
Avis :
Alors que la scène Rock et Métal est souvent trustée par des hommes, et des groupes masculins, les femmes commencent à se faire de plus en plus de place. Du moins plus que dans les années 80 qui pouvaient compter sur Pat Benatar ou Blondie, mais ça restait assez discret. Aujourd’hui, on retrouve des chanteuses qui s’imposent dans des groupes de Death (Arch Enemy, Akiavel), ou qui officient pleinement dans un Hard Rock pêchu et inspiré, à l’instar de Thundermother ou Cobra Spell. Venu d’Autriche, Vulvarine est un quartet de femmes qui veulent faire du bruit. D’ailleurs, leur philosophie est la suivante : prends ta guitare et fais du bruit ma fille. Essayant de mélanger de nombreuses influences qui vont du Heavy au Punk, en passant par le Pop-Punk, Vulvarine sort un premier album en 2020, puis un Ep en 2023.
C’est deux ans plus tard que déboule leur deuxième effort studio, Fast Lane. Comme tout groupe féministe qui se respecte, les quatre filles offrent des textes engagés, avec une certaine pointe de cynisme sur notre société et le patriarcat. Forcément, quand on mixe leur son énergique avec des paroles qui pointent du doigt des maux de notre société, on a un aspect punk qui est difficile à renier. Pour autant, leur premier morceau n’est pas si « engagé » que cela. The Drugs, the Love and the Pain est un pur morceau Rock qui détient quelques fulgurances Punk qui ne sont pas pour nous déplaire. C’est assez simple, mais le refrain est hyper catchy, on a droit à un break en mid-tempo plutôt cool, puis le rythme reprend avec un solo endiablé. Bref, pour une entrée en matière, les filles offrent une petite démonstration.
En abordant Ancient Soul, on va voir que le groupe essaye de fournir quelque chose de différent. Le rythme est plus contenu, c’est moins rapide, mais on reste sur un Hard Rock inspirant, qui ne laisse aucun doute planer que les qualités techniques de la formation. C’est bien fichu, le refrain rentre immédiatement en tête, et on aura même un petit solo qualitatif. On sent qu’ici, les filles ont voulu faire quelque chose de plus profond dans l’ambiance, et ça fonctionne parfaitement. Heads Held High sera un peu en dessous du reste. Ce n’est pas mauvais, loin de là, mais c’est peut-être un peu trop classique pour vraiment marquer. Là, on marche sur des sentiers connus, et hormis un songwriting plaisant, on reste dans du convenu et du connu. Mais force est de constater que le refrain est quand même très bon.

C’est un peu la même tambouille avec Demons. Le morceau est un peu plus long, il est plus travaillé sur sa structure, mais il demeure trop timide dans son temp, et dans son envie d’en découdre. Même le refrain n’est pas aussi impactant que les autres titres. Alright Tonight embrasse un Hard à la Pretty Reckless, mais sans arriver à avoir quelque chose d’aussi massif dans la production. C’est très bien, mais ça manque peut-être d’épaisseur dans le son et d’un changement de rythme au sein même du morceau, qui demeure un peu trop plan-plan. Equal, not the Same est un peu plus Punk dans l’âme et va permettre au groupe de remonter la pente après un léger ventre mou. Le titre est plaisant, presque dansant, et au niveau des grattes, c’est vraiment très bon. Et puis le refrain est encore une belle réussite.
Fool est l’un des morceaux les plus courts de l’album, et c’est peut-être le plus réussi, avec des faux airs de Royal Blood. La rythmique est excellente, la mélodie rentre immédiatement en tête, et l’ensemble fonctionne à plein régime. D’ailleurs, c’est presque dommage que ce soit aussi court. Puis Polly the Trucker va définitivement montrer que Vulvarine est un groupe à suivre de très près. Le morceau est nerveux, plein de variations, et le refrain est ultra fédérateur. Bref, c’est une belle réussite. Dark Red continue sur ce bon chemin, avec un titre enjoué, engagé et plein de vivacité. Et on sera aussi surpris par le morceau suivant, Cheri Cheri Lady, une reprise de Modern Talking, qui fonctionne à plein régime, avec un côté Punk qui lui va à ravir. Enfin, le groupe clôture son album avec She’ll Come Around, une outro en acoustique très intéressante.
Au final, Fast Lane, le dernier album en date de Vulvarine, est une belle réussite, même si on peut lui reprocher un petit ventre mou, avec une paire de titres un peu moins réussis que les autres. On est dans un registre qui bouge bien, avec des textes engagés, et les quatre filles font étalage d’un savoir-faire très intéressant, qui leur promet un bel avenir. Bref, les amateurs de Rock et de Punk devraient certainement y trouver leur compte.
- The Drugs, the Love and the Pain
- Ancient Soul
- Heads Held High
- Demons
- Alright Tonight
- Equal, Not the Same
- Fool
- Polly the Trucker
- Dark Red
- Cheri Cheri Lady feat Filippa Nässil
- She’ll Come Around
Note : 15/20
Par AqME