avril 28, 2024

Ministry – Moral Hygiene

Avis :

Fondé au début des années 80 comme un groupe de New Wave/Synthpop, Ministry va radicalement changer son fusil d’épaule à la fin de cette même décennie pour embrasser pleinement ce qui deviendra le Métal Industriel (ou Indus pour les fainéants). Considéré aujourd’hui comme le premier groupe d’Indus, Ministry ne possède plus qu’un seul membre d’origine, son père fondateur, Al Jourgensen. Et l’américain possède un sacré rythme de production, avec un album tous les trois ans, même s’il faut noter un petit hiatus dans les années 2000. Moral Hygiene est le quatorzième effort studio de Ministry, et c’est celui qui accueille le nouveau bassiste, Paul d’Amour, qui était tout de même le premier bassiste de Tool, ce qui n’est pas rien. Mais le plus important avec cet album, c’est finalement la place qu’il a dans la discographie du groupe, arrivant juste après Amerikkkant.

Et c’est important car en 2018, Amerikkkant était une amère déception, un album qui n’avait rien de bien à raconter, et qui, malgré des thèmes importants comme le racisme, ne parvenait pas à redresser le niveau d’un groupe qui sentait un peu le renfermé. Que l’on se rassure alors, Moral Hygiene sera bien au-dessus, voire même meilleur que From Beer to Eternity. Le skeud débute avec Alert Level, et dès le début, on sait que l’on est dans du Ministry. Les sonorités Indus sont rapidement reconnaissables, et la batterie et la basse vont arriver avec fracas. La gratte use alors un gros riff pour nous plonger dans une ambiance complètement Indus qui donne rapidement envie de bouger la nuque dans tous les sens. Al Jourgensen utilise, comme à son habitude, des modulateurs vocaux afin d’enfoncer un peu plus le clou dans l’Indus. Mais ça reste très bien fichu.

On est sur une grosse entrée en matière, qui dépasse les six minutes, et qui fait plaisir à entendre. Si, bien évidemment, ça reste assez téléphoné et dans ce que fait Ministry depuis des années, nous avions été tellement déçus par l’opus précédent que finalement, on prend un plaisir monstre avec un tel titre. Good Trouble ressasse un peu la même recette, avec des sonorités très riches, mais une rythmique qui donne envie de bouger. Ceci étant, malgré son aspect un peu Punk, on reste dans quelque chose de classique et qui ne sort pas des sentiers battus. Pour cela, il faudra attendre Sabotage is Sex. Là, Al Jourgensen et ses musiciens balancent un gros son qui tâche et qui file une patate d’enfer. Difficile de ne pas headbanger devant ce gros morceau qui fait bien plaisir. La ferveur semble être revenue et c’est tant mieux.

Une énergie qui continue avec Disinformation, où la basse claque fort et les textes sont très intéressants, évoquant les fakes news et la désinformation (oui, c’est dans le titre). Mais là encore, Ministry profite de ses guitaristes pour fournir un gros riff percutant qui va déménager sur scène. Puis on va se prendre une jolie mandale avec la reprise de Search and Destroy d’Iggy Pop. Montant crescendo, le titre est bien amené, et force est de reconnaître que le texte fonctionne parfaitement avec l’image du groupe. Une reprise qui a du sens et rentre parfaitement dans la continuité de l’album. Par la suite, on va retrouver tout ce qui fait l’univers de Ministry. Believe Me s’amuse avec son refrain et sa mélodie entêtante, jusqu’à parfois ressembler à du Rob Zombie. Mais comme c’est bien fichu et bien mieux que ce que le groupe nous a fourni auparavant, on est tolérant.

Broken System va pousser le bouchon encore plus loin. Ici, la voix noyée de Jourgensen et les mélodies arabisantes offrent un titre éthéré et étrange, qui allie cela à un riff très Country pour un résultat détonant et finalement presque agréable. On restera plus circonspect sur We Shall Resist qui pourrait presque apparaître comme un long interlude de plus de quatre minutes. Une expérience sonore qui reste difficile à cerner et qui pourrait, à la rigueur, faire office d’entrée sur scène. Death Toll sera du même acabit, tenant plus lieu d’expérience sonore que de véritable morceau. Enfin, Tv Show #6 est un remix nerveux et virulent qui fait appel à une double-pédale très prégnante. Le résultat est zinzin, voire impossible à refaire sur scène, mais il permet de conclure sur une note fracassante, donnant envie de se replonger dans ce délire.

Au final, Moral Hygiene, le quatorzième album de Ministry, redresse la barre pour le groupe, qui fait bien mieux que son précédent opus. Certes, on reste dans du Métal Indus très particulier qui ressemble à un gros fourre-tout bordélique, mais c’est toujours mieux que certaines expériences que nous a offert Al Jourgensen par le passé. Sans être un monument, ce mélange entre délires électros et gros métal qui tâche se fait plutôt marrant et plaisant, et ce n’est sans doute pas plus mal.

  • Alert Level
  • Good trouble
  • Sabotage is Sex
  • Disinformation
  • Search and Destroy
  • Believe Me
  • Broken System
  • We Shall Resist
  • Death Toll
  • Tv Song #6 (Right Around the Corner Mix)

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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