
Avis :
Durant les années 90, le Power à tendance Folk et Epic avait le vent en poupe, et certains groupes ont su surfer sur ça avec talent. On peut évoquer les italiens de Rhapsody dans un genre grandiloquent, mais aussi les espagnols de Mägo de Oz qui ont toujours su tirer leur épingle du jeu. Mélangeant les genres, jouant à chaque fois avec des thématiques différentes, la formation qui se compose de dix musiciens (rien que ça !) trouva le succès jusqu’en 2012, où un léger hiatus se fit. Cependant, le groupe reprend la même année, mais avec seulement le batteur comme membre d’origine, et un line-up qui fluctue de façon presque continuelle. Pour exemple, en 2023 arrivent un nouveau chanteur et un nouveau claviériste, puis en 2024, c’est un guitariste et spécialiste des instruments à vent qui déboulent, et enfin, 2025 voit arriver une nouvelle chanteuse.
Aujourd’hui, Mägo de Oz, c’est trois guitaristes, un batteur, un bassiste, un chanteur, une chanteuse, un violoniste, un spécialiste des instruments à vent et un claviériste. Avec tout ce petit monde, on est en droit à attendre des albums épiques, grandiloquents, avec des compositions impressionnantes. Et c’est un peu ce que l’on a avec leur dernier album, Malicia – La Noche de las Brujas. Un disque très long, qui dure plus d’une heure et quart, avec quinze pistes, mais qui pêche aussi par excès de générosité, avec parfois des titres à la production faiblarde, ou encore des morceaux dispensables qui passent carrément à la trappe. Et cela sans oublier un manque de liant entre certains titres, le groupe piochant dans tous les genres du métal, mais allant aussi voir du côté du blues, de la valse, de la folk ou encore du hard. Et ça donne un sacré bordel.
Le début de cet album est quand même très inquiétant. Après l’introduction Zugarramurdi qui fait parler des sorcières qui ont des voix de dessin-animé, on plonge dans Malicia, un long titre-fleuve de plus de neuf minutes. Et le démarrage est assez pauvre. La production est faible, les sonorités de flûtes ne collent pas avec le rythme rapide des guitares, et d’un point de vue global, on reste sur quelque chose qui manque d’envergure. Ajoutons à cela des coupures qui permettent de changer de registre, mais on a l’impression qu’il y a plusieurs chansons en un seul titre, ce qui est plutôt mal venu. Néanmoins, on ressent l’envie du groupe d’aller vers quelque chose de joyeux et d’enivrant. Les voix du chanteur et de la chanteuse sont plutôt bonnes, ce qui compense la sensation décevante en ce qui concerne la production, relativement kitsch.

Par la suite, on va avoir une flopée de titres à rallonge (quasiment tous les morceaux dépassent les cinq minutes) qui brassent différents styles, mais sans véritable liant. Rios de Lagrimas pioche allègrement vers un Power Métal assez simpliste mais qui fonctionne bien. No me Dejes Solo effectue un mélange de Folk avec des éléments Symphos, et le résultat est plutôt plaisant, le morceau est trop long pour vraiment nous marquer. El Ultimo Rezo ira plus vers un Heavy teinté de Power. Ici, on notera un travail plus abouti sur la guitare, et la production est meilleure. Après ce titre nerveux, on va plonger en terre du milieu avec Quiero ser Libre. On est sur du pur Folk à tendance médiéval, lorgnant aussi sur une petite ballade malgré quelques riffs agressifs. Mais malgré le côté kitsch, on fait face à l’un des meilleurs morceaux de l’album.
Derrière, on va se taper un titre Pop avec Mi Cuerpo y yo nos Dejamos de Hablar. Puis La Noche Celta sera un gros kiff à la fois celte et folk, avec une ambiance presque de taverne. C’est sympathique, mais pas révolutionnaire du tout. Quant à Mil Ojos Tiene la Noche, titre entièrement instrumental, on file droit vers du rock psyché à tendance expérimental, avec un clavier qui évoque les années 70. Agréable, mais sans cohérence avec le reste. El Vals de las Almas Rotas joue avec les codes du menuet pour ensuite partir vers du Folk pure souche. Quant à La Ruta de los Sordos, c’est la grosse fête médiévale avec des flûtes et de la guitare pour faire danser. C’est très étrange de trouver un truc comme ça dans cet album, qui fait plus fête de village qu’autre chose. Et on ne parle pas du reste de l’album…
Au final, Malicia – La Noche de las Brujas, le dernier album de Mägo de Oz, n’est pas mauvais, mais il empile trop de morceaux sans cohérence entre eux pour vraiment nous satisfaire. Les titres partent dans tous les sens, dans des genres différents, et avec des émotions trop disparates pour vraiment nous toucher ou nous rendre joyeux. A force de faire trop de titres, d’avoir trop d’idées, le groupe se perd un peu et offre un melting-pot qui n’est pas désagréable, mais qui manque de liant et d’une histoire qui tienne la route. Bref, un joyeux bordel réjouissant, mais trop long.
- Zugarramurdi
- Malicia
- Rios de Lagrimas
- No me Dejes Solo
- El Ultimo Rezo
- Quiero ser Libre
- Mi Cuerpo y yo nos Dejamos de Hablar
- La Noche Celta
- Mil Ojos Tiene la Noche
- El Vals de las Almas Rotas
- La Ruta de los Sordos
- Halloween (Almas sin Luz)
- Los Fantasmas de la Fe
- La Tierra de Nunca Jamas
- Siempre Juntos
Note : 14/20
Par AqME
