avril 28, 2024

Sulfures – Caca dans les Bois

Titre Original : Don’t Let Him In

De : Kelly Smith

Avec Sophie Linfield, Gordon Alexander, Jason Carter, Sam Hazeldine

Année : 2011

Pays : Angleterre

Genre : Horreur

Résumé :

Désireux de passer un week-end à la campagne, deux couples apprennent qu’un serial killer sévit dans la région. Ce dernier, surnommé le chirurgien des arbres, tue ses victimes selon un rituel très précis et suspend des parties de leur cadavre aux arbres en guise d’offrande.

Un soir, un individu à moitié mort débarque chez les quatre vacanciers. Il dit s’appeler Shawn et avoir été attaqué par le tueur en série.

Avis :

On ne va pas se mentir, si le cinéma d’horreur peut être un immense vivier de talents et de films expérimentaux géniaux, il peut aussi être un vaste bourbier dans lequel s’enlise des pseudos réalisateurs en devenir. Mais c’est normal, puisqu’il s’agit du genre le plus produit, et par lequel il y a le moins de restriction. De ce fait, même sur le marché du DTV, on se retrouve avec des films qui ont tous les atours du film amateur, et qui pourtant se retrouvent au milieu de longs-métrages plus méritants, ou tout du moins plus professionnels. Prenons alors Sulfures en exemple. Seul et unique long-métrage de Kelly Smith, le film nous raconte comment des vacances à la campagne vont tourner au cauchemar pour quatre clampins. D’une nullité abyssale, le film pointe tout ce qu’il ne faut pas faire dans un film d’horreur, même à tout petit budget.

En premier lieu, prenons le scénario. On nous présente rapidement un couple aimant qui s’apprête à partir en vacances dans leur maison de campagne, afin de profiter du calme et de la pêche. Ce couple amène avec lui la sœur du mari, ainsi que son nouveau copain, un type taiseux et bougon qui semble être un gros connard. En arrivant sur place, les quatre personnes font la rencontre d’une gitane qui vit dans les bois (mais qui s’habille quand même chez Zara), ainsi que d’un autostoppeur qu’ils délaissent sur le bord de la route. Un flic vient alors à leur rencontre pour leur dire de faire gaffe, un tueur en série rôde dans le coin. Et là, le film va partir en eau de boudin, notamment à cause du petit copain antipathique, et de l’autostoppeur qui arrive blessé dans la baraque.

« Sulfures ne bénéficie pas d’une bonne mise en scène. »

Tous les éléments s’enchainent pour nous faire croire que le grand méchant, c’est le petit copain de la sœur. Sauf que c’est impossible, puisqu’il n’était pas dans les bois avant de venir passer ce petit weekend bucolique. De ce fait, il va être impossible de nous perdre dans l’écriture maladroite d’un scénario qui n’a rien à raconter. L’unique se dévoile sur le tard, après de longs moments de vide où la réalisatrice essaye tant bien que mal de faire vivre un minimum de tension, avec des jumpscares ridicules, et une ambiance britannique qui oscille entre nuit américaine et fog tout timide. On s’ennuie ferme. Les personnages ne sont pas intéressants, et dans le fond, il n’y a rien à gratter, pas même un petit thème écologique ou autre. Certes, c’est un premier film, mais encore faut-il avoir quelque chose à raconter pour accrocher son spectateur.

Outre cette histoire à laquelle on n’accorde plus aucune importance, Sulfures ne bénéficie pas d’une bonne mise en scène. Dès le départ, les cadres sont catastrophiques, avec cette vilaine impression d’assister à un film amateur, tourné avec une vieille caméra. En plus d’être moche à regarder, le film accumule des effets ridicules, à l’image de cette virée nocturne proche des bois, avec un filtre bleu d’une rare laideur. Ajoutons à cela une photographie inexistante, même lorsqu’il faut mettre en avant un peu d’horreur graphique. Mettre des aplats de rouge et d’orange ne suffit pas à rendre un endroit un peu glauque. Et même si le budget est faible, il y a toujours des astuces à trouver, avec du hors-champ, un travail sur le son, ou encore avoir des acteurs efficaces sur le plateau. Car là aussi, ça ne va pas être la panacée.

« Il ne reste pas grand-chose à sauver de Sulfures. »

Bon, il suffit de regarder rapidement ce que sont devenus tous les acteurs du film, et c’est le chaos le plus total. Sophie Linfield, qui joue la final girl, a tourné dans quelques trucs jusqu’en 2015, puis c’est le silence total. Pourtant, elle reste la plus crédible de tous dans ce film. Gordon Alexander, qui joue le boyfriend imbuvable, aura une carrière un peu plus étoffée, mais dans des rôles tertiaires de chauffeur de taxi ou de militaires. Pas étonnant, dans Sulfures, il est catastrophique. Mais la pire dans tout ça reste Gemma Harvey, la sœur, qui accuse le coup d’un personnage idiot, et qui surjoue sur toutes les émotions. On vit un véritable calvaire à ses côtés. Reste alors Sam Hazeldine, qui joue le grand méchant et qui demeure acceptable, même si son personnage est d’une banalité affligeante, voire parfois ridicule.

Alors oui, il ne reste pas grand-chose à sauver de Sulfures. On aurait pu croire à un film un peu gore, et c’est seulement là-dessus que le film arrive à un peu exister. Il y a un effort de fait pour rendre l’ensemble un peu dégueulasse, mais consciente de son budget, la réalisatrice bouge énormément sa caméra pour masquer des effets spéciaux qui ne sont pas à la hauteur. Point de CGI, hormis pour les gerbes de sang, mais sur les corps découpés, on reste sur une vision furtive, qui évite de voir le latex. La séquence finale, qui se veut sale, possède quelques arguments, mais sa finalité est, comme le reste, ridicule. On nous propose un peu de gore et du nihilisme, mais ça reste complètement anodin, et vu la force des personnages, on s’en branle un peu, ne ressentant aucune empathie pour qui que ce soit.

Au final, Sulfures est un très mauvais film d’horreur qui n’a rien à dire et rien à raconter. Baignant dans une mise en scène amatrice, porté par des acteurs qui ne savent pas jouer et possédant un scénario d’une stupidité crasse (un homme tue car un arbre lui parle… vraiment !), il est évident que l’accueil très froid qui fut réservé à Sulfures est amplement mérité, et il n’est point étonnant de voir que depuis, Kelly Smith n’a plus touché une seule caméra…

Note : 02/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.