiques des personnages rentrent dans des carcans déjà vus, avec le fils de riche pénible, le couple qui ne pense qu’à baiser, ou encore la jeune femme vierge qui s’amourache d’un autre élève. Rien de vraiment intéressant là-dedans.
« The Horde est étonnement gore »
Les choses se décantent lorsque survient la première attaque. C’est assez brutal et même étonnant pour un film comme celui-ci. Les monstres ne font preuve d’aucune pitié, le sang gicle, et le discours tenu fait froid dans le dos, avec un mâle alpha qui veut garder les femmes pour les engrosser, et quelques hommes pour les bouffer. Seul rescapé, l’ex Navy Seals voit rouge, et va se prendre pour Rambo, jusqu’à s’armer d’un arc à poulies pour faire la nique aux méchants pas beaux. Néanmoins, si les séquences de bagarre sont risibles, et font étalage de chorégraphies bien trop étudiées pour être fluides, The Horde est étonnement gore. Un gore malsain, glauque, qui lorgne bien évidemment sur le film d’Alexandre Aja, avec sa tribu de consanguins cannibales. Et franchement, cela donne du cachet au film. D’un point de vue mise en scène, c’est finalement assez intéressant.
Il est dommage que le scénario se délite une nouvelle fois lorsqu’il faut faire des révélations, plombant l’ensemble à un vieux nanar tout pourri. Il faut dire que le coup des trois criminels échappés de prison, qui trouvent une communauté de consanguins dans une forêt au lac pollué, devenant alors des « rois » pour eux, et dealant de la meth pour avoir un petit pécule et se barrer sur une île, ça a de quoi faire pouffer. En seulement quelques mots, le grand méchant dévoile une écriture scabreuse complètement zinzin, qui fait étalage des substances prises par ce pauvre Paul Logan, jouant les scénaristes, mais aussi les héros bodybuildés d’un film qui ne lui rapportera pas un kopeck. Mais ça a le mérite de faire rire. Et il est presque dommage que le film se prenne alors trop au sérieux.

Au final, The Horde est un film mêlant action et horreur au sein d’un scénario bringuebalant et complètement à côté de la plaque. Néanmoins, si les scènes d’action ne sont pas optimales, le côté graphique de l’horreur est bien fichu et surprend par ses fulgurances gores et son ambiance craspec. On ne peut alors que pleurer de rire face à un dénouement improbable, des explications hors-sols et une tension qui est aux abonnées absentes. Bref, un film à voir pour la curiosité, et sans doute pour découvrir Sydney Sweeney dans un rôle qu’elle préfèrerait peut-être oublier.
Note : 07/20
Par AqME
