avril 19, 2024

Manhattan Night

De : Brian DeCubellis

Avec Adrian Brody, Yvonne Strahovski, Jennifer Beals, Campbell Scott

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Policier

Résumé :

Un journaliste expérimenté est contactée par une séduisante jeune femme souhaitant qu’il enquête sur le meurtre de son mari…

Avis :

En 2015, Adrien Brody va tourner dans Dragon Blade, un film chinois porté par la société de production de Jackie Chan. Durant le tournage, les deux hommes deviennent de très bons amis et vont nouer des liens, disons, productifs. En effet, l’année d’après, Brody va mettre en chantier un film policier qui lui tient à cœur, Manhattan Night. C’est alors que Jackie Chan va venir lui filer un petit coup de pouce financier avec sa propre maison de production, alors même qu’il n’est pas dans le dit film. Disponible en France depuis 2018, le film n’a pas eu les honneurs d’une sortie en salle et n’a pu être disponible qu’en VOD, avant que Netflix s’en empare pour son catalogue. Film policier qui se veut sulfureux, hommage aux ambiances noires et jazzy, Manhattan Night déçoit pourtant par son scénario qui n’a ni queue ni tête.

Blacksad

Le film débute avec le personnage principal qui parle en voix off. On le voit arpenter les rues de New York à la recherche d’un scoop pour remplir les pages d’une journal. Empathique et plutôt bienveillant, il est connu pour avoir retrouver une petite fille victime d’un kidnapping, devançant alors la police. Au détour d’une soirée, il rencontre une belle jeune veuve qui va lui demander de rechercher les raisons de la mort de son riche mari, retrouvé dans les décombres d’un immeuble effondré, entouré de jade. Très vite, le journaliste va succomber aux charmes de cette blonde incendiaire, mais il va aussi découvrir un mari étrange et des maîtres chanteurs dans tous les sens. Bref, Manhattan Night est un polar qui lorgne grandement vers les films noirs des années 50, aussi bien dans l’histoire que dans l’ambiance. Malheureusement pour nous, tout ne va pas se passer comme prévu.

Très rapidement, le film va piétiner dans ce qu’il raconte. On se doute bien que cette femme cache quelque chose, ou tout du moins cherche un truc en rapport à son mari. En menant sa petite enquête, en visionnant des tonnes de cartes mémoires laissées par le défunt, le journaliste va découvrir un personnage complexe, étrange et qui s’amusait à faire des blagues assez extrêmes à sa femme. Comme, par exemple, coucher avec quelqu’un d’autre que lui, et filmer ses ébats. Jusque-là, rien de bien neuf, on navigue dans un polar qui tente d’être sulfureux et sexy, mais lorsque l’histoire même du journaliste se mêle intimement avec celle de sa maîtresse, on perd rapidement pied. D’autant plus que plus le film avance, plus les pistes se précisent et plus on va aller vers du n’importe quoi. Le final est d’ailleurs inepte et brise le fragile château de cartes du scénario.

Pluie et mélancolie

Si le scénario est assez inexplicable, et même pardonnable, dans so conclusion, qui déconstruit tout le fil conducteur, le film gagne tout de même quelques galons dans son ambiance. Un peu feutrée, souvent pluvieuse avec une sensation de nihilisme, Manhattan Night arrive à créer une atmosphère particulière dans un New York gris et terne. Le journaliste est assez désenchanté pour renforcer cette ambiance délétère où les personnages qui gravitent autour de lui ne sont pas forcément très agréables. Entre un directeur de journal libidineux, une femme fatale qui le manipule ou encore un réalisateur de cinéma mort mais qui démontre toute sa cruauté dans différentes vidéos, on reste sur une galerie sombre. Le film essaye d’ailleurs de rappeler un peu Night Call avec Jake Gyllenhall, mais sans la maîtrise technique et scénaristique. Le film de DeCubellis garde un aspect très DTV qui ne lui rend pas service.

L’autre aspect intéressant du film demeure dans sa volonté de mettre en avant une sexualité presque débridée. En effet, on va avoir droit à des moments qui se veulent sexy, voire plus, n’hésitant à montrer quelques scènes de sexe. Le passage le plus éloquent reste celui où Yvonne Strahovski donne de sa personne et se fait prendre par Adrian Brody contre un mur. Le film essaye toujours d’aller vers des rapports sexuels conflictuels, entre tromperie, jeux dangereux, ou personnages impuissants qui trouvent une certaine excitation dans diverses façons de faire. Cependant, si on retrouve quelques moments un peu coquins, cela ne sert finalement pas à grand-chose et on pourrait presque croire que le réalisateur a fait cela pour attirer le chaland. D’autant que le film souffre aussi de quelques passages poussifs, se voulant de temps à autre violent, mais ne parvenant jamais à l’être visuellement.

Adrian Broderie

Comme on peut le voir, Manhattan Night souffre d’une comparaison peu flatteuse et il reste un film indolore. Cela est dû à un scénario qui manque cruellement de fond et d’intérêt. L’enquête menée est sympathique, restant d’ailleurs dans une ambiance feutrée et sexy, mais la fin détruit tout. On va alors se rendre compte, à la toute fin, que le film n’a pas réellement de fond. On voit que le métrage tente de critiquer les puissants qui vont chanter les faibles. On voit aussi les manipulations d’une belle femme et que l’adultère peut faire perdre la tête. Mais globalement, ce n’est pas fameux et tout reste en surface. Le film semble refuser d’aller dans le vice et le glauque, alors qu’il y avait matière à faire. C’est le principal reproche que l’on peut faire au film, de ne jamais s’aventurer vers quelque chose de plus brutal.

Au final, Manhattan Night n’est pas un mauvais film en soi. Polar fatigué qui mise tout sur son ambiance qui peut faire écho aux films noirs des années 50, force est de constater que cela ne marche qu’à moitié, la faute à un scénario inepte et une résolution qui n’a pas de sens. Si les comédiens donnent de leur personne (et notamment Yvonne Strahovski qui est divine), on restera sur un film moyen, qui ne marquera pas et auquel il manquera un peu de vice pour vraiment peaufiner son côté sulfureux. N’est pas Friedkin ou Ferrara qui veut…

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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