avril 26, 2024

The Beach House

De : Jeffrey A. Brown

Avec Liana Liberato, Noah le Gros, Jake Weber, Maryanne Nagel

Année : 2020

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

Randall et Emily passent un week-end dans une maison sur la plage mais découvrent que le père de Randall l’a également prêtée à un couple plus âgé. Ce soir-là, Emily évoque avec passion l’astrobiologie et la capacité – ou non – des organismes à s’adapter à des milieux hostiles. Des paroles prophétiques au regard des changements radicaux qui se produisent à l’extérieur.

Avis :

Au regard du contexte actuel, mais aussi de notre mode de vie, il est parfaitement légitime de s’interroger sur l’impermanence de notre existence et, plus spécifiquement, du devenir de l’humanité. Au fil des générations, ce type de préoccupations s’est exposé sous différents apparats. On songe aux films de morts-vivants, aux invasions extraterrestres ou encore à une potentielle rébellion de la nature. En l’occurrence, le premier métrage de Jeffrey A. Brown s’avance comme une synthèse des deux derniers sujets. Un mélange intrigant, à la lisière de L’Invasion des profanateurs de sépulture, The Quatermass Xperiment et The Bay.

En raison d’un budget restreint ou d’une volonté artistique consciente, The Beach House s’inaugure par un traitement particulièrement lénifiant. Cela se confirme dès l’exposition des évènements et des protagonistes avec une mise en contexte très lente. Cela tient à cette propension à fixer la caméra sur un plan immobile ou à étendre des silences ou des échanges contemplatifs plus que de rigueur. De prime abord, cette approche suggère un remplissage de circonstances pour combler les carences narratives et étirer le potentiel du long-métrage sur près de 90 minutes. On note alors différents subterfuges pour respecter cette contrainte du cahier des charges de la production.

À ce titre, la première demi-heure s’avère laborieuse. Ce n’est pas un mal d’instaurer une atmosphère ou de développer la caractérisation. En revanche, la staticité des séquences ou la vacuité des échanges concourent à une interprétation nuancée, sinon perplexe, quant à la teneur des évènements. Il est difficile de dissocier le présent métrage d’un traitement d’auteur, avec les errances rythmiques que cela implique. Cela vaut pour ces conversations creuses sur la notion de couple, le sens de l’existence ou la compréhension de la vie sous un angle purement biologique. L’approche reste pragmatique, objective et, cependant, froide. Un peu comme si le récit s’observait sous le prisme d’un microscope.

Au sortir de ces considérations, on peut néanmoins s’attarder sur une mise en scène travaillée, à tout le moins soignée d’un point de vue symbolique. On songe à ces transitions bien amenées pour suggérer le mystère et la menace latente. Cela vaut également pour cette progression insidieuse. À bien des égards, l’atmosphère et le propos évoquent La Couleur tombée du ciel. En cela, The Beach House n’est pas sans rappeler l’adaptation éponyme de Richard Stanley et d’autres itérations cinématographiques de l’œuvre d’H.P. Lovecraft, comme Cthulhu. Eu égard à cette lente évolution, presque inerte, ou à cette ambiance ineffable qui augure d’un péril implacable, sinon innommable.

En ce sens, la seconde partie de l’histoire interpelle davantage, si tant est qu’elle ne soit pas parvenue à perdre de vue une frange des spectateurs. On songe à cette incursion nocturne teintée d’onirisme et d’émerveillement ou encore à ces manifestations (sur)naturelles où le brouillard traduit une menace palpable. On s’ancre autant dans le thriller paranoïaque que dans le récit pandémique. À défaut d’adopter un sens du rythme correct, le cinéaste développe une progression insidieuse et inéluctable. Il ne s’agit pas tant de se prémunir du danger que d’en comprendre sa nature. Cela vaut pour ces pans de brume et cette métamorphose guère ragoûtante du métabolisme humain. Et cela ne tient pas uniquement à la cécité…

Au final, The Beach House est un film intrigant. Suggérant une apocalypse provoquée par le réchauffement climatique, le métrage de Jeffrey A. Brown partage. On peut regretter une première partie à l’exposition froide. Dernièrement, on a pu constater pareil traitement avec Sea Fever ou The Boat. La suite des évènements pose une ambiance empreinte de considérations contradictoires ; à la fois merveilleuses et terribles. Toujours dans la retenue, l’aspect survivaliste joue sur l’hébétude et l’incompréhension de la situation que sur la confrontation au danger ; imperceptible, au demeurant. Il en ressort un film perfectible, mais qui ne manque pas d’allant quant à la teneur sous-jacente d’une telle manifestation de l’écosystème.

Note : 11/20

Par Dante

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