décembre 17, 2025

La Main – Shots de Possession

Titre Original : Talk to Me

De : Danny et Michael Philippou

Avec Sophie Wilde, Ari McCarthy, Hamish Phillips, Sunny Johnson

Année : 2023

Pays : Australie

Genre : Horreur

Résumé :

Lorsqu’un groupe d’amis découvre comment conjurer les esprits à l’aide d’une mystérieuse main hantée, ils deviennent accros à ce nouveau frisson, et l’expérience fait le tour des réseaux sociaux. Une seule règle à respecter : ils ne doivent pas tenir la main plus de 90 secondes. Lorsque l’un d’entre eux l’enfreint, ils vont être rattrapés par les esprits, les obligeant à choisir : à qui se fier, aux morts ou aux vivants ?

Avis :

Il est de plus en plus compliqué de trouver des idées originales dans le cinéma d’horreur. Ou tout du moins, il est compliqué de transformer une idée originale en un vrai film qui tient sur la longueur. Combien de longs-métrages horrifiques a-t-on vu avec une super idée, puis cette dernière s’essouffle rapidement, jusqu’à devenir une note d’intention dans ledit film ? On pouvait clairement craindre cela avec La Main, le premier long-métrage des frères Philippou. Il faut dire que filmer des jeunes qui se tapent des trips en entrant en contact avec des esprits via une main embaumée avait de quoi faire craindre le pire. Et pourtant, les deux types, qui ont commencé via Youtube, vont fournir un film qui tient la route sur son idée, mais ils l’exploitent de façon exponentielle, offrant un film d’horreur terrifiant et mené d’une main de maître.

Le début est assez malin, car il va présenter quatre personnages qui forment une famille plus ou moins dysfonctionnelle. On y trouve une jeune fille et son petit frère, qui sont éduqués par leur maman solo, et au sein de cette famille, on retrouve la meilleure amie de la jeune fille, qui vit avec son père endeuillé, mais qui passe le plus clair de son temps chez sa meilleure amie. Tout ce petit monde est heureux, et les présentations sont assez succinctes, mais suffisantes pour ressentir une petite pointe d’empathie pour eux. Leur apparente normalité fait que l’on peut rapidement s’identifier à cette famille. Puis arrive alors le premier plot twist. Les jeunes se rendent à une soirée où le délire est de serrer une main embaumée, de dire la phrase « talk to me » pour voir apparaître un fantôme, puis de se faire posséder pendant 90 minutes.

« Les frères Philippou arrivent à bien gérer cette horreur qui rampe insidieusement dans tous les esprits. »

Forcément, cela attise les curiosités, et les vidéos sur le net font un carton. Mais les choses dérapent une première fois lorsque la meilleure amie tente le coup, tient trop longtemps la main, et menace le petit frère de sa copine. Cette première approche est savamment mise en scène, nous faisant ressentir tout le danger de se prendre de tels shots en pleine figure. Oui, l’association avec des piqûres de drogue est évidente, mais l’aspect horrifique est vraiment bien amené. Il faut dire que les effets spéciaux sont vraiment bien gérés, et la jeune actrice est vraiment excellente. Et puis il faut notifier la tronche des fantômes, qui sont dans un état de putréfaction avancé, ou tout du moins dans l’état de leur mort. Les frères Philippou arrivent à bien gérer cette horreur qui rampe insidieusement dans tous les esprits.

Mais le réel tournant du film va venir lorsque le petit frère va vouloir faire le jeu, sans l’accord de sa sœur, mais celui de la meilleure amie. La scène est choquante et le découpage est relativement impressionnant. Rares sont les scènes aussi violentes et gores dans un film destinés aux salles de cinéma, et qui plus est, produits par A24, plus habitué à de la violence psychologique. La Main se transforme alors en un drame familial entrecoupé de séquences violentes et fortes, où rien ne nous sera épargné, tout comme les personnages qui vont en prendre plein la tronche. C’est insidieux, c’est graphique, et petit à petit, on va voir un personnage central perdre pied, se trouvant en équilibre précaire entre le monde des esprits et celui des vivants. La puissance du scénario est alors de jouer avec les psychés et les démons intérieurs de chacun.

« La part psychologique est bien évidemment importante »

Et à ce petit jeu-là, les frères Philippou y incorporent des éléments de réflexion intéressants. Si, selon les dires des réalisateurs, il est question de passage à l’âge adulte, on peut aussi y voir un film important sur le deuil. Durant tout le long-métrage, le personnage central cherche à savoir si sa mère s’est bel et bien suicidée, ou si son père lui cache des choses. Un état mental fébrile, une impression de retrouver sa mère sous forme d’esprit, et les choses s’enveniment, perdant alors notre héroïne dans un déluge de questions et de remise en question. La part psychologique est bien évidemment importante, avec une monté crescendo dans la folie, mais la force du film est de nous placer dans le même état, ne sachant plus ce qui est vrai ou faux. Cette perdition joue sur ce sentiment d’angoisse qui nous envahit petit à petit.

Au final, La Main est l’un des meilleurs films d’horreur de ces dernières années, et pourtant, avec un tel pitch, ce n’était pas forcément gagné. Les frères Philippou dégainent un scénario malin et tient la route, maintenant un certain mystère autour de cette main, et jouant alors avec les codes psychologiques pour nous faire tomber avec les personnages dans un vrai cauchemar. Au départ idée saugrenue, La Main devient un vrai film de flippe maîtrisé à la perfection, via une mise en scène percutante, mais aussi porté par de jeunes acteurs investis et incroyablement doués. Bref, une belle surprise qui démontre alors la bonne santé des films d’horreur à concept.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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