mai 7, 2024

Shogun

D’Après une Idée de : Justin Marks et Rachel Kondo

Avec Cosmo Jarvis, Anna Sawai, Tadanobu Asano, Hiroyuki Sanada

Pays : Etats-Unis

Nombre d’Episodes : 10

Genre : Historique

Résumé :

En 1600 au Japon, à l’aube d’une guerre civile qui marquera le siècle, John Blackthorne, le commandant anglais d’un mystérieux navire abandonné sur la plage d’un village de pêcheurs voisin, est porteur de secrets qui pourraient faire pencher la balance en faveur du seigneur Yoshii Toranaga, engagé dans une lutte à mort contre ses ennemis du Conseil des régents. Ils réduiraient du même coup l’influence des ennemis de Blackthorne, les prêtres jésuites et commerçants portugais. Les destins de Toranaga et Blackthorne seront inextricablement liés à leur traductrice, Toda Mariko, une mystérieuse chrétienne de noble extraction, dernière d’une lignée tombée en disgrâce. Tout en servant son seigneur dans ce paysage politique tendu, Mariko devra concilier sa relation avec Blackthorne, son engagement envers la foi qui l’a sauvée et le devoir d’une fille envers son défunt père.

Avis :

Sortir une série sur le Japon féodal alors que l’on est américain, il fallait en avoir le cran. Et c’est pourtant ce que vont faire Rachel Kondo et Justin Marks en adaptant le roman de James Clavell, Shogun. Sorti en 1975, ce best-seller fait partie de la saga asiatique de l’auteur et prend place en 1600. Déjà adaptée en série dans les années 80, et trois fois en jeux vidéo, c’est aujourd’hui sur Disney+ que l’on trouve cette histoire de commandant anglais qui déboule au Japon et se fait faire prisonnier auprès de Toranaga, un homme haut placé qui semble avoir de grandes ambitions. Vendue comme une série qui concurrencerait Game of Thrones en matière de violence et trame politique, Shogun va s’avérer plus sage, mais aussi plus complexe et plus bavarde.

En effet, si le show ne sera pas renouvelé, il faut s’attendre à dix longs épisodes, dont certains dépassent l’heure, et une fin qui laisse un peu sur le carreau. D’un autre côté, les showrunners sont honnêtes en affichant clairement leur position, à savoir une adaptation fidèle qui s’arrête là où le roman se termine. Bref, tout ça pour dire qu’il ne faut pas s’attendre à un final clair et net, mais plutôt à une fin ouverte qui laisse imaginer les pensées et ambitions d’un homme qui hante toute la série sans bouger le moindre petit doigt. Un homme parfaitement tenu par Hiroyuki Sanada qui émerveille de par son charisme naturel, mais ne fait pas grand-chose dans la série, si ce n’est fomenter des plans pour retrouver une certaine liberté et s’émanciper des autres chefs d’état. Et c’est peut-être là que le bât blesse.

Car si Shogun est vraiment très bien écrit, il s’agit surtout de complots politiques et de stratégies pour éviter le moindre conflit et la perte d’hommes. On se retrouve donc face à dix épisodes qui bavassent beaucoup trop, au point parfois de nous perdre. Car si le premier épisode pose les bases de la politique japonaise de l’époque, et que le deuxième pose le contexte religieux, avec notamment une guerre entre catholiques et protestants, par la suite, chaque épisode aura énormément de « name dropping » et il sera vraiment compliqué de tout comprendre d’un coup, ou encore de se souvenir de qui est qui. Ainsi, regarder les épisodes un à la fois afin de bien digérer et se remémorer les choses avec les résumés est peut-être la meilleure façon de regarder la série. Mais après, chacun ses capacités mentales pour avaler autant de politique et de religion.

Cependant, aussi bien écrit soit la série, elle manque réellement d’action et de moments qui mettent un peu plus la pression sur les personnages. Des personnages empathiques, mais qui ont tous des dimensions tragiques. On pense au commandant anglais protestant, John Blackthorne, qui va tomber amoureux, au point d’abandonner ses ambitions religieuses. Ou encore à Mariko, femme au passé funeste et qui souffre encore de l’héritage de son père. Difficile aussi de ne pas citer Yabushige, la girouette de la série, qui va là où le vent le porte malgré sa bonhommie. Tout ce petit monde est bien sympathique et savamment écrit, mais est rarement mis en danger, si ce n’est pas des traditions archaïques que ne comprend pas vraiment l’anglais. Et les scènes de bataille sont très timides, s’éloignant un peu plus de la promesse faite quant à la comparaison avec Game of Thrones.

Fort heureusement, la série est très bien jouée par ses comédiens, qui se donnent vraiment à fond, mais elle est surtout très bien mise en scène. C’est bien simple, tout est beau, et les retranscriptions dans le Japon féodal sont magnifiques. Shogun est une série qui a les moyens de ses ambitions, avec des costumes sublimes, et des effets spéciaux qui tiennent amplement la route. C’est pour cela que l’on regrette l’absence de véritable bataille, car on ne peut qu’imaginer ce que serait devenue la série avec de grosses séquences d’action. En l’état, il faudra se contenter d’une intervention de ninjas dans l’avant-dernier épisode, d’une Mariko qui se bat à la lance dans le huitième épisode et d’un guet-apens dans le troisième ou quatrième épisode, ce qui fait assez peu. Heureusement, que ces séquences sont bien fichues…

Au final, Shogun est une bonne série, avec une complexité dans l’écriture qui permet de tenir un scénario solide et que l’on arrive à comprendre dans sa finalité. On peut aussi dire que c’est une série qui a les moyens, avec des décors et des costumes splendides, ainsi qu’un casting qui joue très bien. Cependant, on regrette son manque d’action et sa facilité à éviter tous les conflits via la palabre et des manipulations mesquines. Pendant plus de dix heures, on a très peu d’action, et tout se joue autour d’un marigot politique où les mots et les traditions sont plus importants que les passages frontaux (on voulait vraiment voir le ciel pourpre…). Il faut donc savoir où l’on pose ses yeux et on est très loin d’un juste équilibre à la Game of Thrones qui savait doser son action avec son scénario verbeux.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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