décembre 9, 2024

Enthroned – Cold Black Suns

Avis :

Il arrive que parfois, dans le monde de la musique, des groupes sans aucun membre d’origine continuent de tourner et de sortir des albums studio. C’est un peu le cas des belges de chez Enthroned. Groupe de Black fondé dans les années 90, les choses vont très vite aller pour le mieux pour la formation. Néanmoins, entre de nombreux départs et le suicide du batteur, la vie du groupe ne tient qu’à un fil, et aujourd’hui, seul le guitariste (et chanteur depuis 2007) arrivé deux ans après celui d’origine, fait partie du groupe. Un choix volontaire et qui, visiblement, ne semble pas gêner les anciens membres. Cold Black Suns est donc le dernier né du groupe qui annonce l’arrivée d’un nouveau bassiste, mais aussi le retour d’un ancien guitariste. Bref, malgré des aspects sombres, la vie du groupe semble repartir vers l’avant.

Très clairement, même si la joie de continuer à jouer doit se faire sentir au sein de la formation, ce n’est pas pour autant que l’album sera lumineux. On baigne dans un Black pur jus, et on n’est pas là pour rigoler. Ophiusa pose les bases d’un matériau lugubre et qui ne fait pas dans la dentelle. Certes, on reste dans une longue introduction instrumentale, mais les riffs arrivent et ne laissent aucun doute sur la volonté des belges de taper très fort, et de nous faire vivre un enfer. Surgit alors Hosanna Satana, un court titre de deux minutes, qui va nous mettre K.O. direct. Le chanteur beugle à tout va, le batteur blaste comme un malade, et question mélodie, il ne faudra pas chercher bien loin. Il s’agit en fait d’une sorte de réponse à une introduction langoureuse et lente.

Ici, on en prend plein la tartine, et seule la rupture viendra planter quelques éléments radieux. Pour autant, on est sur une plage de deux minutes, qui n’est pas là pour présenter une ambiance recherchée. Oneiros et ses six minutes seront plus de cet acabit. Démarrant de manière lente et insidieuse, c’est petit à petit que les éléments Black vont se mettre en place. La construction est évidemment complexe, avec des passages virulents, et d’autres plus aériens, où une chappe de plomb s’abat sur nous. Le groupe, depuis sa grande expérience, maîtrise parfaitement tous les éléments, et sait exactement où il va. C’est la même chose avec Vapula Omega qui rentre parfaitement dans le moule du Black classique, prônant des blasts tonitruants et des moments plus doux, avec une atmosphère morbide et nihiliste.

Bien évidemment, il n’est pas question ici de mettre en avant des « hits » en puissance, et le groupe préfère largement soit nous casser la gueule avec des titres courts et violents, soit nous emporter dans des univers sales et mortifères. Silent Redemption fait partie de la deuxième catégorie, avec un début assez calme, mais une montée crescendo vers des moments virulents, qui ne laissent aucun répit. Aghoria viendra se glisser au milieu de tout ça comme une sorte d’interlude répétitif, à la limite du Drone. Ici, les riffs sont sur-saturés et on aura une litanie pour toutes paroles. Cela fait clairement très « paganiste » mais l’ensemble est rondement mené et on n’imagine bien cela dans un film comme Midsommar. Beyond Humane Greed reviendra alors vers un Black plus simple, où toutes les cases sont cochées.

Pour bien nous terminer, Enthroned va enclencher avec deux derniers morceaux d’une grande puissance. Smoking Mirror, du haut de ses sept minutes, viendra nous faire passer par tous les états, avec du blast, des riffs tonitruants, et un chant hurlé qui ne laisse aucune seconde de répit. Le titre nous met à l’amande et démontre toute la maîtrise technique du groupe. Seul problème, il est un poil trop long et peine parfois à s’imposer. Ce qui ne sera pas le cas de Son of Man qui, durant près de neuf minutes, viendra titiller nos esgourdes en s’éloignant par moment d’un Black trop traditionnel. Le groupe joue à fond la carte de l’inclusion et tente de convaincre un public plus large. Et le mieux dans tout ça, c’est que ça marche à fond. On reste suspendu à ce titre qui reste le meilleur de l’album, permettant une conclusion de toute beauté.

Au final, Cold Black Suns, le dernier effort d’Enthroned, est un album très intéressant sur son fond et plutôt plaisant. Les amoureux de Black seront ravis et les autres découvriront une formation qui a plus d’un atout dans sa poche. Les deux derniers morceaux mettront d’ailleurs tout le monde d’accord quant à la qualité intrinsèque de cet effort. Il est juste dommage que parfois, la violence prenne le pas sur la mélodie, et même si c’est rare, on sort un peu de l’ambiance et c’est triste.

  • Ophiusa
  • Hosanna Satana
  • Oneiros
  • Vapula Omega
  • Silent Redemption
  • Aghoria
  • Beyond Humane Greed
  • Smoking Mirror
  • Son of Man

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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