mai 2, 2024

Garbage – No Gods No Masters

Avis :

Fondé en 1993, Garbage ne devait être, à la base qu’un délire entre producteurs avides de musique Rock et une chanteuse découverte via une émission de télévision. Cependant, après quelques bidouillages, le premier album va être un gros succès, laissant le champ libre pour devenir un vrai groupe. En 1998, avec Version 2.0, Garbage devient une formation connue et reconnue et délivre des titres cultes comme I Think I’m Paranoid, ou encore Stupid Girl. S’essayant souvent à de nouveaux genres à chaque album, n’ayant pas peur de secouer un peu les fans, Garbage va continuer à fournir des albums de façon plus ou moins régulière, et cela malgré une période de transition entre 2002 et 2009. Cinq ans après Strange Little Birds, les américains proposent alors No Gods No Masters, qui revient à un son plus sombre, avec en prime des sujets qui le sont tout autant.

En atteste le premier titre, The Men Who Ruled the World, qui est un gros pamphlet contre le patriarcat et le fait que les femmes qui gravitent autour de ces hommes sont considérées comme des putes. Les sonorités sont assez sombres, avec un bon riff lors du refrain, et une certaine lourdeur, même lors des nappes un peu plus électros. The Creeps va continuer sur un sujet brûlant, tout en arpentant une rythmique plus rapide et une certaine noirceur. Il s’échappe de la mélodie quelque chose d’assez Dark et c’est assez difficile à décrire, mais Garbage trouve la bonne recette pour nous marquer et cela malgré des fulgurances électros dont on peut aisément se passer. Ici, il y a une sorte d’osmose qui fonctionne et force est de constater que le groupe est relativement inspiré, en plus de prendre des risques avec des sujets épineux.

Uncomfortably Me va aller vers un autre registre, délaissant les grattes pour plonger vers une Pop dépressive, mais relativement intéressante. Le groupe joue sur deux ambiances différentes, avec d’un côté un refrain presque joyeux, mais avec des couplets plus sombres. Le mélange est osé, mais il marche bien, et même si l’on n’est pas avide d’arrangements électros, ici, c’est bien fichu. Puis Wolves va venir nous mettre une petite tarte derrière la tête. Outre sa mélodie qui fonctionne pleinement et devient presque envoûtante, on retiendra surtout des paroles pleines de sens, qui tournent autour d’un amour perdu, mais surtout qui sous-entend des violences conjugales. C’est assez malin dans l’écriture, mais aussi dans la structure même du titre. Puis avec Waiting for God, le groupe joue la carte des croyances et autres religions, ne lésinant pas sur les mots durs pour bien montrer que Dieu n’existe pas.

En faisant un titre très calme, chaque mot est bien appuyé et trouve une réelle résonance. Encore une fois, si ça manque d’un peu plus d’agressivité, le fond est important et puissant. Godhead va aller vers plus d’électro tout en gardant un bon riff de guitare, mais le plus important réside bien entendu dans les paroles, où le groupe dénonce le patriarcat et le fait que d’avoir une bite semble donner plus de droits qu’à une femme. Un joli pamphlet qui ne mâche pas ses mots, et qui trouve une ambiance bien noire pour souligner tout cela. Anonymous XXX nous laissera un peu plus sur le carreau. Le coup de la guitare sèche qui intervient dans un milieu festif fait de cuivres et de nappes de clavier manque de finesse et d’intérêt. Le groupe fournit un morceau assez faiblard, qui détient tout de même une belle ligne de basse.

On savait que le groupe pouvait avoir un aspect très cinégique (rappelons que le groupe a participé à un générique de James Bond), et il le prouve ici avec A Woman Destroyed. Le titre est très lent, il ne décolle jamais, et narre une histoire ignoble autour d’un viol et d’une féminicide. C’est très bien écrit, c’est glauque à souhait, mais ça sent tout de même un peu trop l’expérimentation musicale, et pas sûr que cela soit défendable sur scène. Néanmoins, le titre reste important pour ce qu’il raconte. Le groupe contrebalance tout cela avec Flipping the Bird, un morceau relativement joyeux dans sa mélodie, mais qui, du coup, marque moins et manque d’éléments percutants. No Gods No Masters nous réveillera tout de même, malgré, là aussi, un aspect presque jovial qui en ressort. Enfin, This City Will Kill You clôture l’album à la manière d’un générique de fin.

Au final, No Gods No Masters, le dernier album en date de Garbage, est plutôt réussi et réunit bien des éléments accrocheurs pour nous interpeller. En se faisant plus engagé et plus mordant dans ses sujets de chanson, le groupe trouve un joli équilibre avec des mélodies plutôt sombres, où oscillent guitares et électros pour trouve des sonorités originales. Alors certes, c’est parfois déroutant, mais l’ensemble fonctionne bien, même si on aurait aimé plus de rancœur et d’agressivité.

  • The Men Who Ruled the World
  • The Creeps
  • Uncomfortably Me
  • Wolves
  • Waiting for God
  • Godhead
  • Anonymous XXX
  • A Woman Destroyed
  • Flipping the Bird
  • No Gods No Masters
  • This City Will Kill You

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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