décembre 13, 2024

Clementine

De : Kim Du-Yeong

Avec Steven Seagal, Dong-Jun Lee, Seo-Woo Eun, Ju-Bong Ji

Année : 2004

Pays : Corée du Sud, Etats-Unis

Genre : Action, Drame

Résumé :

Kim, champion de Taekwondo décide d’arrêter sa carrière pour prendre soin de sa fille, Sa Rang qui se fait kidnapper. Pour la récupérer, il doit se livrer à un combat.

Avis :

Si l’on peut regretter la qualité déplorable de certaines productions fauchées, il est une frange du cinéma peu scrupuleuse qui, non contente de se complaire dans la médiocrité, se révèle mensongère. Sans être systématique, il peut s’agir de l’histoire elle-même ou du contenu surestimé de la bobine avec critiques promotionnelles anonymes et obscures nominations à l’appui. Une pratique récurrente consiste aussi à avancer un patronyme, potentiellement vendeur, dans le but d’en tirer un quelconque bénéfice commercial. Parfois, cet intervenant n’occupe qu’un rôle mineur, comme c’est le cas de Steven Seagal dans Clementine, et ce, en dépit de son ostensible présence sur l’affiche.

Le subterfuge est similaire à Bodyguard avec Tony Jaa. En l’occurrence, le principal intéressé fait un rapide caméo. Dans le meilleur des cas, il dispose d’une ou deux séquences pour contenter le spectateur. Avec Clementine, Steven Seagal apparaît deux secondes en début de métrage, se distingue difficilement sur une vidéo en milieu de parcours et s’invite cinq minutes pour conclure cet imbroglio cinématographique. Il soupire avant de lancer une expression de bovidé et quelques lignes de dialogue écrites avec les pieds. Puis on s’éclipse et on encaisse le chèque avec un minimum d’effort. Ce postulat délaisse la très mauvaise impression de s’être fait flouer et d’appréhender le film pour ce qu’il n’est pas.

Avancé comme une production d’action, Clementine n’en a que les apparats. Les combats clandestins sont un autre subterfuge pour tromper le chaland sur la marchandise. D’ailleurs, on en oublie rapidement cet aspect tant l’intrigue nous oriente dans des considérations aux antipodes. C’est bien simple, on s’enfonce dans un drame qui confère surtout à la perplexité, car l’ensemble n’est guère convaincant. Dans de telles conditions, il est toujours facile de s’attarder sur un doublage aussi raté qu’amusant. Les intonations sonnent faux, tandis que les réparties ne laissent guère de marge de manœuvre pour se dépêtrer de situations ridicules, voire stupides.

Ça s’insulte, ça se réconcilie, ça s’engueule à tout-va… On demeure interloqué par ces changements d’humeur inopinés sans la moindre vraisemblance. Rarement une production de cet acabit a pu faire preuve d’un pathos aussi exécrable. Avec des morceaux de violon larmoyant, la bande-son est irritante au possible et accentue les défauts constatés jusqu’alors. Mention spéciale à la reprise d’« Oh My Darling », transformée pour l’occasion en « Oh My Clementine » alors que l’enfant se prénomme Sarang. Cherchez l’erreur… Mais ce n’est rien sans ces leçons de morale à la une naïveté confondante. Ladite Sarang se targue même d’un épilogue alarmant sur l’abandon familial, le manque d’argent et la tristesse qu’elle ressent face à ce « monde méchant ».

Comme si cela n’était pas suffisant, on alterne dans différents registres, sans qu’aucune cohésion ne vienne rattraper le tout. On songe à ces tripots où se déroulent les jeux clandestins, ces combats illégaux, le démantèlement d’un trafic de faux monnayeurs, voire l’évocation de la prostitution infantile. À cela s’ajoute l’alcoolisme latent du père, sa personnalité colérique, d’éventuels démêlés judiciaires à venir sur la garde de son enfant et son incompatibilité d’humeur avec sa hiérarchie. Remuez le tout et éparpillez toutes ces peccadilles sans consistance aux quatre coins de l’histoire pour obtenir un scénario informe, indigeste et improbable.

Au final, Clementine fait partie des pires incursions imaginables en matière de cinéma d’action. Le film dégouline de sentiments mielleux, d’une candeur qui confère à la bêtise. Les protagonistes ne cessent de pleurnicher ou de sombrer dans l’auto-apitoiement. Du début à la fin, l’ensemble sonne faux. S’il n’y avait pas ce doublage risible, le propos ne serait guère amusant. Il est affligeant de constater pareille tare cinématographique où l’on amalgame tout et n’importe quoi avec une absence totale d’intérêt. En considérant la présence fallacieuse de Steven Seagal, on touche le fond en même temps que l’acteur. Il a beau avoir accumulé les navets, Clementine est sans nul doute sa pire itération. En soi, ce n’est pas un mince exploit.

Note : 01/20

Par Dante

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