
Titre Original : Zhong Guo Tui Xiao Yuan
De : Tan Bing
Avec Li Dong-Xué, Mike Tyson, Steven Seagal, Janicke Askevold
Année : 2017
Pays : Etats-Unis, Chine
Genre : Action
Résumé :
Un représentant en téléphonie chinois va tenter d’empêcher un sinistre complot qui veut provoquer une guerre civile en Afrique du Nord.
Avis :
Se confronter à certaines carrières cinématographiques ne se fait pas sans heurt, a fortiori lorsqu’il est question de DTV qui se suivent et se ressemblent en termes de médiocrité. Aussi, le parcours de Steven Seagal semble un véritable cas d’école en la matière. De ses premiers succès à de modestes (et distrayantes) séries B, on évolue progressivement vers des films de consommation, sans la moindre envergure. Après un petit détour par la case télé-réalité et les séries, l’acteur est retourné à des productions paresseuses où il démontre les plus grandes difficultés à lever la jambe. Ses dernières bévues retiennent tellement peu l’attention qu’elles demeurent inédites dans l’hexagone, comme Asian Connection ou China Salesman.

En ce qui concerne ce dernier film, il faut s’expatrier en Chine afin d’assister aux exactions d’une guerre civile… en Afrique ! On démarre ainsi sur des conditions de tournage pour le moins aléatoires afin de donner la réplique à une intrigue nanardesque. Censément inspiré d’une histoire réelle, on suit le travail « admirable » d’un représentant chinois aux prises avec des rebelles, des terroristes, des trafiquants d’armes et de féroces concurrents occidentaux. Il faut alors défendre les produits et le savoir-faire chinois et conserver la mainmise sur le marché international. Le scénario prête à rire et s’avère incongru à de nombreux égards, même si l’on reste ancré dans un contexte sérieux et totalement invraisemblable.
« Son projet s’oriente subrepticement vers le film de propagande »
Mais Tan Bing ne s’arrête pas en si bon chemin. Son projet s’oriente subrepticement vers le film de propagande, ni plus ni moins. Cela tient tout d’abord à quelques détails, dont l’encensement des technologies chinoises. Puis on affuble les Occidentaux du mauvais rôle avec des usurpateurs et des corrupteurs aux velléités impérialistes. En se montrant cynique et sarcastique, on pourrait arguer qu’il s’agit de demi-vérités. Toujours est-il qu’elles sont exacerbées afin de présenter un propos puéril et grossier au possible. On a aussi droit à des passages emblématiques de ce traitement avec la traversée d’une zone rebelle sous la protection du drapeau chinois que l’on brandit fièrement pour symboliser la toute-puissance du régime. Il ne s’agit pas d’un message sous-jacent, mais explicite.
De fait, on perd le semblant d’intérêt que l’on portait à l’intrigue. Les scènes d’action sont filmées avec des œillères, tandis que l’interprétation laisse pantois par tant d’amateurisme. Même les têtes d’affiche sont complètement dépassées par l’ampleur de cette débandade ; Mike Tyson en lice. Des intonations aux expressions, tout sonne faux à tel point qu’on a l’impression que chaque séquence a fait l’objet d’un exercice d’improvisation en règle. Le montage répond aussi aux abonnés absents. Preuve en est avec cette alternance de décors en carton-pâte et d’un manque total de cohérence avec les zones urbaines et sauvages. Mention spéciale au décorum du sommet d’une falaise où l’on pratique encore l’excision.
« Les faux raccords sont légion »
Et Steven Seagal ? On en oublierait presque sa présence et la confrontation tant attendue avec Mike Tyson. Leur combat constitue le principal « attrait » du film. Une fois n’est pas coutume, il s’agit d’une des premières scènes. Affublé de doublures au gabarit approximatif, on l’expédie vite fait avec un démontage de bar en règle. Le motif du conflit ? Un verre d’alcool offert par Steven et refusé par Mike sous un prétexte religieux fallacieux. Si tant est que l’on puisse parler de chorégraphies, on assiste à une confrontation des styles (boxe et aïkido) sans vraiment tirer parti de leurs qualités respectives. Les faux raccords sont légion et l’issue demeure assez imprévisible, laissant augurer un second round qui ne viendra jamais.

Au final, China Salesman est l’un des plus mauvais films où Steven Seagal y prête son image. Si Clementine conserve la palme, on retrouve cette participation sporadique et fainéante de l’acteur. Après un combat « tonitruant » avec Mike Tyson, on sombre vers le film de propagande au profit du régime chinois. Ils excellent dans tous les domaines et n’hésitent pas à défendre les pauvres populations autochtones face à l’oppression des Occidentaux impérialistes. Au-delà du discours et de la symbolique qui accompagnent pareil message, on assiste à un véritable naufrage cinématographique, même pour un DTV. En ces circonstances, il n’est guère étonnant qu’un tel ratage demeure inédit dans nos contrées.
Note : 02/20
Par Dante
